Nouvel opus de cet auteur prolifique et dont la couleur de ses écrits mi mélancolique – mi dramatique de nos quotidiens ne me laisse jamais indifférent.
C'est à l'exploration d'une nouvelle chronique familiale que nous plonge cette fois
Olivier Adam. On le sait, les secrets ou les non-dits au sein de nos familles, sont pour lui source d'inspiration et de descriptions d'une société en crise morale. A la lecture de ce livre, on ne peut rester insensible aux rappels d'affaires politiques et sexuelles récentes dans lesquelles,
Olivier Adam n'a pas manqué de s'inspirer même si heureusement, cela reste en bordure de ce récit.
Récit de vie donc pour Antoine, le principal personnage du roman, en rupture de famille et minimaliste dans ses liens sociaux, pour des raisons que l'on découvrira au fur et à mesure de ces 266 pages. A priori, exclu du monde volontaire, Antoine passe son temps entre un emploi de plus ou moins permanent dans une librairie dans une ville en bord de mer (Saint Malo ?) et une relation plus ou moins amoureuse vécue en pointillé lorsque surgit l'évènement (toujours celui qui bouleverse la donne dans de nombreux romans d'Adam) ; la mort d'un homme politique, Jean François Laborde, plus ou moins en vogue et ayant été au coeur d'une affaire de viol très sur médiatisée. Ces circonstances posées, Antoine va, à l'annonce de ce qui pourrait semblait être un fait divers (mort accidentelle d'un ancien élu) se retrouver plonger dans son adolescence et ce qui fut l'origine de l'explosion de son noyau familial et à sa rupture avec ses parents, son ancienne petite amie et son frère. En touches sensibles et de plus en plus précises,
Olivier Adam va explorer les sentiments et les réactions d'une famille, à priori classique, lorsqu'un de ses membre (la mère) est impliquée dans une histoire sordide car maîtresse et complice supposée de Jean François Laborde. Une famille, jusque là très grise où la fratrie n'est pas des plus choyée, où le quotidien et le délitement des sentiments sont monnaie courantes. Une mère au foyer, ex mannequin, convertie à la politique, probablement désenchantée et dépourvue de véritables sentiments maternels et conjugaux, un père, le plus souvent au travail, deux adolescents dont Antoine est l'aîné et le moins sensible, un portrait bien commun d'une certaine société middle-class dans une banlieue plus ou moins dorée de Paris….. Lorsque l'affaire des viols éclatent, c'est un coup de tonnerre extraordinaire dans cette petite société et chacun le gère étonnamment ; les frères semblent les plus touchés, entre un père qui ne les autorise en aucun cas à y croire ni à évoquer ce qu'il veut continuer à croire comme mensonger. Antoine, le narrateur, en révolte, va trouver refuge chez les parents d'un copain de collège, opposant un rejet pur et simple de son père et de sa mère, se rapprochant paradoxalement de la fille de Jean François Laborde, pour associer une douleur et une haine à leur parent. Camille, son frère, lui subit avec beaucoup de mal les propos de ces camarades de collège, sans réels amis ni complicité fraternel qui pourraient le soutenir, prend la fuite pour aller vivre chez son oncle, loin de la maison.
On l'imagine, à travers ces parcours, une certaine quête de la vérité, le talent d'
Olivier Adam, avec une plume précise et concise, poursuit son diagnostic et parcours littéraire sur une société de solitudes, mixant amoralité et indifférence comme des spécificités des fratries ou des relations amoureuses. Une enquête précise se dessine alors, celle du narrateur pour comprendre son mal-être, ses ruptures et la part de vérité la plus complète sur l'importance réelle ou supposée de son parcours solitaire et se voulant sans attache…. Replis sur soi, incertitude quant à la vérité de l'affaire, retour ou non dans la ville de son enfance aux obsèques de Laborde pour affronter ses fantômes, renouer ou non avec son frère et son ex amie…. Toutes les hypothèses s'offrent au lecteur avec le même plaisir teinté d'une certaine amertume d'une société peu avenante et compréhensive, trop soumise à l'importance des faits divers et un voyeurisme malsain. Beauté des portraits, parfois inachevés ou juste ébauchés, des paysages et diagnostic sans faille..
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