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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une si longue absence

Avec son second roman Juliette Adam replonge en enfance. Bouleversée par le retour d'Émilie, cette «meilleure» amie si fascinante et si mystérieuse, elle va tenter de comprendre comment sa vie s'est construite à l'aune de celle de sa voisine.

Pour parler de Zoé et d'Émilie, il vaut peut-être mieux commencer par dire quelques mots de leurs mères. Lisa avait 18 ans lorsqu'elle a fait la connaissance de Morgane. À compter de ce moment, les deux femmes ne sont plus quittées, même si leur parcours professionnel était bien différent. Elles ont trouvé une colocation dans un appartement situé dans une ville côtière de Bretagne et tandis que Lisa partait à Rennes pour y suivre des cours de journalisme, Morgane travaillait à Bricorama. Quand un homme est entré dans leurs vies respectives, elles ont trouvé deux pavillons qui se faisaient face. Mariage et enfants ont suivi. Et Zoé est née avec une semaine d'écart d'Émilie, dans le même hôpital. Les deux filles ont alors grandi ensemble, même si là encore, leurs personnalités étaient bien différentes. Pour Zoé, la fille et la mère ont quelque chose de fascinant, d'étincelant. «Elle portait une telle lumière en elle. J'avais l'impression qu'elle pouvait venir à bout des ténèbres les plus tenaces, éclairer les profondeurs, tenir à distance la noirceur. Morgane me faisait l'effet d'un ange qui errait sur terre depuis bien trop longtemps et qui pourtant n'arrivait toujours pas à s'en lasser. Elle me montrait qu'on pouvait vivre autrement, qu'un ailleurs était possible, sans même avoir à partir.» Ajoutons que l'aura d'Émilie gagne encore un intensité grâce à son don de voyance. Ses prémonitions s'avéraient souvent justes, annonçant le décès prochain d'une grand-mère ou encore la catastrophe de Fukushima. Mais au fil des jours les liens se distendent entre la première de classe et la marginale. Jusqu'à ce jour où, de retour de voyage, Zoé découvre un panneau «maison vendue» sur le pavillon d'en face et apprend que ses voisines sont parties «dans le sud».
Commence alors une longue période sans nouvelles. Malgré tous les efforts déployés par Zoé, elle n'entendra plus parler de son ami, ni de sa mère.
Et soudain, comme le chapitre initial nous l'a appris, Émilie est de retour, comme si elle avait toujours été là, retrouvant son ami dans le salon de thé où elle travaille régulièrement.
Juliette Adam rend parfaitement bien l'état d'esprit de sa narratrice, entre l'émerveillement et l'incompréhension. Elle sent qu'elle est manipulée, mais veut croire que leurs liens sont très forts. En fait, elle est aveuglée par un attachement qui vire à l'obsession, qui l'empêche de construire une vie qui ne tiendrait pas compte d'Émilie. le tout sur fond de mystère, de ce trou noir – cette si longue absence – dont elle va tenter de comprendre la cause.


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Au départ, tout fonctionne à merveille entre la famille de Zoé et celle d'Émilie, leurs mères, Lisa et Morgane sont les meilleures amies du monde et ce depuis leur rencontre. Elles ont tout vécu ensemble, jusqu'à leur grossesse, donnant parfois l'impression que leur amitié presque amoureuse tant elle est fusionnelle flirte avec la toxicité.

Le père de Zoé est marin, donc souvent absent, son frère Raphaël dont elle fut proche durant l'enfance a brusquement pris ses distances, avant de se perdre dans les amitiés dangereuses, la petite délinquance…

Émilie n'a pas connu son père, elle ne sait même pas de qui il s'agit. Elle est « différente » comme on dit, hypersensible, elle ne supporte pas qu'on la touche, elle est harcelée à l'école, car elle fait des rêves prémonitoires qui poussent les autres à la traiter de sorcière. Brave petit soldat Zoé veille.

Tout ce fragile équilibre explose un jour, sans crier gare Émilie et sa mère sont parties sans laisser d'adresse. Zoé a très bien compris qu'il s'est passé quelque chose de grave entre leurs mères, mais c'est l'omerta avec tous les dégâts que cela engendre. Peu à peu elle va rejeter cette mère qu'elle juge coupable.

Alors qu'elle était très bonne élève, sociable, aimée de tous, elle est tellement désorientée par ce départ, qu'elle devient l'ombre d'elle-même, se lancera dans des études de théâtre sans conviction, vivant de petits boulots ; seul son ami Tristan arrive à la maintenir en vie (mode survie plutôt) en lui proposant même de jouer dans le court-métrage qu'il commence à tourner.

Lorsqu'elles se revoient quelques années plus tard, travaillant dans le même café-restaurant, Émilie est réticente, néanmoins, des liens se retissent mais il est hors de question que Zoé en parle à sa mère.

