AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9781247723884
342 pages
Nabu Press (06/10/2011)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Nous n’avons pas encore dans notre base la description de l’éditeur (quatrième de couverture)
Ajouter la description de l’éditeur

Vous pouvez également contribuer à la description collective rédigée par les membres de Babelio.
Contribuer à la description collective
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Anarchiste, excessif, partial, manichéen et misogyne à l'extrême ; humaniste et chrétien sans pardon ; idéal et pragmatique ; cynique et réaliste ; négatif obstiné et visionnaire souvent faux ; Adam dresse ici la peinture fauve et cruelle d'un siècle confit d'hypocrisies et d'injustices qu'il abhorre, accuse, dépeint et aspire à abattre, par les bombes meurtrières ou par la révolte silencieuse de ceux qui souffrent, surtout des pauvres. Un suint d'acidité vengeur coule en ses pages méprisantes ou martyres où même le prolétaire désabusé se contente de sa lâcheté d'agir, où même le mendiant renâcle à se battre, où la jeunesse s'adapte complaisamment aux vieillards pour se marchander entre des mains de scandale plus ou moins juives et largement obscènes. Les turpitudes et le lucre, le stupre et les prétextes, inondent Paris qui inféode à son train de vie répugnant la vie des provinces, annihilant toute hauteur et toute bonté en l'âme humaine ; et la débâcle Panamique, après celle de 1870, succède à la tyrannie des révolutionnaires ayant fait le bonheur des bourgeois ; il faut tuer pour renverser, ce livre est un appel explicite à l'assassinat courageux selon l'exemple de Ravachol et à la guerre initiatrice contre la spoliation perpétuelle et le vice (guerre d'ailleurs inattendue : la France étant prête aux combats depuis qu'elle s'arme dispendieusement contre l'Allemagne et joue au matamore, il lui faudrait en profiter pour s'unir à cette voisine en une expédition européenne et se lancer à l'assaut de… l'Asie, à dessein d'y fonder un anarchisme international concret, comme les kibboutz ultérieurs, au prétexte de lutter contre des régimes d'oppression sur tant de terres disponibles à défricher !). le crachat ironique et biliaire, plus salissant et défigurant peut-être que ne le méritent ses motifs d'opprobre, proche au ton des caricatures de journaux, par opportunité religieuse et préjugé partisan se déverse sans retenue et veut faire d'emblée de l'amant un malintentionné et systématique suborneur, attribue d'évidence à la femme un « besoin d'ignominie » (page 113) et un « amour de l'immonde » (page 114), et ne se retient pas de proclamer la prééminence d'une relation sentimentale telle que :
« Pour moi, je suis très amoureux depuis longtemps de la Joconde qui trône au musée du Louvre. Je crois bien que personne d'autre ne lui a jamais baisé l'ongle. Moi non plus. En pensant à elle, parfois je m'abandonne à des soins mercenaires. Et ainsi je fréquente le bonheur. » (page 116)
Toute politique selon lui est corrompue dans le conservatisme des riches ; l'histoire de France est un mensonge dont la morale est pérennisée au profit des puissants et afin de garder humblement soumise la mentalité de ceux qui auraient sans elle intérêt d'agir ; le vieillard n'a si longtemps vécu que par compromissions successives ; et l'anarchiste, finalement comble, est également devenu une créature de mode et de profit : un dégoût immense et voué à l'immobilité imbibe toutes les strates pourries de la société stupide et jouisseuse, accapareuse et débauchée, vile et prosaïque. Adam poursuit d'élans monstrueux et d'accusations diffamatoires les plaisirs de l'argent, ceux qui incitent à l'immondice désinhibée, et c'est ainsi que tout député entretient une cocotte pour laquelle il dépense le trésor d'une nation entière, que le socialiste versatile ne fait qu'attendre une reconnaissance – politique ou financière – où s'éteindront ses aspirations et ses engagements premiers, que des influences scabreuses placent le décideur uniquement du côté où le favorise la fortune, que rien n'est propre, que Paris pue à perpétuité l'égout et la fosse commune, qu'elle incarne la réécriture continue de la France vantarde et surestimée, sans cesse gâchée de valeurs, et confinée à la légalité des profiteurs et à la promotion de la passivité qui lui est exclusivement propice ; il faut donc tout renverser par la grève, par le crime individuel ou collectif, par la violence qui est parangon de l'action, tout c'est-à-dire l'état global des moeurs contribuant à la sclérose du bien en mal et à la décadence des bonnes volontés en contentements malsains, suivant un fatal mécanisme de corruption que la société institue :
