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EAN : 9782226024626
Albin Michel (01/01/1987)
4.75/5   4 notes
Résumé :
La guerre du Golfe se poursuit depuis 1980. D'un côté, l'Irak de Saddam Hussein qui a déclenché le conflit, de l'autre l'Iran de Khomeiny. Une réflexion actuelle sur les enjeux qui sont en question dans cette région qui intéresse directement l'Occident. « Copyright Electre »
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Pourquoi, comment, par qui fut déclenchée la guerre du Golfe ? L’Occident veut l’ignorer, et une certaine presse prétend que les responsabilités sont partagées : l’Irak aurait déclenché les hostilités, et l’Iran serait responsable de leur extension et de leur durée. Tout le monde est ainsi satisfait, en particulier ceux qui, tirant de ce conflit des avantages matériels ou politiques, ont intérêt à ce qu’il s’éternise.

Prétendre, cependant, que la guerre a commencé le 22 septembre 1980, jour où l’armée irakienne a franchi la frontière internationale, alors que les provocations iraniennes avaient commencé le 4 septembre, c’est avoir une vue un peu courte. L’Angleterre et la France ont-elles voulu la Seconde Guerre mondiale parce qu’elles l’ont déclarée à l’Allemagne hitlérienne le 3 septembre 1939 ? N’est-ce pas le rêve hégémonique d’Hitler, le Grand Reich, et l’envahissement de la Pologne par les troupes germano-soviétiques, qui furent à l’origine de l’embrasement du monde ?
(…)
Peu de gens connaissent vraiment la bizarre personnalité de ce mollah de second ordre, soupçonné d’être un agent britannique qui, lorsqu’il vivait à Qom, avait reçu le surnom de Gorbécoche, tueur de chats, car il passait pour avoir la manie de les égorger (…) avec l’assentiment des moscovites, deux semaines plus tard, une « République islamique » est proclamée, puis, un mois après, « plébiscitée », dit-on, par 98% des votants.
(…)
Le gouvernement irakien, qui a suivi avec le plus vif intérêt les événements iraniens, adresse, dès le 13 février 1979, un mémorandum au nouveau gouvernement, avec lequel l’Irak espère nouer des relations de bon voisinage (…) après le référendum iranien du 30 mars, le président Saddam Hussein adresse le message suivant à Khomeiny :

« A l’occasion de la proclamation de la République islamique d’Iran, j’ai le plaisir de vous adresser, au nom de l’Irak, à vous et au peuple iranien, voisin et ami, les félicitations les plus sincères. Je vous souhaite plein succès et espère que le nouveau régime républicain ouvrira des horizons nouveaux au peuple ami d’Iran… J’espère également que ce nouveau régime établira des relations d’amitié, de coopération et de bon voisinage avec les pays arabe en général, et l’Irak en particulier. »

Lors de la Fête nationale irakienne, le 17 juillet 1979, le président irakien reprend les termes de ce message en précisant que « l’Irak est désireux de développer ses liens avec l’Iran et d’entretenir des rapports suivis avec ses dirigeants ».

Et, le 2 août suivant, M. Bazargan, Premier ministre iranien, est effectivement invité à Bagdad.

Mais à Téhéran et dans tout l’Iran les milices de Khomeiny font désormais régner la terreur. Le ministre des Affaires étrangères n’est autre qu’Ibrahim Yazdi ; celui-ci jouit d’une double nationalité, étant à la fois citoyen des USA et ministre de Khomeiny. Les tribunaux révolutionnaires prétendus « islamiques », où les « magistrats » jugent masqués ou en cagoule, condamnant à mort sans appel, ou font couper la main droite des « sacrilèges », des « corrompus sur la terre », des « fornicateurs » des homosexuels, des adultères.
(…)
A Bagdad, les dirigeants observent donc avec une inquiétude grandissante l’évolution de las situation dans le pays voisin (…) Radio-Téhéran diffuse alors, en persan et en arabe, diatribes et menaces contre le gouvernement irakien. Le 15 mars 1980, Khomeiny lui-même fait un véritable appel à l’insurrection, sous forme de « conseils aux Irakiens » :

« Méfiez-vous du Baas perfide ! vocifère-t-il. Ô Irakiens ! finissez-en avec vos ennemis et faites la révolution ! »
(…)
Le nouveau régime iranien refuse en outre de régler avec l’Irak les questions en litige et dirige bientôt menaces et déclarations agressive, non seulement contre l’Irak, mais contre la nation arabe. C’est ainsi que, le 23 mars, Bani Sadr déclare au journal Watan, publié au Koweït :