Juliette Adam nous raconte une très belle histoire d'amitié, sur fond de secrets, de vies bouleversées, de liens familiaux qui se tendent jusqu'à l'extrême. Elle analyse avec beaucoup de sensibilité les liens entre les deux jeunes filles, les différences, l'hypersensibilité de l'une, l'autre qui se transforme en mère Térésa, hyper-protectrice avec les autres, se négligeant elle-même, la présence symbolique ou physique du père, les couples trop fusionnels, sur fond de dépression…

Elle parle également avec finesse de la fascination de Zoé pour la mère d'Émilie, tellement plus flamboyante que sa propre mère, et des difficultés que cela peut entraîner, tant pour se construire que pour la possibilité de pardonner.

J'ai beaucoup aimé ce roman, les personnages sont bien analysés, ont de la profondeur, l'auteure ne sombre jamais dans la mièvrerie, ou la romance. Juliette Adam parle très bien de la fragilité des êtres, de leurs fêlures, qui finalement viennent faire écho aux nôtres, dans ce monde moderne si compliqué.

Je n'ai pas lu son premier roman, car j'étais un peu réticente, je méfie toujours un peu des filles ou fils de… et il se trouve que j'aime bien le style d'Olivier Adam dont j'ai lu plusieurs romans, et je n'ai pas eu le réflexe de comparer, je me suis laissée porter par le récit et j'ai passé un bon moment.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Fayard qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure.

#Nosmainsdanslanuit #NetGalleyFrance !
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J'aime les histoires de femmes entre elles. de tout ce qui se joue dans les amitiés féminines. Dans ce roman de Juliette Adam, il y a les mères et les filles. Les pères sont peu présents voire carrément absents. Lisa, Morgane, Zoé et Émilie c'est un quatuor où tout le monde finira par jouer solo. Un peu sorcière, un peu paumée, chacune tente de tracer un chemin en s'appuyant sur l'une puis sur l'autre.

Il n'y a aucune idéalisation. Dès le début, on pressent que quelque chose ne va pas. Que les affinités sont déséquilibrées. Que ça ne peut pas tenir à ce rythme, à cette intensité. Que la rupture est proche. Des amitiés sur ligne de crête. Ces deux femmes se regardent dans leur rôle de mère. Et les deux filles sont-elles vraiment amies ? L'une admire l'autre, la craint, cherche à percer le mystère de sa solitude. Un départ précipité et tout sera à jamais changé.

Juliette Adam souligne le difficile passage à l'âge adulte. L'émancipation qui passe par une rupture plus ou moins assumée avec la mère. Par le moment encore plus délicat où il faut regarder ses parents en adultes. Elle le fait avec beaucoup de finesse. Sans être totalement emportée, j'ai malgré tout aimé mon séjour sur une plage bretonne en compagnie de femmes en quête d'elles-mêmes. Et d'hommes au second plan qui ne savent pas si leur place est là où ailleurs.

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Sensible. Complexe. Percutant.
▪️
Avec ce livre, j'ai d'abord retrouvé la plume de Juliette Adam que j'aime tant. Je me souviens avoir adoré son premier roman, j'ai accueilli son second avec grand plaisir. C'est un roman qui traite de l'entrée dans l'âge adulte. Ce moment flou, incertain, entre la fin de l'adolescence, et le début de la vie de jeune adulte. Les souvenirs, la nostalgie, le concret. C'est un roman qui m'a beaucoup touchée.
▪️
Zoé vient d'une famille décousue. Entre Raphaël, son frère abîmé, sa mère qui lui cache des choses, et son père avec qui elle n'a jamais su communiquer, elle a du mal à trouver sa place. le temps d'un été, elle essayera de se construire. Mais la disparition d'Emilie l'intrigue, la fascine, l'obsède. Ce qui créera un véritable séisme dans sa vie.
▪️
Tellement de sujets forts sont abordés dans ce roman : la distance des proches, le manque de repères, l'absence marquante de certaines personnes et la complexité des relations. Quand on entre dans l'âge adulte, alors qu'on essaye de se construire, les repères et l'entourage sont un important soutien, quelque chose de nécessaire. Pour Zoé, c'est compliqué.
L'auteure choisi ses mots avec grand soin, nous dévoilant une sensibilité assumée et une grande maturité.
Autant du côté familial que du côté amical, l'emphase est mise sur les relations. Émilie, la jeune fille réservée, effacée, et Zoé, populaire, étaient amies. Et puis d'un coup, l'abandon.
Quand elles se retrouvent quelques années plus tard, c'est complexe. Comment passer au dessus du sentiment d'abandon? Peut-on laisser le poids du passé nous assommer ? Comment aller de l'avant sereinement ?
J'ai été transportée par cette histoire et par la plume de Juliette Adam. C'est un roman dont je me souviendrai.
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