L'incipit de ce livre, « Il y a des vies qu'il faut savoir finir » nous plonge directement dans un drame survenu et que Frère Pierre doit gérer, car il s'emploie à conserver la vie de ce monastère dans la vallée de Lescun et surtout d'être un lien entre les habitants qu'ils soient croyants ou non.
Le drame de ce père divorcé et qui n'accepte pas cette vie qui est comme une chape de plomb sur sa tête ne voit aucune autre solution que de mettre fin à ses jours mais avec ses deux jeunes enfants.
Le lecteur pénètre ce monde une fin d'après-midi d'hiver où l'obscurité s'installe bien avant la fin du jour et où chacun n'a qu'une hâte c'est de rejoindre la chaleur de son foyer. La solitude est omniprésente dans un paysage grandiose.
Frère Pierre veut être le lien entre ceux qui vivent là et ceux qui ne font que passer, des pèlerins de Compostelle ou les oubliés de la vie.
De beaux portraits des hommes et de la nature, aussi époustouflants et profonds que cette vallée.
Vous n'oublierez pas Alain, Etienne, Albert, Marie et bien d'autres…
L'auteur a le sens du mot juste, celui qui dit mais qui entraîne son lecteur plus loin, car chaque mot a un écho, et l'écho dans la vallée va loin et revient.
Ce récit est construit comme une contemplation, avec des mots simples mais un vocabulaire riche et varié,
Pierre Adrian offre au lecteur cette réflexion, non pas la sienne, mais celle que chacun trouvera au fond de lui-même, croyant ou non, c'est une méditation qui se fait au rythme de la marche dans cette vallée. le lecteur comme le marcheur va s'arrêter pour vivre l'instant présent, il va se poser comme rarement il le fait.
De cette démarche qui lui est personnelle, ce jeune homme va vers l'universel, il s'adresse à tous comme le ferait un sage.
Une rencontre exceptionnelle avec ces deux Pierre se forge, comme autrefois le forgeron travaillait son ouvrage pour le rendre indestructible et unique.
C'est autant par la forme que par le contenu de ce récit que mon coup de coeur se forge, car je crois profondément qu'il nous montre que l'être humain est un tout et qu'il faut avoir l'intelligence du coeur celle qui ne s'apprend pas sur les bancs de l'école, celle qui émerge quand on pratique la bienveillance.
Une merveilleuse maturité de
Pierre Adrian alliée à un humanisme qui manque cruellement dans notre société de consommation.
J'ai vécu ce livre et je laisse le mot de la fin à
Pierre Adrian « il faut simplement savoir se taire. Laisser le silence travailler. »
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 16 février 2017
Merci Masse Critique Babelio et les éditions des Equateurs pour ce cadeau.