Depuis quelque vingt-cinq ans, une philosophie étonnante s'institue , qui n'a pas beaucoup d'égales en importance parmi les philosophies passées. Cette philosophie dépasse de beaucoup le système particulier d'un homme, ou même le courant intellectuel d'une époque. Elle est un bouleversement formidable de toute la philosophie. C'est, depuis que l'homme sait qu'il pense, la première fois qu'il secoue définitivement ses habitudes ancestrales de méditer sur le monde et sur lui-même.
La philosophie bergsonienne est, à la fois, au terme de l'ère intellectualiste, mécaniste et matérialiste qui meurt à cette heure, et au seuil de l'époque de la Force spirituelle qui va s'ouvrir. Et c'est déjà le spiritualisme dynamiste, c'est-à-dire le vrai spiritualisme vivant, — on l'appelle aujourd'hui le Bergsonisme, — qui, en lutte contre le lourd mécanisme matérialiste, a sauvé la France et la liberté européenne.
L'intellectualisme voit dans la connaissance désintéressée, spéculative, l'activité humaine par excellence, et, en vérité, la seule activité qui soit digne de l'homme.