Dehors la lumière sera la même. Et moi aussi je serai la même. Ni neuve ni recommencée. Rafistolée à peine.
Pourquoi la vie nous abîme à ce point ? Cette foutue dent qu'elle a contre nous est-ce qu'on a vraiment mérité ça ?
Personne ne bougeait, personne ne parlait. Ils étaient là égarés, perdus loin dans leurs songes ou leurs souvenirs, quand je croisais leurs yeux je contemplais des gouffres, des trous, des ravins des crevasses et rien d’autre. À quoi ils pouvaient penser ces types ? À ce qu’ils avaient traversé ?
Le silence, par exemple. Ce jour la comme n`importe quel autre il emplissait tout, me coicait la gorge dans un etau. Je pouvais le sentir me figer les sangs, me creuser les poumons d`un vide immense. Un cratere sans lave. Un desert.
Papa disait toujours que j'étais un ciel de mer du Nord.Versatile.Imprévisible.Capable de passer en un clin d'oeil du rire aux larmes,du gris charbon au bleu azur.
On s'aimait mais c'était planqué sous la graisse du quotidien et des emmerdes,une couche épaisse comme on en a tous.
Je ne connaissait aucun [de mes voisins] mais je savais tout d'eux. Ma vie était la leur, leur vie était la mienne, rien ne nous distinguait vraiment, rien ne distingue jamais vraiment personne. Le noyau dur est trop dur. Ici à l'abri des maisons, et partout ailleurs en France, toutes les vies se ressemblent. (...) A quelques détails près. Des variations mineures. Mais ce ne sont jamais que des détails. Des variations mineures. Et rien de plus.
Moi aussi j'en avais de ces peurs mesquines, de ces sentiments inavouables. J'ai pensé à ça, à ce que ça avait de salement égoïste, d'être là. A cette manière que ça avait de me rendre vivante tout à coup, de me rendre utile. Qu'est-ce que j'en avais à foutre de tous ces types au fond ? Peut-être rien. Peut-être. Je ne sais pas. Je ne saurai jamais.
Personne ne se remet jamais de rien. Il suffit de regarder les gens autour de nous. Ici et ailleurs. Dans la rue, dans les maisons, partout. Ce que chacun trimballe de casseroles, et qu'on enterre avec soi.
... j’étais un corps qui marche et rien d’autre, un corps qui vole un corps gazeux un corps en suspension, invisible, incolore indolore absent fondu élémentaire.