Les tout premiers mots du roman vous plongent d'emblée dans l'univers adamesque : le narrateur, Antoine, traîne son vague à l'âme en bord de mer, hors saison. Introspectif, il s'interroge sur sa place et le sens de sa vie. Ici, il est libraire. La ville balnéaire n'est pas nommée, mais l'évocation des remparts autorise à imaginer Saint-Malo.
A l'annonce de la mort d'un homme politique, Jean-François
Laborde, le narrateur est rattrapé par son passé. La suite du roman est un retour sur l'adolescence du narrateur, époque où un drame s'est produit. le maire de la ville de banlieue où il a grandi, Jean-François
Laborde, est accusé alors d'agression sexuelle par une employée de la ville et son amie. La mère du narrateur, très proche du maire, adjointe chargée de l'éducation, est impliquée dans l'affaire.
Olivier Adam se concentre sur les conséquences de l'évènement sur la vie familiale de l'adolescent. Avec un père incapable de communiquer autrement que par la violence, et une mère absente, Antoine et son jeune frère, Camille, sont à la fois exposés à la vindicte populaire et à la fureur paternelle.
On connaît le talent d'
Olivier Adam lorsqu'il s'agit de traiter la question des relations intra familiales. C'est un sujet omniprésent dans son oeuvre. Ses personnages sont tous des écorchés qui ont subi une maltraitance psychique jamais nommée dans leur jeunesse. L'expérience malheureuse en fait des êtres cassés, incapables de construire une vie personnelle sereine. Ils traînent leur mal-être lamentablement, et pour le tromper, se livrent à des addictions, et fuient une réalité difficilement supportable.
Antoine adolescent devient le confident de Laeticia, la fille de
Laborde, qui se révolte, comme lui, contre la perversité de leurs parents. Ils se trouvent réunis dans une dérive à la Diabolo menthe.
Olivier Adam exprime avec justesse l'état d'esprit des ados, leurs prises de conscience et leur indignation. le personnage de la mère, énigmatique, car impossible à décrypter pour Antoine, sera dévoilé en fin de roman.
Olivier Adam met en scène de façon magistrale l'hypocrisie sociale, la perversité du pouvoir, et les dégâts qu'elles provoquent. Son roman, très sombre, est animé d'une révolte adolescente contre un système corrompu. Les très beaux passages descriptifs du bord de mer hors saison apportent une respiration bienvenue. La fin ouvre toutefois des perspectives. L'auteur pourrait imaginer une suite du type "dix ans plus tard". S'y collera-t-il?