+++++ LES FILLES PERDUES D'UKRAINE +++++
Cet ouvrage constitue la suite de "
Sous les soleils de Kyiv", paru le 24 avril dernier et pas encore traduit en Français. Vu l'actualité du thème et le succès du premier, une version en langue française ne saurait logiquement tarder.
Il vaut mieux avoir lu le premier avant de s'attaquer au second, mais ce n'est pas indispensable.
Si le premier roman d'
Erin Litteken s'est concentré sur la tragédie du Holodomor ou l'extermination par la faim de la population ukrainienne par ce criminel de Staline, la suite montre l'horreur de l'occupation nazie d'Ukraine à partir de 1941.
À propos du Holodomor, qui a fait 3,9 millions de morts, je signale que sur proposition de la députée Anne
Genetet l'Assemblée nationale vient d'adopter, le 28 mars dernier, une résolution qualifiant l'Holodomor de génocide.
C'est à travers le sort de Liliya Shumska, surnommée Soloveiko (rossignol), 15 ans en 1941 ; de Vika Melnyczuk, épouse de Maksym et mère de 4 enfants et de la petite Halya, 12 ans, au moment de l'arrivée des nazis, que nous suivons cette nouvelle tragédie du peuple ukrainien.
Le récit va de juin 1941 à février 1949, subdivisé en 59 chapitres mentionnant à chaque fois le prénom de l'héroïne suivi de la date et du lieu de l'action. L'ouvrage compte 404 pages et se termine par une note instructive de l'auteure sur la situation historique d'Ukraine et de sa propre famille pendant cette période particulièrement mouvementée et dramatique.
Car une bonne partie du roman a été inspirée par ce que ses arrières- grands-parents et grands-parents, qui ont émigré aux États-Unis en 1949, ont réellement vécu sous l'occupation allemande, au cours de leur emploi comme esclaves dans l'industrie de l'armement à Dresde et Leipzig, pendant leur séjour dans différents camps de personnes déplacées à la fin de la guerre et leur option finale pour le Nouveau Monde, plutôt qu'un retour en Ukraine sous contrôle soviétique.
À l'histoire de sa propre famille s'ajoutent des événements, faits et anecdotes que d'autres immigrés d'origine ukrainienne ayant connu un enfer similaire, lui ont raconté.
Comme diplômée en histoire,
Erin Litteken s'est bien entendu sérieusement documentée et cite en fin de volume des ouvrages importants sur le sujet, tels de
Timothy Snyder "
Terres de sang : L'Europe entre Hitler et Staline" de 2010 et de
Maria Savchyn Pyskir (1925-2013) "
Thousands of Roads : A Memoir of a Young Woman in the Ukrainian Underground During and After World War II" de 2001.
L'ouvrage a beau être rigoureusement correct du point de vue historique, il n'a pas l'ambition de nous servir un cours d'histoire. Il se lit avant tout comme un roman passionnant et captivant. Les personnages sont des êtres humains comme vous et moi et ce qui leur arrive ne peut nous laisser indifférent. Certaines scènes sont, par ailleurs, extrêmement émouvantes.
Pauvre Ukraine, après Staline et Hitler, maintenant Poutine qui remet la terreur des souffrances, morts et destructions !
Dans le prix d'achat du livre, 2,5 euros iront comme aide à l'Ukraine, ce que je considère une fort louable initiative, certes limitée mais hautement symbolique.