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Gabrielle Danoux (Traducteur)
EAN : 9786067996999
60 pages
LIMES (09/11/2023)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Dès le premier vers, la poésie de Clelia Ifrim ouvre des fenêtres, vers l’intérieur des êtres et de la nature, afin de « faire pour [eux]/ littératie foncière/ et écrire dans leur langue,/ j’étais ici aussi ! ». Le témoignage court, mais doux et fort à la fois d’un voyage initiatique et mystique dans les terres « des racines ». Mais ces fenêtres sont aussi autant de ponts vers l’extérieur céleste qu’il importe au lecteur d’explorer pieusement.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est devenu difficile pour moi de parler de mes propres traductions à visage couvert. Mais je souhaite néanmoins et en toute humilité, vous donner quelques informations, car j'en suis très contente.

J'ai écrit une courte quatrième de couverture pour cette plaquette de vers bilingue (cf. présentation de l'éditeur), comportant, ni plus ni moins, d'une vingtaine de poèmes qui forment une sorte « d'autoportrait avec un agneau dans les bras » comme l'indique un des titres d'ailleurs (cf. p. 49).

Clelia Ifrim, « une cueilleuse de pourpre » (parmi tant d'autres) est une experte en haïku et cela se ressent dans l'ensemble de son oeuvre poétique ou en prose. Elle écrit avec une force inouïe des images et des métaphores sur elle-même, dans son monde. Qu'il s'agisse de foi chrétienne, de racines ou d'époque contemporaine, une certaine tendresse, non dépourvue d'esprit critique transparaît dans ses poèmes souvent courts, mais aussi parlant que des tableaux vivants (« Dix êtres humains », p. 47).

L'objet papier sent bon l'encre d'imprimerie, mais hélas la disposition n'est pas en miroir, comme je voulais.
Le livre contient aussi les CV de l'autrice, ainsi que le mien (c'est encore à la mode en Roumanie où le livre a été édité), ainsi que deux références critiques, dont celle du traducteur en allemand Christian W. Schenk, que je reproduis ci-dessous :

Le principal aspect stylistique de la poésie de Clelia Ifrim est l'interaction étroite entre la forme et le fond. Les poèmes sont conçus de telle manière que l'affirmation acquiert le sens souhaité uniquement grâce à la forme. de plus, j'ai trouvé chez elle, souvent, des codifications utilisées méthodiquement, c'est-à-dire des métaphores encodées. Et ces paroles arrêtent le temps, constituant, comme le disait la grande dame de la poésie allemande, Hilde Domin : « un moment de liberté ».
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Science et poésie ne sont pas antinomiques.
Deux poèmes de la roumaine Clélia Ifrim sont dans le module Kibo de l'agence spatiale japonaise JAXA.
J'ai cherché en vain ces deux titres. Mais peut-être la généreuse babélionaute Tandarica pourra me renseigner si elle lit ce commentaire.

Avec bonheur j'ai pu lire les vingt poèmes de Ifrim grâce à sa traductrice Tandarica qui poste régulièrement de la poésie roumaine sur le site. Comme l'héroïne de "Mes livres de papier" de Alameddine, je l'imagine entre livres et dicos cherchant le mot juste pour ne pas fausser l'oeuvre de l'autrice.