« Respecter l'ordre, la légalité ! Qu'est-ce donc que l'ordre sinon la sécurité des spéculateurs qui tremblent au moindre tressaillement populaire et ne désirent rien autre que de savoir la plèbe-martyr pâtir sans bruit, sans ostentation afin que le remords de son supplice ne les étouffe dans la jouissance et dans la digestion ? […] La légalité ? Mais la légalité, c'est l'expression du pouvoir ? les ordonnances de Charles X étaient la légalité, comme la loi sur le sacrilège, comme l'empire au lendemain du Deux Décembre, comme l'ordre moral au 16 mai, comme la faction Rouvier-Rotschild aujourd'hui. Depuis le premier an du siècle il y a eu la légalité du Consulat, celle du Premier Empire, celle de la Restauration, celle de 1830, de Louis-Philippe, de 1848, De Lamartine, de Cavaignac, de Louis Bonaparte, de M. Thiers, de Jules Ferry, de M. Constans. Si le peuple n'avait jamais touché à la légalité, il vivrait encore sous le régime des Ordonnances et du ministère Polignac. Quelle plaisanterie : ne pas violer la légalité ! » (page 281).
Les doigts d'Adam transpirent d'envies véhémentes et bouleversantes qui l'oppriment d'intenté et d'inexploré, où l'on devine le tremblement ; il excite fort les passions destructrices et réformatrices, interpelle pour tuer, réclame les chamboulements puissants de l'endroit même où il estime qu'ils doivent venir, ou il invective, injurie, calomnie les pusillanimes et les faux, commandant plus qu'il n'implore, en distance de mépris souverain : cet énervement appréhende les ressources potentielles endormies de chacun, qu'on lit dans nombre de nouvelles qui servent curieusement d'illustrations à ses pensées, comme celle intitulée « L'Inéluctable », récit d'un meurtre préparé, aux motifs psychologiques fascinants et d'une psychologie troublante, poussé par la misère et accompli à son but malgré l'inutilité progressive de l'acte, comme une dérisoire destinée immiscée en le corps et n'en pouvant plus sortir, car l'ordre impérieux, insinué comme une immanente justice, est fixé de perpétrer.
Rarement l'esprit froid, exact, rationnel, assez pénétrant, même péremptoire, comme ici, s'agissant de définir la critique :
« Pour la plupart des écrivains qui la signent, la critique semble le prétexte vulgaire de conter aux gens des antipathies ou des goûts. Une oeuvre emporte la louange si elle leur donne l'émotion d'y reconnaître des idées latentes en leur propre esprit, des sentiments analogues à ceux qu'ils convoitent ; en un mot si elle les délivre de leurs gestations obscures. Elle déplaît si les dogmes offerts contredisent leurs penchants, s'ils s'opposent à la propagande de leurs théories personnelles. La critique aime ou hait. Elle se passionne. Par suite, elle opère dans l'erreur. » (page 1) « du convenu et de la passion, des préférences innées ou adventices, la critique devrait affranchir, avant tout, les esprits, se fermer définitivement à l'émotion et considérer l'oeuvre hors des contingences. » (page 3) « L'on peut dire, en somme, que le seul critérium est l'harmonie de l'intention à l'expression. » (page 7)
Souvent d'un pittoresque rauque, que réveille le style enlevé et précis, mais en outrances symboliques, en paraboles, parfois vrai, comme en cette inspiration sensuelle tirée de la pensée de « la jeune fille », un modèle, je trouve, d'implication dans les chaleurs femelles :
