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Isabelle Rosselin (Traducteur)
EAN : 9782072982071
Gallimard (07/09/2023)
3.66/5   53 notes
Résumé :
En 1812, la jeune Mary séjourne en Écosse dans la famille d’Isabella, à peine plus âgée qu’elle. Ensemble, les deux adolescentes parcourent la lande et s’adonnent au frisson : ne seraient-ce pas des monstres qui les guettent parfois au détour de ces paysages torturés ? Les deux amies s’initient à regarder le monde qui les entoure et apprennent à y déceler désirs et mystères.
Quatre ans plus tard, Mary est devenue femme et mère, et séjourne au bord du lac Léma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Mary Shelley est mon autrice préférée : j'ai lu quasiment tous ses romans (il m'en manque juste un : Falkner), de nombreuses biographies et oeuvres dérivées sur sa vie et son oeuvre... Quand j'ai appris il y a quelques mois que parmi les romans de la rentrée littéraire de cette année, il y aurait un roman sur sa jeunesse, j'étais plus que ravie de cette nouvelle car je trouve que Mary Shelley est bien mal aimée en France, quand on voit le peu de choses publiées sur elle et sur ses romans... Je me suis donc jetée sur ce Mary dès sa sortie et je l'ai lu dans la foulée !

L'autrice a lu plusieurs biographies de Mary Shelley pour écrire ce roman (dont Romantic Outlaws, ma préférée !) et cela se sent à la lecture car on retrouve bien des éléments de la vie de l'autrice de Frankenstein à la lecture de Mary. Les passages à la villa Diodati notamment sont très réussis car on ressent bien l'ambiance qui devait y régner, entre discussions animées autour des sciences ou de la littérature, beuveries et ennui. Il y a aussi une foule de petits détails sur Mary Shelley, parfois un peu trop érudits peut-être pour qui n'est pas familier de sa vie mais on a une rapide présentation des différents personnages que l'on croise ou qui sont évoqués dans le roman en fin d'ouvrage.

Au niveau de l'intrigue, j'ai trouvé très intéressants certains choix d'Anne Eekhout (notamment le parti-pris d'un ménage à trois entre Mary, Claire et Percy, avec toutefois une zone de flou sur la nature réelle de la relation entre Claire et Percy), d'autres beaucoup moins : je n'ai en particulier pas compris l'intérêt et le but de la relation amoureuse entre Mary et Isabella...
L'intrigue de ce roman nous propose de découvrir ce qui dans le passé de Mary Shelley l'a inspiré pour écrire Frankenstein, et notamment ce fameux séjour en Écosse à l'adolescence : c'est une vraie réussite car Anne Eekhout dépeint une ambiance délicieusement gothique, pleine d'histoires de fantômes, de superstitions écossaises, de nature sauvage mais surtout un flou autour de certains événements (sont-ils réellement arrivés ? Mary les a-t-elle embellie à sa convenance ou les a-t-elle imaginé ?) Les pages défilent très vite car on a envie de savoir le fin mot de l'histoire et malheureusement c'est là que le bât blesse pour moi : la fin ne répond pas à toutes les questions que le roman a posé, je me suis demandé comment interpréter certains événements. C'est dommage car c'était une bonne idée d'utiliser ce pan assez méconnu de la vie de Mary Shelley pour le développer et montrer comment il a influencé l'écriture de Frankenstein.
Les passages en Suisse en 1816 m'ont plus séduites dans la mesure où ils nous donnent un portrait fidèle de Mary et de son couple avec Shelley : ses penchants dépressifs, sa difficulté à se remettre de la mort de sa fille, ses différences de point de vue sur leur couple... L'amitié entre Mary et Byron (et le respect de ce dernier pour son intelligence et son écriture), la complexité et l'ambiguïté du trio Mary / Percy / Claire sont très bien décrits également.

En résumé, Mary n'est pas un roman parfait pour moi car il y a certains choix, certaines directions prises par l'intrigue que je n'ai compris ou trouvés mal exploités. Mais cela reste un très bon roman pour en apprendre plus sur la vie de Mary Shelley. Je fais le voeu que ce roman ait du succès et incite enfin les éditeurs français à offrir à Mary Shelley la place qu'elle mérite et publier ses romans, ses journaux, sa correspondance... et d'autres romans inspirés de sa vie et de ses oeuvres (il y a une belle production anglaise sur le sujet).
