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Citations sur Falaises (104)

J'ai froid et le ciel s'éclaircit un peu. Au loin fraient des cargos. Sur les ponts rouillés passe infiniment mon frère et pour toujours peut-être. J'ignore s'il me manque, je crois qu'il fait partie d'une autre vie et que, depuis la mort de ma mère, j'ai appris à consentir à ce qui advient, à ne plus résister à rien. Je crois qu'en somme, le trou qu'elle a creusé en moi était déjà si large et profond qu'en y disparaissant il n'aura pu l'agrandir.
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Je sais que rien n'est fiable, que tout se défait, se fissure et se brise, que tout fane et que tout meurt. La vie abîme les vivants et personne, jamais, ne recolle les morceaux, ni ne les ramasse.
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Mon frère s'est réveillé un soir et, à ma grande surprise, ce ne fut pas plus étrange et extraordinaire que des yeux qui s'ouvrent et se posent sur ce qui les entoure, les murs et la fenêtre, les arbres qui se balancent, le ciel au loin, craquelé de rouge et de bleu crème ce soir-là, les immeubles puis moi, assis dans le grand fauteuil, sous le téléviseur suspendu. Il m'a souri faiblement, a refermé les yeux un moment. Quand il les a rouverts, j'étais près de lui.
- Tu as fait semblant, hein ? T'étais pas dans le coma, en vrai ?
Il s'est tourné vers moi, pris dans les brumes. Il m'a regardé longuement, ses yeux s'appuyaient sur mon visage, sans reproche, sans ironie, sans tristesse. On y lisait juste la fatigue et la détresse. D'une voix pâteuse il m'a demandé où était maman. A l'expression de son visage, j'ai compris qu'après six semaines hors du monde il espérait de tout son cœur avoir fait un mauvais rêve.
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Je sais le poids des morts. Et je sais le mauvais sort. Je sais la perte et le saccage, le goût du sang, les années perdues et celles qui coulent entre les doigts. Je connais la profondeur des sables, j'en ai éprouvé la résistance, la matière meuble, équivoque. Je sais que rien n'est fiable, que tout se défait, se fissure et se brise, que tout fane et que tout meurt. La vie abîme les vivants et personne, jamais, ne recolle les morceaux, ni ne les ramasse.
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Cette vie ne m'a guéri de rien, elle était juste possible, quand aucune autre ne l'était, et surtout pas celle que je venais de quitter. C'était une vie de silence et de vide, d'absence et de présence aiguë aux choses, aux variations de la lumière, au mouvement immobile des eaux, aux parfums, à la texture de l'air. C'était une vie où enfin je trouvais une place, en retrait de toutes choses mais tranquille, un corps que l'on emplit d'air et d'embruns, un cerveau qu'occupent tout en entier le bruit de la mer et du vent, la fréquentation des oiseaux.
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J'en étais persuadé à mon tour : mon frère faisait semblant de dormir. Non pas pour emmerder le monde, comme le pensait mon père. Mais pour qu'on le laisse en paix. Qu'on le laisse à son chagrin. Pour garder les yeux fermés et conserver sur la rétine des images intactes de ma mère. Ne rien oublier. Ne rien perdre. Tout conserver à l'intérieur et que rien ne s'échappe.
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Elle arborait un air craintif, ce même air qu'ont toujours les gens quand un inconnu les aborde, comme si le monde était peuplé seulement d'égorgeurs et de violeurs d'enfants, comme si le monde ressemblait vraiment à l'indigente fiction qu'en offrent les journaux télévisés
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Longtemps, elle est venue me visiter, de jour comme de nuit, et parfois encore aujourd'hui. Les premières années, ses apparitions quasi quotidiennes ont dépassé le strict domaine des rêves et des cauchemars, des souvenirs ou de la mémoire, pour gagner celui de l'hallucination. Bien sûr je rêvais d'elle et elle était vivante, me parlait, me souriait, passait les doigts dans mes cheveux, prenait ma main dans la sienne et m'entraînait dans la forêt, les arbres dégoûtaient d'une pluie récente, elle se hissait sur la pointe des pieds et le bout de sa langue recueillait de minuscules perles d'eau.
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Ce qui s'efface de nos cerveaux s'efface aussi de nos corps, de notre sang, de notre vie,ne laisse aucune, ne creuse aucune empreinte,sinon celle d'un vide absolu,vertigineux et froid.
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Chloé est née et je sais désormais que je ne pourrai pas mourir. Et je préfère ne pas comprendre que moi aussi, j'étais né et que ça n'a rien empêché.
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