COURS DU SOIR DE MATHS
Q*/ Si j’ai un verre d’eau à 14 degrés et que j’y verse un
deuxième verre d’eau à 14 degrés, j’obtiens bien
28 degrés, non ?
R**/ Oui dans un monde où je serais toi. Trouve la solution
pour X.
Q/ J’ai cherché la valeur de X nuit et jour et X ne veut
toujours pas me parler.
R/ As-tu essayé la prière ?
Q/ Il existe un genre de maths qui se rapporte à l’amabilité.
R/ L’amabilité aime la différence.
Q/ Aimer l’amabilité remet tout à zéro.
R/ X est toujours égal à X.
Q/ Dans le monde de l’amabilité Je égale Tu.
R/ Si tu additionnes Je à Tu, cela donne deux
Je ou 2 Tu ?
Q/ Je me suis endormi au cours de maths et réveillé au
cours de poésie.
R/ Cela s’est produit 14 fois aujourd’hui.
Q/ Le cerveau est un interrupteur. Gauche et droite,
juste et faux, zéro et un.
R/ La différence coupe l’asymptote au point où le
toucher reste pratiquement impossible.
Q/ Je veux me déverser en toi. Mais il m’arrive d’avoir
peur de déborder.
R/ Pas si le verre est à moitié vide tu dis.
/Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh.
Q*/ Question
R**/ Réponse
ET NOUS FERONS COMME LA NEIGE
Peu importe ce qui a été perdu laisse dire
Peu importe le coût laisse dire
Quelle que fût la vérité
Ces jours sont tombés en morceaux
Je n’ai pas l’art de les recoller
Laisse les débris luire
Laisse-les dire
Les yeux que j’ai fermés sur
La langue que j’ai tournée dans
Les mots qui sont sortis brisés
Laisse-les dire
La vérité se fera connaître bien assez tôt
La nuit viendra et nous dormirons
Fais tout ce que tu peux et laisse dire
Comme le fait l’amour
Et quand je prendrai ta main
Prends la mienne
Nous danserons le cercle lentement
La lumière nous traversant
Et tout ce que nous avons vu resplendir un jour
Dans les airs fondra comme neige
Sans un bruit
Se rendant au sol.
/traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh
REQUIN ÉCHOUÉ
Petit bébé, le ressac te déroute. Ta gueule bée comme un crochet de buanderie, un U majuscule qui s'étire. Un rictus comme un sourire sous cape, si blanc, si blanc. Tes dents dissimulées dans leur piège. Ta mère nagerait jusqu'en Chine que tu ne serais pas plus avancé. Elle sonde un aspect de la mort, un fond délavé par un courant froid. Tu éclabousses la pitié lumineuse des vagues, gamin en train de se faire rouler. Par trois fois des nounous de plage t'ont redressé, ont rincé tes branchies, t'ont repoussé là d'où tu venais. Mais ta nageoire dorsale pointe vers le côté comme le pouce d'un auto-stoppeur ; ton regard morne observe des tertres flottant dans les airs. Le ciel est-il ton hôpital ? Tu dégringoles vers la dune, en direction des monuments de lœss sculptés par les assauts du vent, des grains de temps accumulés. Tu ne possèdes pas grand-chose, n'est-ce pas ? Dans le ciel ton œil ne trouve rien à massacrer. Je veux te tirer de là, mais tu me mordrais la main, n'obéissant qu'à ton algorithme noir. Totalement serein ton œil plat ne pleure pas. Ici nous sommes tous deux des nageurs, tous deux des bébés face à la mort.
/traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh
DEUX FOIS POUR LA CHANCE
Debout sur mon balcon je rêvasse devant ma glorieuse multitude. Après tout je suis le roi de ma vie. Il arrive qu'une corniche ressemble à un plongeoir surplombant un cimetière et il arrive que tu sautes tellement haut que tu ne redescends jamais vraiment tu continues juste à planer. Puis tu t'estompes comme une vieille affiche d'un concert des Doors criblée d'agrafes et enduite de colle d'amidon de blé. Parfois ton cœur s'ouvre comme un parapluie et les charnières complexes et sûres représentent l'inanimé s'animant devant ton regard sans vie. ‘Je n'en donnerai pas un sou.’ Moi non plus mais ces jours-ci des pépètes d'espoir s'entrechoquent au fond de mes poches. Au supermarché la viande sanglante est au rabais. Jouer selon les règles du jeu ne permet que de remporter plus de règles. Pour certains, les règles sont des dieux noirs d'encre. Mon cœur s'ouvre à nouveau comme un parapluie. Je voulais juste le dire deux fois avant la pluie.
/traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh
POUR LE BARBIER DE SÉVILLE
‒ d’après Bertrand Russell. Les principes mathématiques
Chaque matin à 2 h 30 précises quelqu’un se réveille pour crier le mot magique cri. Quand je dis magique je ne fais pas référence au surnaturel, quand je dis cri je ne veux pas dire pleur. Il est possible de dire précisément ce que tu veux dire c’est pourquoi je dis précisément. Il est impossible de dire précisément ce que je veux dire c’est pourquoi je pleure chaque matin à 2 h 30 précises.
/traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh