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Citations sur Que reviennent ceux qui sont loin (250)

La colère des doux est comme l'alcool chez ceux qui ne boivent pas. