Edouard Bourdet est un dramaturge, moraliste et satirique, plus enclin à peindre les milieux et les moeurs du jour que de nous transporter, trois siècles plus tôt, à la cour des Valois.
Mais à y regarder de plus près, "
Margot" tout en empruntant à
L Histoire ses costumes et ses personnages, est avant-tout une pièce psychologique un peu troublante.
Marguerite de France, dite
Marguerite de Navarre après son mariage avec Henri IV, aurait éprouvé pour son frère, Henri III, une passion anormale que celui-ci partageait inconsciemment. Cet amour inavoué et impossible se serait bientôt transformé en haine, dont Marguerite devint la victime.
Même si l'auteur rejette un peu au second plan les événements historiques pour nous livrer l'étude de ce cas, supposé et contesté historiquement, de déviation sentimentale que les freudistes appellent "un refoulement", il nous offre cependant notre content de conspirations .
La distribution de cette pièce est prestigieuse, tant au niveau des personnages que de ses interprètes, on y retrouve entre autres grandes figures historiques
Margot, Jeanne d'Albret, Henri III, Charles IX, Guise mais aussi
Brantôme, Coligny et Henri de Navarre qui deviendra un de nos rois les plus populaires.
La pièce fut jouée en 1935 au "Théâtre Marigny" dans une mise en scène somptueuse où apparaissaient au générique Yvonne Printemps, Pierre Fresnay, Mady Berry, Jacques Dumesnil et un certain
Charles Aznavour dans le role de Navarre enfant.
L'oeuvre d' Edouard Bourdet, dit un critique de son époque, ressemble à "Phèdre" elle respire à la fois l'inceste et l'imposture et pourtant elle reste vertueuse. Elle reste aussi, aujourd'hui, un beau morceau de Théâtre qu'on redécouvre avec plaisir.