AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782850254031
220 pages
Fernand Hazan (30/11/-1)
5/5   2 notes
Résumé :
Leurs tableaux font scandale au Salon d'Automne de 1905. La critique s' indigne de ce "pot de peinture jeté à la figure du public" ! Les fauteurs de trouble s' appellent Matisse, Marquet, Derain, Vlaminck... En l'espace de quatre ans seulement (de 1904 à 1907), ceux qu'on appelle désormais les "fauves" vont sortir la peinture de l 'orbite impressionniste pour ouvrir la voie au cubisme, à l'abstraction, à l'expressionnisme, au futurisme.

Bernard Zürc... >Voir plus
Que lire après Les FauvesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (0) Ajouter une critique
Au tout début du XXe siècle les Fauves réinventèrent les formes de la représentation. Ni mouvement ni école on parle plutôt d'eux comme d'un groupe ou d'une mouvance. Ils sont une douzaine d'artistes dont le plus connu est peut-être Matisse. Mais il y a aussi Marquet "le fauve en gris" qui peint à Sainte-Adresse avec Dufy ; Manguin et Camoin qui fréquentent la Côte d'Azur ; Braque et Friesz qui se rejoignent à Anvers, sans oublier Derain à Londres puis à L'Estaque et d'autres comme van Dongen, Valtat, Jean Puy ou Rouault qui se joint parfois à eux. Au sens strict la période fauve dure quatre ans : de 1904 à 1907. Mais l'étude de Bernard Zürcher commence bien avant au moment où une génération d'artistes - dont Matisse est l'aîné - prend ses distances avec l'impressionnisme et mise sur les potentialités de la couleur pour élaborer son propre langage. Autant d'artistes, autant d'approches exposées ici : sage et réfléchie pour les deux anciens de l'atelier de Gustave Moreau, Matisse et Marquet, dont l'activité tournait autour du nu avant 1904 et que préoccupait le divisionnisme de Seurat et Signac ; plus radicale pour Vlaminck l'autodidacte et Derain installés à Chatou dont les créations audacieuses sont mises en parallèle avec le noyau havrais constitué par Braque, Friesz et Dufy. Des artistes très différents les uns des autres qu'on aime découvrir dans ce parcours éclatant travaillant parfois seuls, souvent en binôme, s'associant au gré des villégiatures, de l'amitié, du motif ou de l'inspiration.

Voilà Matisse rendant visite aux deux incendiaires de Chatou (Vlaminck et Derain), début 1905, les invitant à Collioure ce qu'accepte Derain l'été qui suit. Séjour fructueux dont le résultat, accroché aux cimaises du fameux Salon d'Automne 1905 déclenche le tollé du public et de la critique dans la salle VII surnommée la "cages aux fauves" où les toiles de Camoin, Mangin, Marquet, Vlaminck, Derain et Matisse ne recueillent qu'incompréhension. Vlaminck, Derain et Matisse essuient le plus de critiques négatives. "La Femme au chapeau" de Matisse : "un pot de peinture jeté à la tête du public", selon Camille Mauclair, est pourtant acquise immédiatement par Gertrude Stein qui ne s'y trompe pas. Exit la lumière changeante et vibrante des impressionnistes par ici les couleurs pures pour cette très belle découverte des Fauves (Hazan, 1995) qui n'a pas pris une ride. La dette envers Van Gogh et Gauguin, les Nabis, la fascination naissante pour le “primitivisme” ou la référence à Cézanne, mort le 22 octobre 1906, hantent toutes les oeuvres qu'on peut admirer dans ces pages. Des toiles merveilleuses peintes à Chatou, Honfleur ou en Corse mais inspirées aussi par les brumes des pays d'Europe du Nord. La période se clôt à l'Estaque en 1907-1908 date à laquelle Braque et Derain rallient Picasso déjà auprès de ses Demoiselles. Texte et mise en images mettent en perspective les recherches du groupe en les rapprochant souvent des travaux de la génération précédente. de somptueux face à face (rues pavoisées de Dufy et Marquet), d'étonnants chassés-croisés (portraits de Derain par Matisse et vice versa ou de Vlaminck par Derain et vice versa etc.) permettent de comprendre la métamorphose chromatique et formelle que les Fauves mirent en oeuvre avec l'appui des marchands, collectionneurs ou galeristes sous le regard tout puissant de l'Académie et des Salons (d'Automne et des Indépendants), à une époque où la passion de la peinture existait encore.




Commenter  J’apprécie          150

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Au cours de ces années qui précèdent la Première Guerre mondiale, une nouvelle génération de peintres "hausse le ton". Comme si les grands bouleversements à venir trouvaient une résonance en peinture. Des deux côtés du Rhin, les tableaux flamboient. Mais à Dresde, Munich ou Berlin, les peintres du groupe Die Brücke - Hecke, Kirchner ou Pechstein - ne réaliseront pas, avant 1907-1908, d'oeuvres comparables à celles des "fauves" - comme les a nommés le critique d'art Louis Vauxcelles, dans le supplément du Gil Blas daté du 17 octobre 1905. Cette année là, le Salon d’Automne voit naître non pas un "mouvement" - par la suite, les fauves réfuteront toujours une telle appartenance - mais déjà une avant-garde, une "formation de combat" en somme, la première que l'histoire de l'art ait inventée. Le ton d'une lettre de Dufy à Berthe Weill, qui fut la première à défendre les fauves dans sa modeste galerie, le montre assez : "Soyez convaincue, lui écrit - il, que vous avez en Matisse, Vlaminck, Derain, Friesz et quelques autres, les types de demain et de longtemps encore ; est-ce assez visible au Salon, voyons ? Comparez l'intensité de vie, de pensée que contiennent les toiles de ces gens-là, à celle de la quantité d'ennui et d'inutilité contenus dans la plupart des autres cadres. " (p.10)
Commenter  J’apprécie          90
Vlaminck peint sur le motif, sans rechercher des points de vue inusités, des paysages familiers. [•••] Mais il y met une telle frénésie, une passion si forte, que les Berges de la Seine à Chatou prennent feu sous l'action conjuguée des touches frénétiques, multiformes, orientées en tous sens comme autant de flammes dévorantes. Le rouge est sa couleur préférée. Il en met partout, dans l'herbe sur les troncs d'arbre, dans le ciel et jusque dans l'eau. Vlaminck donne à la couleur tout pouvoir de transposition, sans pour autant trahir l'exactitude de la représentation. Simplement la lumière n'est plus celle du soleil, plutôt celle de Van Gogh, dont il n'aurait pas démenti le propos : "j'ai cherché à exprimer avec le rouge et le vert les terribles passions humaines." (P. 40)
Commenter  J’apprécie          80
"Ce que je n'aurais pu faire dans la vie qu'en jetant une bombe - ce qui m'aurait conduit à l'échafaud - j'ai tenté de le réaliser dans la peinture en employant la couleur pure au maximum. J'ai satisfait ainsi à ma volonté de détruire de vieilles conventions, de "désobéir" afin de recréer un monde sensible, vivant et libéré".
Maurice de Vlaminck
Commenter  J’apprécie          50
Je ne crée pas une femme, je fais un tableau (p.106).
H. Matisse
Commenter  J’apprécie          60

Video de Bernard Zürcher (1) Voir plusAjouter une vidéo

Bernard Zurcher : Les fauves
Olivier BARROT présente "Les Fauves" de Bernard ZURCHER.
autres livres classés : peintureVoir plus


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1086 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}