La musique, celle qui évacue le langage, donc le vêtement, construit une passerelle, la seule apte à ne plus chercher à traduire verbeusement le silence, là où il n’y a plus d’arrière-monde ni d’après-monde.
Le poème est le don qui nous dérobe aux spoliations organisées de chaque société. Il déverrouille l’usure. Il fait périr le pourrissement, il fait voler en éclats les identités fausses.
Même les paupières closes, je vois le soleil incarnat. J’imagine alors un livre à lire les yeux fermés. À partir de notre nuit intime. Avec quelques persistances rétiniennes comme seuls éclairages. Et aussi avec cette question récurrente : que peut-on retenir de ce monde pour traverser les jours restants ?
José Acquelin – Anthologie affective.
Lecture du poète José Acquelin lors du colloque Le souffle long, à Toulouse, du 14 au 16 mars 2013.