« Abou Dhabi, le Qatar, Omar, le Koweït et l’Arabie ne sont nullement des Etats indépendants. Dans ces pays, l’Islam doit se réveiller ! »

Quelque jours plus tard, Khomeiny, encore, revendique le Bahreïn, le Koweït et le Sud-Irak comme territoires de la République « islamique » relevant de son autorité. La presse iranienne et la presse internationale auront à rapporter des informations de ce genre pendant tout le printemps de 1980.

Mais, déjà, les responsables politiques iraniens ne se contentent plus de provoquer. Ils organisent ou encourage des groupes terroristes opérant en Irak, au mépris des Accords d’Alger (1975) concernant la non-ingérence de chacun des Etats signataires dans les affaires intérieures des autres (…) les mollahs de Téhéran encouragent et soutiennent une formation « révolutionnaire islamique », l’Appel de l’Islam (Douat al Islam). Il s’agit en réalité d’une organisation centrale de terrorisme, cantonnée dans les villes saintes chiites irakiennes de Nadjaf et de Kerbala.

Son haut état-major se trouve en Iran, à Qom, sous l’autorité directe de Khomeiny.

Un des attentats les plus spectaculaires de Douat al Islam fut celi qu’il perpétra contre M. Tarek Aziz le 1er avril 1980. Ce jour-là, le vice-Premier ministre irakien prononçait un discours devant les étudiants de l’université de Moustansary’a, à Bagdad. Une grenade éclata, tuant ou blessant une dizaine d’étudiants autour de M. Aziz, qui s’en tira, miraculeusement indemne (…) l’auteur de l’attentat, abattu par les forces de sécurité, était un Iranien, du nom de Samir Ghalam Ali.

Cinq jours plus tard, le 5 avril, nouvel attentat du Douat à Bagdad.
(…)
Une troisième étape dans l’escalade criminelle contre l’Irak sera bientôt franchie par les fanatiques iraniens. Il s’agit tantôt de tirs d’artillerie lourde, tantôt de bombardement aériens, tantôt d’incursions en territoire irakien par des commandos spécialement entraînés ; leurs raids meurtriers sèment la terreur au sein des populations civiles. Postes-frontière, villes et bourgades limitrophes sont systématiquement pris pour cibles.

« C’est ainsi, note The Economist du 6 avril 1985, que du 23 février 1979 à septembre 1980, le gouvernement irakien n’aura pas moins de 200 notes de protestation à envoyer à Téhéran. » Toutes ont été transmises aux Nations unies, au Mouvement des pays non alignés, à l’Organisation de la conférence islamique. La plupart de ces documents concernent des bombardements iraniens visant la population civile.
(…)
Les agissements du régime khomeinyste, de février 1979 à septembre 1980, n’ont d’ailleurs pas seulement violé les Accords d’Alger ; ils constituent de graves atteintes aux règles du Droit international et désignent clairement l’Iran comme le responsable de la guerre.
(…)
Ayant ainsi épuisé les voies de recours prévues par le Droit international, l’Irak, à partir de l’agression armée du 4 septembre, s’est trouvé dans cet « état de légitime défense » stipulé par l’article 51 de la Charte de l’ONU.

En dépit de quoi, aucune armée irakienne n’a franchi la frontière avant le 22 septembre 1980, date à laquelle l’Irak, usant de son droit de légitime défense, pénètre de quelques dizaines de kilomètres en territoire iranien en repoussant l’armée iranienne massée à la frontière, ceci afin de rétablir sa souveraineté sur le Chatt al-Arab, fermé à la navigation par l’Iran et prévenir une attaque massive contre le territoire irakien.

