LE CHANT DE LA RACE
Nous sommes d'une vieille Race,
Aussi vieille que le soleil :
Quand nous chantions, les soirs sans lune,
Assis en rond autour d'un feu,
Il nous semblait que la Grande Ile
Rêvait tout haut par notre voix.
Nous sommes frères de la vague
Qui mêle aux nôtres ses troupeaux
A l'ombre des palétuviers,
Et nous imitons sur le sable
Son éternel balancement
En dansant la main dans la main.
Nous sommes frères de l'orage
Dont le front est noir comme nous
Et dont les poings portent la flamme,
Nous aussi, lorsque nous tombons
Sur les cases de l'ennemi,
Toute la plaine s'illumine.
Nous sommes frères de l'étoile
Qui tourne au-dessus de la mer,
Elle a, jadis, guidé la Race
Quand nos pirogues sont parties
D'un autre rivage où des temples
Brillent sous des forêts en fleurs.
Nous sommes frères du torrent
Qui blanchit la montagne rouge
Et notre sang bondit de même
Entre les parois de nos cœurs
Au temps où crèvent les nuages
De la jeunesse et de l'amour.
Nous sommes d'une vieille Race,
Aussi vieille que le soleil :
Quand nous chantions, les soirs sans lune,
Assis en rond autour d'un feu,
Il nous semblait que la Grande Ile
Rêvait tout haut par notre voix.