Le fort tuait le faible ou s'en emparait. L'esclavage et l’oppression s'étaient attachés comme une lèpre aux flancs de l'humanité. (...).
Que va faire l'intelligence ? Vaincra-t-elle l'ignorance ? Va-t-elle délivrer les hommes du supplice de s'entre-détruire ? Brisera-t-elle les odieuses chaînes de la famille patriarcale ? Fera-t-elle triompher la révolte toujours menaçante de la tyrannie toujours debout ?
A l'instinct qui vagissait en lui a succédé l'intelligence qui balbutie encore et parlera demain. L'homme n'est plus seul, isolé, débile; il pense et il agit, et il participe par la pensée et par l'action à tout ce qui pense et agit chez les autres hommes. La solidarité s'est révélée à lui. Sa vie s'en est accrue : il vit non plus seulement dans la génération présente, mais dans les générations qui l'ont précédé, dans celles qui lui succéderont.
Cependant, tous ces progrès ne s'accomplirent pas sans déchirements.
Le développement des idées était toujours en retard sur le développement des appétits. L'équilibre rompu une fois n'avait pu être rétabli. Le monde marchait ou plutôt oscillait dans le sang et les larmes. Le fer et la flamme portaient en tout lieu la désolation et la mort.