« Il reste encore le beau vieillard Clarusse, colossal, avec une barbe neptunienne, et qui donnerait l'étrange hallucination d'aventures mythologiques, fleuve-dieu prêt à étreindre vigoureusement les nymphes. Joannah le contemple dans un frémissement intime. Sa chair s'émeut fort à songer quelle magnifique chose ce serait d'offrir sa jeunesse au faune, de voir la passion le transfigurer, de goûter sa reconnaissance indicible et les prévenances du dernier amour. Comme il vibrerait ! Elle le lit en ses yeux ; et quelle existence de rêve il lui créerait, n'ayant plus rien à quérir dans la vie que le repos sous des yeux aimants ! Sa large poitrine l'attire. Elle aurait des délices sûres à s'y blottir avec des sourires pervers et des mains malicieuses… le pensant, elle perçoit d'étranges rougeurs lui gagner les joues… Les choses qu'il dit sonnent bien à ses oreilles, mais elle ne les saisit pas. L'expérience qu'il doit avoir des voluptés la trouble à l'extrême et secoue ses nerfs. » (page 82)
Quelquefois d'une lucidité comme intuitive, d'un décalage aux propagandes répandues, amoral et justement reculé, reconstituant ainsi l'histoire selon la vraisemblance plutôt que selon l'imagerie flatteuse, la fameuse « légende », le dispensable « goût des moeurs », comme dans :
« Que demanda Robespierre ? Pourquoi ces gens tuèrent-ils pendant trois ans avec cette rage froide ? J'ai cherché en vain une raison de principe ou de politique, je n'ai découvert que des motifs de basse envie, de vanité impudente, l'espoir chez tous ces êtres de lasser le peuple par le sang et, quand il serait las, de prendre la dictature. Il ne restait alors nul motif de tuer Louis XVI, cet homme pieux à l'âme niaise qui ne fit point le mal, qui résista à sa femme lorsqu'elle l'excitait à gagner l'étranger, au temps où on le pouvait faire, et ne consentit point à se mettre à la tête des troupes autrichiennes contre la patrie gauloise qui se reprenait. En somme cela eût été conforme au principe d'après lequel il régnait ; le droit de conquête. Marie-Antoinette fut logique. Louis XVI fut un révolutionnaire, attiédi par sa famille. Ayant consenti la restitution il n'avait plus qu'à partir, et cela le lendemain du 4 août 1789. Pourquoi, dans la suite, les hommes de sang empêchèrent-ils ce départ ? Simplement parce qu'ils méditaient la mort du roi afin de s'asseoir un jour sur son trône. Il n'y aurait eu qu'un changement d'autocrate. Mais il craignaient qu'après un inter-règne, le peuple déshabitué du souverain n'en voudrait plus souffrir. » (pages 152-153) On doit du moins reconnaître que le Français, qu'on présente dans les manuels si fier de sa Démocratie neuve, soulevé si bravement et opiniâtrement pour l'acquérir, du seul tenant farouche et ardent d'un peuple vaste et unanime, si cohérent, profond et résolu, ne se révolta pas fort contre le coup d'État de Napoléon, dix ans à peine après le gain prodigieux et tant espéré de la fameuse et magnifique Révolution, passant allègrement et sans nette résistance d'une monarchie de droit divin, puis d'une Convention de pleins pouvoirs, à un Empereur totalitaire. Adam voit juste, il me semble, et surtout au-delà des instructions civiques de morale populaire faites pour plaire et pour vanter : l'historien pérennise toujours la version officielle, fondant sa carrière sur l'éloge de ses pairs, car l'histoire demeure, même aujourd'hui, l'école du transmettre plutôt que du révéler.
On trouve même la représentation, confondante de prophétie, des manifestations selon le principe de Martin Luther King, qui auront lieu soixante-dix ans plus tard, silencieuses, au pacifisme désarmant, soutenues par le clergé moderne, dans « de la révolte », page 282 et les suivantes.
Mais souvent rouge et rageur, controuvé, déraisonnable, plus éloquent en imprécations et en déplorations que juste en prévisions, les siennes étant, depuis notre recul de plus de cent ans, inadvenues et de très loin, comme ces représentations de l'avenir des hommes, utopiques, d'une naïveté évidente, aventurées avec une puérilité stupéfiante, impossibles même quand elle furent suggérées depuis la société fin-de-siècle, constituant des voeux sans arguments, sortes de pari d'une nature proche des politiciens lançant des visions d'espoirs ou de catastrophes, qu'on rencontre notamment dans les articles « le rêve du futur » et « Grandeur future de l'avare », suffisantes à invalider la confiance et la crédibilité qu'on pouvait accorder à un auteur apte à des envolées puissantes et à des diatribes féroces.
