Au quinzième siècle, l’alchimie était cultivée dans toute l’étendue du monde chrétien. Le dix-septième siècle vit l’apogée de son triomphe; mais, descendue alors des écrits et du laboratoire des savants dans l’ignorance et l’imagination du vulgaire, elle préparait sa ruine par l'excès de ses folies.
C’est à cette époque que s’opéra la scission favorable qui devait donner naissance à la chimie moderne.
On prétend encore que Nicolas Flamel a pu s’enrichir en s’appropriant les dépôts ou les créances des juifs proscrits. Cette opinion nécessite un court examen. Du vivant de Flamel, les juifs furent persécutés trois fois, c’est-à-dire chassés du royaume, puis rappelés, moyennant finance. Or, en 1540, date de la première persécution, Flamel n’était qu’un garçon de quinze ou seize ans. En 1554, date delà seconde, il commençait à peine son petit établissement d’écrivain public, et personne ne parlait encore de sa fortune. Ce bon« homme, dit Lenglet Dufresnoy, aurait-il été en Espagne chercher des juifs, si lui-même les avait volés et dépouillés « de leurs biens? On pourrait ajouter que si Flamel alla trouver des juifs en Espagne, c’est qu’il était sans doute en mesure de leur rendre bon compte du mandat qu’ils lui auraient confié à leur départ de France.
L’objet de l’alchimie, c’est, comme personne ne l’ignore, la transmutation des métaux ; changer les métaux vils en métaux nobles, faire de l’or ou de l’argent par des moyens artificiels, tel fut le but de cette singulière science qui ne compte pas moins de quinze siècles de durée.