Cette intervention – il faut le remarquer – n’a eu pour but ni la conquête, ni l’occupation du territoire iranien, ni la destruction d’installations industrielles.
(…)
Le 28 septembre, le président Saddam Hussein rappelle à son tour, dans un discours télévisé, que son pays n’a pas de visées territoriales ou politiques en Iran et propose « une négociation en vue de parvenir à un règlement honorable et durable du conflit ».
(…)
Les faits ne sont pas niables. Non seulement l’Iran a voulu la guerre et l’a commencée, mais, très logiquement, il refuse de négocier un cessez-le-feu. Le 29 novembre, le gouvernement iranien rejette la résolution n° 479 du Conseil de sécurité, que le président irakien a acceptée. Depuis cette date, le régime khomeinyste n’a pas modifié sa position.
(…)
Lors du Sommet islamique du Taïf, le 25 février 1981, l’Organisation de la conférence islamique désigna une commission composée de délégués du Pakistan, du Sénégal, de la Gambie, de la Turquie, de la Guinée, du Bangladesh et de l’OLP. Cette commission multiplia les démarches qui, toutes, échouèrent devant l’intransigeance de l’Iran, qui démontrait ainsi le peu de cas qu’il fait de la solidarité islamique. (pp. 181-196)
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Que faut-il entendre par « unité de la nation arabe » ?

Comment la concevoir ?

Le 8 septembre 1982, le président irakien faisait à des journalistes koweïtiens une déclaration capitale :

« L’unité arabe ne peut plus se faire, à mon avis, en supprimant les régimes particuliers, régionaux ou locaux. Elle doit respecter la personnalité de chacun des États existants, et amener ces personnalités à coexister en s’affirmant. »

Le gouvernement irakien a constamment suivi cette ligne de conduite. L’un des exemples les plus frappants est celui de son attitude envers le Liban. Non seulement l’Irak a refusé de participer à la Force arabe de dissuasion – dont le rôle, remarque Saddam Hussein, consistait finalement à tuer des Arabes –, mais il n’a cessé de se prononcer, et d’agir, en faveur de l’unité, de l’indépendance et de la souveraineté du Liban, face à toutes les ingérences et à toutes les tentatives de morcellement.

« Selon nous, disait déjà Saddam Hussein en juillet 1980, il convient de remettre la question libanaise entre les mains des fils du Liban… Les Libanais forment un seul peuple, bien qu’ils s’entretuent dans des combats fratricides… »

Aux Libanais eux-mêmes, il déclarait franchement et courageusement :

« Vous êtes responsables des difficultés que vous vous êtes créées… Tant que vous continuerez à vous considérer comme divisés entre éléments ‘’de droite’’ et ‘’de gauche’’, et surtout entre éléments confessionnels, la guerre durera. Les autres puissances continueront à se faire la guerre par votre intermédiaire et sur votre sol, jusqu’au dernier Libanais. »

Les propos du président irakien au sujet de l’unité arabe sont toujours remarquablement exempts d’ambiguïté.

« Il y a vingt ans, disait-il en 1980, on pouvait encore envisager d’en finir avec les États qui nous divisent. Aujourd’hui, nous devons tenir compte de l’évolution qu’ont subie les mentalités. Nous devons considérer les choses telles qu’elles sont, et non telles que nous voudrions qu’elles soient. Un État arabe unique est désormais un rêve. Nous devons agir en conséquence et rechercher une autre formule d’union. »

Il ne s’agit donc pas d’imposer l’unité, mais bien d’établir, dans tous les domaines : politique, militaire, économique, culture, une coopération entre États arabe de plus en plus étroite, pour en arrive à un fédéralisme, à une union fédérale arabe, sur les modèles de la République fédérale d’Allemagne, des États-Unis ou de l’Inde. (pp. 136-138)
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Devant le Bureau d’information du Parti, en septembre et décembre 1977, Saddam Hussein explique :

« L’histoire est la résultante de la volonté d’une nation. Cela signifie qu’il suffit à un groupe d’hommes vivant sur un même territoire de décider qu’il est une nation pour qu’il le devienne effectivement ; car c’est essentiellement la volonté qui détermine si l’on est ou non une nation. Dans ces circonstances, on utilise, généralement, tous les phénomènes de la vie – y compris l’histoire – pour renforcer ou affaiblir cette volonté.

« Sous ce rapport, nous formons en tant qu’Arabes une seule et même nation : notre territoire est l’ensemble de la Patrie arabe. »

Il invite donc les militants à « procéder à une lecture baasiste de l’histoire ».

Cette lecture exclut que l’on fasse remonter la naissance de la nation arabe à l’avènement de l’Islam, en décrivant, comme le font certains, les Arabes d’avant l’Islam comme une nation dégénérée à qui Dieu dut envoyer son messager aux fins d’amendement.