C'est qu'en effet on hésite longtemps, on balance, tergiverse entre le fou furieux et le génie enthousiaste : l'écriture a des sursauts brillants ou sombres, des colorations artistes, des verves clairs-obscures qui sont lunes pleines ou éclipses totales ; il existe une chaleur patente, un style d'abondance, une nuance sourde, où les ténèbres ressemblent à la lumière, comme dans l'extrait suivant, où des fulgurances d'images ordonnées, assemblées, aiguisées, pertinentes, et semblant cependant presque instantanées dans leur expression implacable et neuve, font penser à l'Inspiration des grandes Lettres et des esprits supérieurs ; alors, on doit interroger aussitôt la possibilité du Géant ou du Charlatan, et ainsi méticuleusement examiner, inspecter, mesurer, chercher chaque indice en cette alternative, afin d'établir la juste proportion des perspicacité ou des tentatives de hasard, afin de ne surtout pas se fourvoyer dans un sens ou dans l'autre, afin de fonder parfaitement l'équilibre raisonné et justifié de l'amour et de la haine – quel préjudice, autrement ! Et j'ai trouvé, moi, au terme de cette étude, qu'Adam est formidablement mené par ses indignations truculentes, que son humeur pourpre c'est-à-dire tantôt noble tantôt sanglante, de la couleur des persécutés comme des persécuteurs, le guide parfois vers des observations très exactes ; seulement, il est plus redoutable dans ses fulminances que véritablement sage dans ses jugements, et il est patent qu'il lui importe peu de travestir le vrai au bénéfice du bouillonnement exprimé de sa propre révolte, se désintéressant des arguments pour autant qu'il emporte des suffrages et parvient à transmettre sa colère : son impatience chronique, maladive, emportée, sa soif d'influence et sa faim de recettes en ce but, le réfute comme penseur fiable, comme maître à réfléchir et à analyser. Certes, mais comme littérateur il est indéniablement une plume, et c'est pour cette faculté qu'il faut l'admirer, tout en se gardant de croire, par dérive de l'intérêt, par entraînement de goût et par amalgame des conséquences, qu'un homme qui écrit avec force sait aussi penser avec justesse.
Lien : https://henrywar.canalblog.com
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Elle a tant marché, tout le soir, devant les terrasses des tavernes, la petite Salutiste, qu’elle se sent très lasse… Oh ! lasse des choses, de la pluie qui charge la paille de son chapeau, et qui glace ses pieds à travers les bottines crevées, lasse des invectives des buveurs, de l’endurcissement des hommes ; oh ! lasse, bien lasse, lasse même de sa foi neuve, qui ne remédie point à cette hideur du monde.
Le découragement l’étourdit toute. Et elle reste là, au bord du grand trottoir, parmi les faces peintes des prostituées, si tristes aussi dans les auréoles noires des parapluies, – ses sœurs en auréoles noires comme les auréoles des mauvais anges.
Et la petite Salutiste se croit presque dans l’enfer… au milieu de la grande ville flamboyante, pleine de tonnerres, sous la foudre blême qui luit, au faîte des lampadaires, emprisonnée dans des boules.
Autour d’elle, les fiacres galopent en troupeaux, comme les béhémots des Écritures, aux yeux mobiles, verts, rouges, bleus…
L’enfer serait-il pire, en effet ? Aurait-il plus ce contraste d’ombre et de feu, ces lettres terrifiantes qui brûlent au haut des candélabres en bronze pour indiquer les lieux de luxure ? Aurait-il des démons plus singuliers que ces messieurs noirs et blancs, raides, ainsi que des quilles d’ébène et qui rient atrocement à son offre tenace…
— Demandez le journal En avant ! cinq centimes, un sou… Un numéro très intéressant…
— J’achète la vendeuse…
— Apporte-nous tes journaux, nous te prenons avec eux pour trois louis…
— Ses yeux valent mieux que ça, mon cher… Petit ange, cinq louis si tu veux tomber…
— Entends-tu, petit ange, cinq louis pour tomber…
— Cinq louis qui tombent si tu tombes… Va, ne fais pas ta poire, mon enfant…
— Dix louis, moi je donne dix louis, parce que je n’ai plus de cheveux… Dix louis !
— Pensez à Christ, mort pour nous racheter.
Les messieurs se tordent de rire, et ce sont quatre bouches énormes, quatre gueules écarlates ouvertes dans les toisons rousses, grises et noires des barbes.
Commenter  J’apprécie          00

Livres les plus populaires de la semaine Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5272 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}