La brûlure du chocolat

C'est quand on se souvient d'hier que l'on s'inquiète pour demain.

Ce soupir-là, je m’en souviendrai toute ma vie. C’est toujours un léger souffle qui annonce les plus violentes tempêtes. Celui-là précédait un ouragan. En soupirant, j’exhale mon regret et l’air qui traverse ma gorge ravive la fragrance amère du chocolat, l’aiguise et l’enflamme. Une chaleur mordante se répand dans ma bouche, commence par attiser cette sensation de gâchis jusqu’à ce que je comprenne deux choses. 

Le visage d'un enfant, lorsque c'est ton enfant, c'est la beauté à l'état pur, quand il est encore si proche de celui que tu as fabriqué dans ton ventre et que la vie n'a pas eu le temps de le modeler et de le blesser.

Un service rendu se transforme souvent en sévice quand le débiteur ne manque pas d’r

Et de le voir si seul et vulnérable, abandonné dans un monde où plus personne ne l'attend plus, étranger de sa propre existence parce que l'unique odeur connue, la seule cadence de coeur perçue, le son d'une voix, le rythme d'un corps, tout cela n'est plus, disparu à jamais sans même avoir eu le temps de lui dire adieu.

Une relation avec quelqu'un, c'est comme un échange, il faut être deux pour le nourrir. C'est un dialogue. Si l'un des deux se tait, ça devient un monologue.

Quelle étrange idée que celle d'interrompre son activité pour s'interroger sur la place du souvenir dans son mode fonctionnement. Il suffit pourtant d'être privé de la chose la plus insignifiante à nos yeux pour que celle-ci revête subitement une valeur inestimable.

Après c'est étrange c'est la première fois que j'ai quelques heures de solitude devant moi depuis ma sortie d'hôpital. Sentiment d’intense liberté, je me laisse porter par le vent sans me soucier d'un quelconque chemin, comme une feuille arrachée à sa branche( métaphore de l'arbre, généalogique bien entendu, les racines, le terreau)

Ne pas se souvenir pour ne jamais vieillir

Cette propension à reléguer le passé au rang des priorités secondaires la rendait peu rancunière. Elle n’était pas du genre à ruminer ses griefs durant de longues semaines pour les resservir en cubes sur le plateau glacé de la vengeance. Dans le même ordre d’idées, la nostalgie ne faisait pas partie de son tempérament. (p. 8)