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Citations sur Falaises (104)

Le temps passait ainsi,on le tuait en le noyant dans l'alcool,en le saoulant de musique et de lumières,en le couvrant de sperme et de baisers.
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Tenter de forcer ma mémoire close m'apparaît alors comme une intolérable profanation.
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La vie m'a fait une table rase où Claire et moi nous nous asseyons,où Chloé s'est invitée, un sourire très doux au coin des lèvres.
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Nos vies sont les mêmes. Nos vies sont pareilles et désemparées. Nous avons grandi à l’ombre de nos pères menaçants et froids, dans la fragilité usée de nos mères, nous nous serrions les uns contre les autres au creux de cités gelées, de maisons identiques et horriblement silencieuses, au creux de rues rongées d’angoisse et d’ennui, au milieu d’adultes morts. Oui, nous avons grandi dans la terreur de nos pères, le silence inquiet de nos mères, le vide que creusaient les lieux abstraits, inexistants, sans périphérie ni centre. Nous n’étions ni riches ni pauvres, ni pauvres ni riches, nous ne croyions en rien ni en personne, et rien ni personne ne croyait en nous.
Nos vies sont les mêmes. Nos vies sont pareilles et sans recours. Nos enfances suintent l’ennui et la peur, nos adolescences se fracassent contre des murs invisibles, nos maisons se confondent et se noient dans le paysage immense. Et sans fin tandis que le temps passe, nous regardons les nôtres tomber un à un, nous les voyons s’enfoncer et disparaître. Aujourd’hui, nous marchons au hasard et nos pieds fraient dans les cendres. Nous n’avons pas connu l’histoire. Nous ignorons tout du sens de la marche. L’époque ne nous concerne pas et la société est une fiction trop immense pour seulement se la figurer. Nous allons et venons au gré du courant et tout nous glisse entre les doigts. Nous nous accrochons à ce qui nous rassure et nous retient, nous relie et ainsi, frottés les uns contre les autres sans jamais nous toucher, nous avons moins peur et quelque chose semble enfin se dessiner. Mais rien de précis ne s’affiche jamais nulle part, le vent souffle et le givre est partout. Noyés dans la masse, nous dérivons, tremblant de froid nous avançons, comme des têtards aveugles. Sous nos pas tout se dérobe, et dans nos mains la vie s’enfuit comme du sable entre les doigts. Et pourtant nous continuons, pour la plupart nous continuons. Nous essuyons la poussière sur nos mains, sur nos genoux. Nous séchons le sang sur nos paumes, nous croisons les doigts et ainsi nous croyons conjurer le malheur.
Nos vies sont les mêmes. Nos vies sont pareilles et défigurées. Nous pleurons les mêmes morts et vivons dans la compagnie sombre des fantômes, nos corps s’emmêlent et cherchent en vain l’impossible consolation. Infiniment perdues dans la foule, nos vies tiennent dans un dé à coudre. Et nous avons beau nous hisser sur la pointe des pieds, nous demeurons plus petits que nous-mêmes.
Nos vies sont les mêmes. Nos vies se débattent, crient dans la nuit, hurlent et tremblent de peur. Infiniment nous cherchons un abri. Un lieu où le vent souffle moins fort. Un endroit où aller. Et cet abri est un visage et ce visage nous suffit. pp. 205,206,207
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Quelqu’un me regarde, il y a quelqu’un dans mon dos, je me retourne, il n’y a personne, juste le voile que laisse une absence, une ombre qui se retire. Comme le creux que fait ma mère dans mon ventre, comme celui que fait mon enfance. Une empreinte, un fossé, à peine plus, à peine de quoi croire qu’il y eut quelque chose plutôt que rien. p.174
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Je ne veux pas penser à ce qui un jour l’a précipitée de l’autre côté alors qu’elle se retenait tout au bord, comme beaucoup d’entre nous, comme moi. Je ne veux pas songer à cela, ni à sa troublante ressemblance avec Lorette des derniers temps, leurs visages fissurés, désertés par le sang, la vie et le pouls du monde, ni à ma mère, à leurs morts parallèles et volontaires, leur détresse et leur égoïsme, leur manière de nier que je puisse les arrimer au monde, les y tenir, que je puisse faire une différence. Je ne peux que constater que ni l’une ni l’autre ne tenaient à moi quand moi j’aurais passé ma vie à tenir aux autres (...) p.177
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J'ai trente et un ans et ma vie commence. Je n'ai pas d'enfance et, désormais, n'importe laquelle me conviendra. Ma mère est morte et tous les miens s'en sont allés.
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Nous avons quitté Paris comme on sauve sa peau. Nous avons mis fin à ma vie de somnambule, mes heures de mort vivant , rognées par l'alcool, prostrées et débiles. La maison est à deux pas des falaises et d'une plage comme un croissant. La presqu'île s'enfonce loin dans la mer, la lande prend mille couleurs, mangée par les mûriers, la mousse et la bruyère, Crozon sent la fougère, la roche humide et la réglisse.
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Je suis ses traces et ma mémoire est comme le ciel où filent les nuages anthracite, mon enfance enfoncée sous combien de kilos de sable?
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