Recueil bilingue je me suis contentée du français et donc impossible d'apprécier les sonorités toutefois le sens des poèmes est facilement accessible.
Clélia Ifrim apporte son regard sur cette période sombre de Ceausescu où la privation de libertés "dix êtres humains", d'électricité "Les cueilleuses de pourpre" et même de nourriture était courante. Elle exprime l'angoisse des opprimés obligés de fuir en Hongrie dans "Nuits d'hiver".
" Hiver roumain" est l'évocation de l'oppression de minorités religieuses et nationales tandis que la pénurie pèse sur le vie quotidienne.
Un espoir est permis tout de même avec la nature omniprésente , avec des hirondelles messagères.
La poésie est donc un refuge dans la nature pour dire une vérité angoissante des victimes.
Lire ces souvenirs douloureux et émouvants marquent le lecteur sensible aux malheurs du monde.
Désormais voir des hirondelles volés dans le ciel sera un message venu de Roumanie.
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Aujourd'hui je vous propose de faire une escale dans la poésie roumaine. Et, ce livre a ceci de magnifique que la première partie est en Roumain ! Personnellement, je ne parle pas du tout cette langue, mais j'ai aimé malgré tout parcourir cette partie, il m'a semblé que je comprenais quelques mots ; ça permet aussi de se faire une idée de la sonorité des poésies dans l'écriture d'origine… Ensuite, bien sûr, j'ai lu avec intérêt les poèmes traduits en français par Gabrielle DANOUX ; j'avoue, c'est quand même plus facile à comprendre !

Ce recueil n'a que vingt poèmes, c'est peut-être le seul reproche qu'on puisse lui faire…

Chaque poème est un hymne à la nature, au monde, aux choses qui nous entourent. Chaque vers suscite des images, parfois qui laissent perplexes, alors on relit la strophe ; c'est magnifique !

Mais soudain, en y regardant d'un peu plus près, on s'aperçoit qu'il y a beaucoup de métaphores, pas seulement au sujet de la nature, mais de la Roumanie, de la politique et les textes prennent alors une autre dimension !

J'avoue ne pas être une experte en Histoire roumaine, mais on s'aperçoit qu'elle y fait largement allusion et d'ailleurs il est même possible de transposer ces textes à d'autres pays qui vivent des situations analogues. On retrouve des poèmes qui dénoncent le manque de droits, le manque de liberté, les régimes autoritaires.

Cette poésie dénonce ; c'est aussi un appel à lutter, à ne pas baisser les bras. Puis, ça se termine sur la page 2021, que sera-t-il écrit sur cette page ? C'est l'espoir, le renouveau ; trois sourires mélancoliques, un agneau nouveau-né.

Ce recueil ravira les amateurs de poésie, par les double-sens perpétuels des vers, mais il devrait aussi plaire aux autres, par la sensibilité et la justesse des émotions qu'il dégage.

Bref, un recueil de poésie, mêlant savamment nature, politique et émotions, à lire absolument pour s'émerveiller de la force des mots ainsi que des images et des sentiments qu'ils arrivent à faire naître en nous.

À lire installé(e) dans une bergerie, ou plus simplement sur un tapis avec des coussins, en grignotant des cornulete cu maigiun accompagnés d'un mini verre de Palinca, Noroc ! Bonne lecture !



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La poésie roumaine est forte, généreuse et très diversifiée. Gabrielle Danoux (merci Tandarica) nous livre ici une traduction dans un livre bilingue qui ne laisse pas indifférent. La couverture est une invitation au voyage. Se promener dans les pages roumaines en s'imaginant les sonorités ou en cherchant des points d'accroche linguistique ; est toujours mon premier plaisir dans ce type d'ouvrage. Une fois plongé dans la partie francophone, je n'ai pas su m'en dessaisir, même si ce recueil est insaisissable, quelque part (et c'est tant mieux). L'autrice se permet tout en toute décomplexion, non pas dans le sens débridé, mais plutôt dans le sens de la dé-complexification de l'oeuvre poétique. Ici se côtoient des animaux, des objets, des paysages, des émotions... et un "je" bienveillant, émerveillé du monde qui s'offre à nous, mais qu'on oublie trop souvent d'observer. Des images fortes jaillissent entre les vers, comme des miroirs de ces mondes oubliés, inconnus, refoulés. La sérénité nous accompagne en nous tenant la main, puis nous laissant à nos propres errances. C'est un bel ouvrage à découvrir. Merci.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
De la pourpre des paroles

