AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Falaises (104)

Je sais le poid des morts. Et je sais le mauvais sort. Je sais la perte et le sacage, le goût du sang, les années perdues et celles qui coulent entre les doigts.... Le vie abîme les vivants et personne, jamais, ne recolle les morceaux, ni ne les ramasse.
Commenter  J’apprécie          20
Avec le recul des années, je me dis qu'au fond, tout ce temps, je n'ai jamais rien fait à la hauteur de ma douleur.
Commenter  J’apprécie          10
Toutes ces années, tapi dans cette chambre au fond d'un couloir étroit, terré pour que jamais mon père ni personne ne me retrouve, c'était un peu comme vivre en clinique. Un long séjour sans docteurs ni d'autres médicaments que l'alcool. Il y avait des chambres, mes voisins étaient des patients, et nous nous croisions parfois. Nous sortions de temps en temps mais nous revenions toujours. Deux ans plus tard, on m'a rapatrié de Lisbonne en urgence. J'ai passé quelques semaines dans une galerie de pavillons qu'entourait un parc aux arbres nus et aux bancs recouverts de givre, et ce n'était pas si différent quand j'y pense.
Commenter  J’apprécie          10
Ma mère a été enterrée un matin de lumière crue, de soleil abrasif. Une cérémonie s'est tenue dans une église laide et cubique, nichée à l'angle de deux rues, entre une pharmacie et une agence immobilière, à proximité d'un panneau Saint-Maclou. Je me souviens de mes oncles suants et rouges, à l'étroit dans leurs costumes noirs, leurs souliers cirés, de mes tantes au maquillage coulé. A cet instant déjà je pressentais qu'ils chercheraient toujours à nous éviter, à ne surtout pas savoir comment nous nous en sortirions, comment nous allions vivre tous les trois, avec notre mère suicidée, notre épouse démantibulée. Comme si notre malheur pouvait les contaminer, se propager jusque chez eux et y semer la mort, la folie, la dépression. A cet instant aussi, à leurs masques grossiers le long de la nationale, j'ai compris qu'ils l'avaient toujours haïe, elle et ses drôles de manières, ses airs d'oiseau.
Commenter  J’apprécie          10
Dans la chambre tiède, l'air est rempli du parfum de ma fille, de l'odeur de sa mère. Je m'allonge près d'elles. Chloé grogne et je respire ses cheveux, son odeur de savon, d'eau de cassis et de lait. J'embrasse son cou, ses doigts minuscules, son épaule. Elle ouvre les yeux un instant, murmure 'papa' et se rendort aussitôt.
Il y a maintenant deux ans qu'elle est née, qu'elle est près de moi et me protège. Deux ans et j'ai souvent l'impression qu'avant ça rien n'a existé, rien n'a eu lieu, qu'à nouveau ma mémoire se ferme à double tour, et entraîne les trente années qui ont précédé dans un lieu caché de mon cerveau. Un lieu sans importance désormais.
Commenter  J’apprécie          10
Une fois morte, elle n'a cessé de m'accompagner, de vivre auprès de moi, de saturer chaque moment de sa présence, chaque parcelle d'air de son souvenir et du mystère de ma mémoire trouée. Longtemps elle est venue me visiter, de jour comme de nuit, et parfois encore aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          10
On ne sait jamais rien de ce qui se noue entre les êtres, eux-mêmes souvent l'ignorent, et le découvrent en se perdant.
Commenter  J’apprécie          10
Ici la nuit est profonde et noire comme le monde. De l'autre côté des baies vitrées, séparée du dehors et des falaises, protégée du bruit de la mer et de la compagnie des oiseaux, Claire dort et qui sait où nous allons. Chloé est dans ses bras, paisible et légère contre sa poitrine. J'allume des bougies dans la nuit. Ma main plonge dans le plastique transparent, j'en sors de petits ronds d'aluminium remplis de cire blanche. Je craque une allumette. Il y a vingt ans que ma mère est morte. Vingt ans jour pour jour.
Commenter  J’apprécie          10
La pièce d'eau, les bancs alignés, le grand bouleau qui frissonnait près de la bâtisse, le sapin au milieu de la pelouse, les cerisiers en fleur, j'ai tout gardé en mémoire imprécise.
Commenter  J’apprécie          10
Mon frère changeait comme on s'efface,se recommence et,dans ce processus irréversible,bientôt je fus la dernière trace d'une vie passée,et qu'il voulait oublier.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (1557) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Olivier ADAM : cinéma

    Quel acteur tient le rôle principal (Paul) dans l'adaptation cinéma "Des vents contraires", qui sortira à la fin de l'année 2011 ?

    Romain Duris
    Benoît Magimel
    Olivier Sitruk
    Edouard Baer

    8 questions
    157 lecteurs ont répondu
    Thème : Olivier AdamCréer un quiz sur ce livre

    {* *}