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La Mary de ce roman est faite de bribes de l'autrice deFrankenstein et de fiction. Anne Eekhout s'inspire des journaux intimes, de cequ'on sait de Mary Shelley, et la réinvente, en fait l'héroïne d'un roman d'ambianceféministe et sensuel, empreint d'un mystère lourd qui emprunte au gothique etaux légendes écossaises (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/09/13/mary-anne-eekhout/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Dites Emily et l'on vous répondra certainement Brontë. Essayez Mary et vous récolterez un long silence ou bien le nom de Higgins Clark mais vraisemblablement pas Shelley. Écrire un futur classique comme Frankenstein, à moins de 20 ans, ce n'est pourtant pas rien même si le plus grand nombre des gens (pas les lecteurs, assurément) croient dur comme fer que Frankenstein est le nom du monstre et non celui de son créateur. Mais passons, le propos de Anne Eekhout dans Mary n'est pas d'analyser l'oeuvre littéraire mais d'en rechercher la source dans la jeune vie de son autrice, à travers une documentation solide mais en utilisant surtout les ressorts incomparables de la fiction. C'est ainsi que la romancière néerlandaise alterne deux périodes : un séjour en Écosse d'une Mary adolescente et, plus tard, son passage en Suisse auprès de Shelley et de Byron, notamment, alors qu'elle est devenue mère de famille et pleure la mort de son premier enfant. le livre ne quitte pas son héroïne d'une seule semelle, nous plongeant dans ses tourments, bonheurs, interrogations et fantasmes, au risque de se faire répétitive et un peu trop insistante dans sa psychologie. Dans le même temps, ses personnages "secondaires" sont très convaincants : une adolescente de l'âge de Mary et un homme qui aurait pu servir de modèle au Dr Frankenstein, en Écosse ; les deux poètes dans la résidence helvète. Si l'on doit choisir, c'est sans doute la plus jeune des Mary qui plaira davantage parce que la plus malléable et naïve encore et surtout parce que c'est là que la romancière doit faire preuve d'imagination, en créant un climat brumeux et équivoque aux confins du fantastique et de l'horreur.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Mary avant Mary Shelley… Quand j'ai vu ce roman d'Anne Eekhout avec mon repré il y a deux mois à la librairie, j'ai crié, j'avoue. J'aime trop les romans qui mettent en scène des auteur.ice.s. Ici, on suit Mary Shelley sur deux temporalités : en 1812, alors qu'elle a 14 ans et qu'elle séjourne chez des amis de son père en Écosse, où d'ailleurs elle se lie d'amitié avec Isabella, à peine plus âgée ; et en 1816, sur les bords du lac Léman en Suisse, lorsqu'elle y passe du temps avec son mari Percy et leurs amis lord Byron et John Polidori.

Dans Mary, on alterne les dates et les styles d'écriture : en 1812, on suit les aventures de Mary jeune fille écrites à la première personne comme si elle écrivait son journal, et en 1816, on redécouvre une jeune femme en proie à une profonde mélancolie, et en plein deuil. J'ai trouvé le contraste entre les deux parties très intéressant, d'autant plus que toutes les 50 pages à peu près on alterne, ce qui rend le tout bien rythmé. Et au-delà d'être un roman sur Mary Shelley, c'est avant tout un roman sur Mary, sur une femme du XIXe siècle qui a du mal à trouver sa place dans un monde d'hommes, qui a pour seule véritable amie son imagination débordante et son goût prononcé pour l'horreur, le gothique et les monstres. Sur cette jeune fille mal dans sa peau qui va se lier fortement avec une personne de son âge ; sur cette jeune femme en proie à une immense tristesse après avoir perdu son premier enfant. J'ai adoré l'ambiance gothique et fantastique qui s'installe peu à peu dans le dernier tiers du roman, et qui amène le lecteur à se demander si ce que vit et voit Mary est réel ou le fruit de son imagination… Mais je ne veux pas trop en révéler. J'ai adoré ce roman, d'autant plus que je connaissais très peu de la vie de Mary Shelley. Ça m'a donné envie de relire Frankenstein !
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Cette fiction historique nous plonge aux origines de l'écriture de Frankenstein, roman précurseur de la science-fiction moderne.
Le roman nous plonge en parallèle dans deux étés de Mary Godwin Wollstonecraft, pas encore Shelley. Celui de 1816 est le plus connu : c'est celui de son séjour avec sa demi-soeur Claire, Percy Shelley, Lord Byron et John Polidori. En effet, c'est lors d'une de ces soirées pluvieuses à la villa Diodati que Lord Byron propose à ses compagnons l'écriture d'un récit fantastique. Mary, profondément mélancolique, encore marquée par la perte de son premier enfant va alors s'y atteler lors de ses moments passés seule, entre discussions littéraires et moments d'ennuis. C'est l'été de 1812 qui va alors remonter à sa mémoire et lui donner ce dont elle a besoin pour l'écriture son histoire.
Cet été de 1812, raconté à la première personne est celui que Mary a passé en Ecosse auprès de la famille Baxter.
En développant le séjour de Mary en Ecosse, l'auteure redonne vie à une période peu connue de la vie de Mary Godwin, en installant une ambiance gothique, puisée dans les mythes écossais et la vision fantastique qu'avait la jeune Mary sur le monde, pour raconter cette partie du récit qui dévoile l'influence qu'a eu ce voyage en Ecosse sur l'écriture de Frankenstein.