Il a plu davantage cette nuit.
La lavande du parc de la ville
me soutient avec son rêve.
À quoi rêve un champ de lavande ?
Les senteurs s’ouvrent jusqu’aux profondeurs du ciel.
Là-bas se trouvent les portes du paradis
et la ville s’en nourrit.
L’ange avec l’épée de feu,
assigné à garder le jardin dans le champ
se laisse corrompre ‒
une courte visite
dont rien n’est écrit dans les livres.
On ne trouve nulle part
la moindre référence à ce sujet.
L’ange avec l’épée de feu
me dit que je peux rester,
que je peux y dormir, la nuit suivante aussi.
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Autoportrait avec un agneau dans les bras

Le temps qui passe
se mesure au chant des oiseaux.
Le modèle de Gödel ou le paradoxe des jumeaux
n’ont aucune importance.
La gare est au milieu du champ
et le champ s’étend jusqu’au pied de la montagne.
Les pâturages commencent à partir d’ici
et le passage du temps
se mesure au chant des oiseaux.
Le sifflet du train signifie
que d’autres humains sont partis
et le fanion de la couleur des coquelicots
est un souvenir oublié dans le champ.
La ville d’où sont partis les oiseaux et les gens
rétrécit progressivement
comme un enfant, dormant avec un agneau dans ses bras,
dans un pâturage au pied de la montagne.
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Le cheval de bois

La ville a changé.
La guerre de la chère Troie
a parfaitement fonctionné
aujourd’hui encore après des milliers d’années.
Les prétextes sont alloués comme des marchandises,
ou des chèques repas,
consommés collectivement.
La leçon de marketing du XXIe siècle
s’enseigne dans la rue, en termes visuels,
pour le bien de tous.
Les vitrines sont pleines de fleurs artificielles
et les vendeurs les parfument
chaque matin, avec beaucoup de zèle,
d’une bouteille en plastique.
Tout cela, pour le bien de tous.

Oublié dans une vitrine,
un cheval en bois regarde les passants.
Le vendeur change son prix toutes les heures.
Le cheval en bois ne dit rien.
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La forteresse sur la montagne

J’ai écrit sur un pan de mur
une lettre.
Le mur est blanc et la lettre commence ainsi :
— Chère Mère, la ville s’enfonce lentement.
Une énorme pression pèse sur nous.
Le plancher de ciment dans la cuisine
est devenu de plus en plus gris.
Le gris est une couleur liquide
et avale tout sur son passage.
Je n’ai pas de souris dans la maison
et je ne fais aucune comparaison avec leur gris.
Le sol n’est qu’en ciment.
Gris brut. Non façonné. Gris par un vendredi.
Je souhaite que l’herbe verte pousse ici
pour couvrir tous les murs et le sol en ciment.
Et la cuisine devrait être avec de la terre sur le sol,
et le bruissement des feuilles à la fenêtre.
On voit déjà la forteresse sur la montagne.
J’ai laissé de nombreux espaces vierges sur le mur.
Pas forcément pour que j’écrive.
Peut-être que quelqu’un d’autre en a besoin.
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Le chemin de la soie

La caravane du désert
m’a apporté deux pompons rouges.
Un poème d’amour avait besoin d’eux.
J’ai payé au guide tout ce qu’il m’a demandé.
Ce n’était pas grand-chose –
des fruits et de l’eau.
Et un abri pour les chameaux.
Les montagnes de pierre autour de moi
se sont entr’ouvertes
et les liens en soie
ont passé la nuit sur le cou des chameaux.
Mes mains aussi, se sont lentement émancipées,
des mains du guide.
C’est ainsi que toute la caravane a dormi
dans les gorges de pierre des montagnes.

À l’aube, quand je suis allée
leur apporter des fruits et de l’eau,
le guide m’avait laissé à la porte de la montagne
des cartes routières et deux pompons rouges,
pour que je le suive.
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