Au moment de la parution de ce livre,
Bert Wagendorp était un chroniqueur apprécié de deux journaux célèbres, "De Volkskrant" (Pays-Bas) et "De Morgen" (Belgique). Lorsque un chroniqueur comme lui écrit un livre et obtient une longue interview dans de Morgen, pour lequel il travaille, avec une critique favorable, on fronce les sourcils. le livre en vaut-il vraiment la peine ?
En tout cas, les chiffres de vente sont énormes. Secrètement, Wagendorp avait espéré 5 000 exemplaires, car il savait que sa renommée en tant que chroniqueur l'aiderait. Mais à la fin du mois de juin, il avait déjà vendu 50 000 exemplaires (et c'est devenu bien plus depuis) !
Il est honnête à ce sujet. Il a été interrogé dans "De wereld draait door" (programme d'actualités léger néerlandais, jusqu'en 2020). "Dans ce cas, on est lancé", disait-il. En tant que chroniqueur, il avait également 25 000 followers sur Twitter. Et puis ce titre, "
Ventoux", juste avant le début des vacances...
Une chose que l'on peut dire sur
Bert Wagendorp : il ne souffre pas d'une fierté mal placée. Dans son interview dans de Morgen de l'époque, il est modeste, et très prudent, car il sait qu'il sera lancé par ses amis.
L'autre question est la suivante : le journal "De Morgen" fait-il preuve de la même modestie à l'égard de ses chroniqueurs ? Ce livre était-il vraiment digne de ces éloges ou étaient-ils exagérés ?
L'intrigue
Cinq hommes, cinq amis proches et leur petite amie Laura ont une vingtaine d'années et décident d'escalader le Mont
Ventoux (à vélo ou en voiture suiveuse). Plus tard, lorsqu'ils ont environ cinquante ans, ils recommencent.
Le livre parle d'amitié proche, parfois de cyclisme, mais pas beaucoup. Il s'agit également des blessures ouvertes de la jeunesse, et du fait que même les quinquagénaires ne peuvent pas se reposer tant que les blessures ne sont pas guéries.
Il s'agit d'un roman de vacances, d'un livre feelgood, ce qui ne signifie pas que la tristesse humaine, le mal-être mental et les crimes humains soient négligés.
Ventoux est aussi plein de réflexions désinvoltes, sur le temps par exemple. Elles sont généralement très superficielles. Ces philosophies rappellent les aphorismes qu'on rencontre constamment sur Facebook. À première vue, ils sont plutôt jolis, mais ils ne vous sont d'aucune utilité.
Problème de style
Au fur et à mesure que les pages tournaient, je pensais de plus en plus : "Il y a quelque chose avec ce livre. Mais quoi ?" Les dialogues étaient drôles. le rythme n'était pas vraiment bon mais pas mauvais non plus. Il n'y avait pas vraiment de suspense, mais qui demande ça d'un livre de vacances ? Et parfois, on a l'impression que l'auteur a suivi un bon cours d'écriture et applique les règles, mais l'écriture est et reste fluide.
Alors qu'est-ce qui m'a dérangée pendant que je le lisais ?
Finalement, je suis allée jusqu'au bout et j'ai lu la "Justification". Là j'ai trouvé l'explication.
Car Wagendorp, comme nous l'avons déjà dit, n'est pas seulement modeste, il est aussi honnête.
Scénario de film
Quelqu'un a téléphoné à
Bert Wagendorp pour lui demander s'il voulait écrire un scénario pour un film. Ça devait être quelque chose à propos de quatre hommes qui allaient escalader le Mont
Ventoux. de l'étude préliminaire du scénario que Wagendorp - avec l'aide d'une équipe - avait réalisée, il est apparu qu'il y avait non seulement un film, mais aussi un livre dans cette étude préliminaire.
Le résultat, malheureusement, est que nous ne lisons pas un livre : nous lisons un scénario de film qui a été transformé en livre. Ce n'est pas facile à réaliser sans gêner le lecteur. Partir d'un film assez superficiel d'une heure et demie pour en faire un livre de 250 pages ? Pas étonnant que les rêveries soient si superficielles, mais surtout que malgré les nombreux dialogues et les situations cocasses, le rythme ne soit pas tout à fait au rendez-vous. de plus, l'intrigue pèse trop peu. Peut-être pas pour un film qui procure du plaisir, mais certainement pour un livre qui devrait procure du plaisir.
