Au point de vue de la science, le matérialisme est tout à fait insoutenable.
Nous sommes composés de deux éléments ou de deux substances, l’une qui pense, l’autre qui ne pense pas. Cette vérité est évidente par elle-même,
car la pensée est un fait, un fait certain en soi. D’un autre côté, il est tout aussi évident que, en leur qualité de substance purement matérielle, le corps, c’est-à-dire le bras, la barbe, l’ongle, ne pensent pas. Voici maintenant la preuve scientifique que le principe immatériel, c’est-à-dire l’intelligence, la pensée, ou l’âme qui résume toutes ces puissances immatérielles, est doué de l’immortalité.
Combien ici-bas l’amour est aveugle et intéressé! Combien notre amitié est étroite et égoïste ! Quelle peine n’a-t-elle pas à s’étendre, à s’élargir, à embrasser la totalité du genre humain ! Pourquoi a-t-elle tant de difficulté à s’élever jusqu’au sublime auteur des mondes? Pourquoi n’aimons-nous pas Dieu comme nous -aimons nos proches? Il en sera tout autrement dans les sphères supérieures. Notre faculté d’aimer, embarrassée aujourd’hui dans les liens de la chair, sera dépouillée de tout attrait sensuel. Le désir charnel ne sera plus l’escorte obligée de l’amour, qui sera affranchi de tout entraînement physique, délivré de tout alliage impur. L’homme ressuscité en gloire aimera celle qui fut sa femme comme il aime aujourd’hui son fils, ses frères et ses amis. Les sens ne dégraderont plus ses affections. Ije bonheur que lui fera ressentir ce sentiment épuré, retrempé à des sources nouvelles, suffira à remplir, à combler son âme.
Presque tous les penseurs ont déclaré insoluble le problème de la vie future. Ils ont prétendu que l’esprit humain? n’a pas la puissance de percer un mystère aussi profond, et qu’en pareille matière il n’y a qu’à s’abstenir. Par insouciance ou par conviction, la plupart des hommes raisonnent de cette manière. D’ailleurs, quand on se hasarde à envisager un peu de près cette question redoutable, on se trouve tout de suite environné de si épaisses ténèbres, qu’on ne se sent pas le courage de pousser l’examen plus loin. C’est ainsi que chacun est amené a se détourner de toute pensée sur la vie future.
Je peux me tromper, je peux prendre pour des vues sérieuses les rêves de mon imagination, je peux m’égarer dans le ténébreux domaine que j’essaye de parcourir à tâtons ; mais j’écris avec une sincérité absolue, et là est mon excuse. J'espère d’ailleurs que mon exemple entraînera d’autres écrivains à tenter le même effort, c’est-à-dire à appliquer les sciences exactes à l’étude de la grande question des destinées de l’homme après cette vie. Un concours de travaux entrepris dans cette voie serait le plus grand service rendu à la philosophie naturelle, comme aux progrès de l’humanité.