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EAN : 9782914834261
380 pages
Passage du Nord-Ouest (10/05/2007)
5/5   1 notes
Résumé :
La singularité d'Une méditation, deuxième roman de Juan Benet après Tu reviendras à Région, repose en grande partie sur la prouesse mnésique que s'est imposée l'écrivain : ayant imaginé et adapté un dispositif spécial sur sa machine à écrire, il entame la rédaction des quelque trois cents feuillets d'un récit labyrinthique sans jamais pouvoir se relire.
En un seul paragraphe, dense et ramifié comme la mémoire, il tente de reconstituer l'histoire de deux grand... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Magnifique deuxième roman de Juan Benet, dont les héros sont sans doute les pièges de la mémoire.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/05/14/note-de-lecture-une-meditation-juan-benet/
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Parmi toutes les fermes de la plaine du Torce, au nord de Région, celle de mon grand-père, l’une des plus modestes, était aussi l’une des mieux situées. Ses terres de labour se réduisaient pratiquement à un champ d’environ deux hectares, jouxtant les viviers de la rivière, défini et protégé par une haie de pierre sèche le long de laquelle, enfants, nous nous promenions comme sur un chemin de ronde, attentifs à pêcher les grenouilles et à chasser les petites bestioles. La ferme incluait également ces douces pentes sablonneuses – où l’on tenta de cultiver tous les produits maraîchers et les légumineuses connus dans les deux hémisphères – qui remontent jusqu’au coteau couronné par la maison et, derrière, par une petite pinède donnant sur ce vaste et haut plateau tertiaire torturé qui en apparence constitue le socle de la sierra. C’était, à y bien regarder, une maison humble, composée d’un ensemble bigarré de constructions cubiques et rudimentaires, tout à fait dans le goût paysan, et qui, entourée de quelques demeures réellement somptueuses, souffrait du manque de manières de la fille de la couturière attifée par une mère qui met tout son orgueil à l’habiller des mêmes étoffes et des mêmes atours que les filles de ses clientes. Mon grand-père l’avait achetée dans de très bonnes conditions vers la fin du siècle, peu d’années avant de prendre sa retraite. Il avait fini par être, tout au long d’une carrière de vicissitudes et d’efforts personnels à l’échelle péninsulaire, gérant d’une industrie de verre plat et fondé de pouvoir, associé, conseiller ou je ne sais quoi, d’une petite fabrique de verre soufflé, sœur de l’antérieure. Il avait également été garçon de pharmacie, droguiste, technicien du cadastre et eu je ne sais quelles activités mineures jusqu’à se convertir, le temps passant, en administrateur et en milicien. Il savait un peu de beaucoup de choses – en plus du système décimal qu’il connaissait avec une perfection qui devait faire rougir de honte tout Sèvres -, il savait mettre de niveau avec la seule aide d’un fil à plomb, d’une équerre et d’une corde qu’il rangeait dans un tiroir de l’armoire de sa chambre, il savait dresser le plan d’une propriété, faire des estimations et des greffes, tailler les vignes sur coursons et rédiger des requêtes (fruits en grande partie de la connaissance qu’il avait de toutes les formules et de leurs abréviations), raison pour laquelle il était reconnu comme un maître dans toute la contrée, et il s’écoulait rarement une semaine sans que nous eussions la visite d’un paysan venu de fort loin avec la prétention de remporter sous le bras une pétition écrite sur du papier non rogné, d’une écriture cursive dont la perfection devait causer à l’Administration une telle joie qu’elle ne lui laissait ni le temps ni l’envie de répondre à la demande ; il possédait aussi certaines notions de pharmacie et affirmait que seule sa maîtrise de la loi des mélanges lui permettait de préparer la formule expérimentale de sa fameuse liqueur ; et par-dessus le marché il se vantait de connaître par cœur quantité de morceaux d’opéra qu’il chantonnait pour lui, un peu avant les heures de repas, peut-être pour éviter toute nervosité due à la non comparution des autres membres de la famille mais, surtout, et en plus d’avoir mis quelques sous de côté, il avait réussi à donner à sa personne une certaine prestance et une dignité toute simple."
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