Qui est l'auteur de quoi ?
La justification indique également qu'un certain nombre de scènes et de dialogues (nous ne savons pas lesquels) n'ont pas été écrits par
Bert Wagendorp. On ne fait pas un film tout seul. Toute une équipe a travaillé avec lui. Certains passages ont été écrits par d'autres. Il mentionne tout un tas de noms qui ont travaillé ensemble, comme Wim Opbrouck (acteur, présentateur, chanteur Flamand).
Ventoux !
Le fait que ce livre soit en fait un scénario de film a un avantage : il est vraiment bien documenté. C'est agréable de lire un livre qui se déroule sur le
Ventoux, où les hommes font du vélo. On peut découvrir toutes sortes de faits intéressants.
Injuste pour le lecteur
Dans l'interview de
Bert Wagendorp dans de Morgen, il n'est pas fait mention d'un scénario de film (ou que le plan original était un scénario de film). Peut-être que cela a été mentionné dans les critiques que le livre a reçues, je ne sais pas. En tout cas, je ne le savais pas quand j'ai décidé de lire le livre.
Les hommes parlent-ils vraiment comme ça ?
Outre l'intrigue, selon l'auteur, l'histoire traite également des amitiés masculines et de leur comportement lorsqu'une femme les rejoint. Wagendorp affirme que lorsque les femmes ne sont pas présentes, les hommes parlent et se comportent soudainement de manière très différente. Parce que les femmes n'ont pas accès au monde des hommes, il a voulu remédier à leur ignorance avec ce livre.
Pourtant, je connais la façon dont les hommes parlent, comme dans son livre. J'ai lu d'autres livres, écrits par d'autres hommes et sur des hommes, j'ai vu des séries à la télévision de ce style. Mais je connais ce comportement aussi de la réalité. Si on n'est pas une allumeuse qui monte les hommes les uns contre les autres, les hommes se laissent vraiment aller en la présence d'une femme, on peut les observer, on peut même se joindre à eux en tant que femme, de manière masculine. le seul problème est de connaitre suffisamment d'hommes, et d'être avec eux sans trop d'autres femmes autour. Si vous pouvez le faire, cela peut être amusant, surtout si vous êtes un peu garçon manqué (je préfère l'expression : moitié garçon).
Mentionnons également dans ce contexte que chaque être humain nait unique. C'est la culture qui contraint les hommes et les femmes à certains comportements et façons de parler. Mais les bébés ne naissent pas ainsi. C'est pourquoi tous les hommes et toutes les femmes ne sont pas satisfaits du comportement imposé. C'est pourquoi il y a des transgenres et des transsexuels, et on parle de plus en plus de la possibilité de ne pas indiquer le sexe sur la carte d'identité, pour les nombreuses personnes qui ne se sentent pas chez elles dans ce que la culture appelle "homme" ou "femme". Il est dommage que Wagendorp n'ait pas eu la profondeur nécessaire pour mentionner ce sujet, mais bon, il voulait rester léger dans ce livre.
Conclusion
Il est prouvé que l'on ne peut pas se fier aux critiques de livres / interviews publiées dans un journal dans lequel l'auteur est chroniqueur.
Il est également prouvé, comme le dit Wagendorp, que lorsqu'une personne a une position stratégique forte dans le monde des médias, son livre se vendra mieux que les livres écrits par des auteurs qui n'ont pas cette position.
Et :
Ventoux n'est pas un livre, c'est un texte sous forme de livre basé sur une étude pour un scénario de film, vous pouvez le sentir en le lisant.
Bon conseil
C'est un livre léger qui peut être amusant si vous avez le blues de l'hiver. Mais ne l'achetez pas. Empruntez-le à la bibliothèque. Vous ne le lirez pas plus d'une fois, et si vous vous ennuyez en le lisant, vous pourrez le rendre rapidement. Ainsi, vous ne serez pas frustré et votre dépression hivernale ne s'aggravera pas.