Certes, précise Saddam Hussein, « entre la foi et l’athéisme, nous ne sommes pas neutres ; nous sommes pour la foi ». Mais le parti Baas est un parti laïque. Il doit enseigner l’histoire qui sert le mieux les intérêts de la nation arabe. Le baasiste doit donc soutenir

« …que l’histoire de la nation arabe remonte aux temps les plus reculés et que les Arabes, qui ont une seule et même origine, se reconnaissent pleinement dans les grandes civilisations qui ont vu le jour au sein de leur patrie… »

L’Islam « est l’âme de la nation arabe » et comme tel il inspire la vision du monde et les principes du Baasiste. (pp. 43-44)
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Pour Saddam Hussein, c’est l’homme qui forge son destin. La conception de « l’homme nouveau » est donc au centre de sa pensée politique. Il me déclarait lors d’un entretien :

« Notre mission essentielle et de créer les conditions favorisant l’émergence d’un homme arabe nouveau, libéré des entraves du passé. Cet homme nouveau doit avoir une mentalité nouvelle, une échelle de valeurs différente, une manière d’être plus responsable. Il doit agir en citoyen, en patriote et en bâtisseur. »

C’est ce que Saddam Hussein exige d’abord de lui-même et de tous les responsables du Parti et de l’administration d’État.

Pour amener la masse des Irakiens à prendre conscience, individuellement et collectivement, de leurs droits et de leurs devoirs, il faut donner l’exemple, promouvoir l’instruction et le sens des responsabilités, jusqu’à la formation d’une génération nouvelle. Seul un homme arabe rénové peut assurer la renaissance arabe.

Nous sommes là aux antipodes du marxisme. Matérialiste, le marxisme a pour objectif de changer la société en utilisant l’homme : l’homme doit servir la révolution.

Le Baas renverse cette proposition : c’est en changeant l’homme, en l’aidant à « devenir ce qu’il est », que la société se trouvera modifiée. La révolution doit servir l’homme ; et la révolution, au service de l’homme, doit donc garder un caractère essentiellement humain.

En outre, selon Saddam Hussein, la révolution doit être intégrale, totale (inkilabia). Résoudre « les contradictions d’ordre social », voire politique, ne suffit pas. Il faut également, il faut d’abord une révolution des mentalités, des âmes. (pp. 62-63)
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L’arabisme (au sens bassiste) et l’Islam, c’est donc en eux que l’Irakien est d’abord invité à retrouver son identité, sa fierté, sa force. Aussi, dès la révolution de 1968, le parti Baas a-t-il affirmé la place prépondérante qu’il entendait réserver à la culture, comme à l’un des éléments essentiels de l’identité nationale.

Fier de son, ou plutôt de ses passés mésopotamiens, l’Irak a entrepris de mettre en valeur les ruines antiques et de les restaurer ; mais aussi et surtout de promouvoir un renouveau culturel.

Pour Saddam Hussein, un grand pays n’est pas seulement un pays industrialisé et riche en matières premières ; c’est un pais qui apporte au monde une culture. L’homme, certes, « est une valeur essentielle », mais il n’atteint toute sa valeur, sa pleine valeur d’homme, qu’enrichi par la culture qui lui vient de son passé, comme aussi par ce qu’il peut assimiler des cultures étrangères.

En 1980, on comptait en Irak 110 sites archéologiques en voie d’excavation ou de restauration et le nombre des étudiants en archéologie ne cessait d’augmenter. Chaque mois, de 12 000 à 28 000 personnes visitaient les ruines de Babylone, un nombre à peu près égal, le merveilleux Musée de Bagdad.

La télévision, la radio, la presse et jusqu’aux écoles primaires offrent des programmes et des cours relatifs aux passés mésopotamien et islamique. Un millier d’étudiants à l’Institut des beaux-arts, 500 à l’Académie des beaux-arts de Bagdad, se préparent à la création originale en s’inspirant des plus beaux exemples d’architecture, de sculpture, de céramique, d’enluminure, de calligraphie, retrouvés sur le sol irakien.

Le budget du ministère de la Culture et l’Information est passé de 2 millions de dollars en 1975 à plus de 30 millions de dollars en 1981. L’État a ainsi encouragé toutes les formes d’expression : musique, beaux-arts, cinéma, peinture, littérature. Aux artistes il a donné un statut qu’ils ont rarement ailleurs. Il leur accorde des avantages matériels importants et favorise leurs études et leur travail de création. (pp. 97-98)
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