L'alternance des chapitres, entre été 1816 et été 1812, l'un raconté à la 3e personne et l'autre à la première, permet de mieux comprendre l'évolution de Mary et les changements qui ont influencés son adolescence.
En présentant au lecteur deux Mary, la plus jeune pas tout à fait sortie de l'enfance explorant la nature écossaise, et celle qui est désormais adulte et mère, séjournant en Suisse avec ses amis, l'auteure brosse le portrait d'une écrivaine lors de la création d'un mythe littéraire qui impactera plusieurs générations.
Le style parvient à rendre visibles les sentiments et la jeunesse de Mary, plongeant le lecteur dans son intimité, au plus proche de ses pensées et ses émotions, pour un roman captivant indispensable aux amateurs de l'autrices et de Frankenstein.
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
16 octobre 2023
Très bon roman consacré à la femme de lettres britannique Mary Shelley.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Moi qui avais toujours voulu voir la mer, dans ce bateau rudimentaire, primitif, elle devenait une abominable fiancée. Elle me donnait la nausée, me privait de ma vivacité et de mes espoirs. Mais, quand je me sentais assez bien pour aller regarder, appuyée sur le bastingage de la proue sur le pont supérieur, les crêtes d'écume, quand la mer me projetait au visage ses éclaboussures salées et que le vent, avec une force sans cesse renouvelée, nettoyait et clarifiait tout de son souffle, c'est à ces moments-là que je la trouvais la plus belle, la plus délirante, la plus imposante, et je savais que mon aventure, ma vie avec elle, ne faisait que commencer.
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Je continuais de penser à l'histoire d'Alister le Conteur. Je trouvais étonnant, inquiétant et idiot qu'on puisse s'en prendre à votre inventivité parce que vous connaissiez ou reconnaissiez la vérité. Si l'imagination est le contraire de la vérité, la vision de le la vérité ne permet-elle pas plutôt d'attiser l'imagination . Ou la vérité présente-t-elle des caractéristiques qui endiguent l'imagination ? Qui l'isolent du monde, en font une contrevérité et par conséquent lui ôtent toute pertinence. Qui la privent de l'oxygène du monde, jusqu'à ce qu'elle devienne maigre et transparente, s'étiole lentement, parce que personne ne veut plus la voir et que, par conséquent, personne ne peut plus la voir. (p 261)
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Il y a, au fond, deux raisons d'être malheureux. La première est la mort, évidemment. La conscience de l'absurdité de toute chose, finalement, parce que tout a une fin. Le fait que tout ce qui a été ne sera plus rend le tout par définition superflu. Pourtant, la mort d'un être cher paraît chargée de sens. Et c'est précisément dans ce décalage entre les deux que réside la douleur. Mary est bien placée pour le savoir. Tous ceux qui ont vécu le savent. Ce qui annonce aussitôt la seconde raison : la vie. Il n'y a rien d'autre que la vie, nous n'avons rien d'autre que la vie, et c'est ce qui lui confère la plus haute importance, et nous souffrons. Quand ce n'est pas une souffrance physique, c'est une souffrance mentale. Un être humain naît avec une volonté. C'est ce qui anime sa vie. Mais un être humain obtient-il jamais ce qu'il veut ? Dans de rares cas. Et ensuite ? Ensuite il en veut davantage. Ou il veut autre chose. Les gens satisfaits n'existent pas. (p 207)
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Eprouvait-elle encore, tout comme moi, cette présence sombre en elle ? S'était-elle aussi endormie hier soir dans l'attente, dans l'espoir que c'était une sensation nocturne, une peur nocturne, qui le lendemain paraîtrait ridicule, risible, et avait-elle aussi ressenti dès le réveil cette fureur, la présence flagrante de ce ça, de cette chose qui s'était infiltrée en nous, à travers les fêlures de notre âme ? Quelque chose que nous ne pouvions pas nommer, qui était à la fois chagrin, peur et colère indomptable et se cramponnait à présent avec ses aiguillons, nous ensorcelait de l'intérieur, nous rendait plus lourdes, plus intenses, nous retirait brutalement notre enfance, en ce moment, maintenant. (p 109)
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Le lendemain matin, elle ne se souvient plus de ses pensées nocturnes, elle s'installe à son bureau et commence. D'abord ce sont des mots isolés. Puis viennent des phrases. Des idées s'accrochent à des souvenirs et tissent une histoire qui pourrait être vraie. Soudain elle se rend compte que ce qu'elle écrit était là depuis longtemps, attendant en trépignant d'impatience et en fissurant le désaveu de sortir de son cocon, et que cette chose est devenue laide, incolore et floue, car elle pensait être immontrable. Cette chose essaie sa voix, écorchée, insistante, elle crie. Mary écrit et la chose acquiert, par secousses, ses couleurs. C'est affreux. Et c'est là. (p 166)
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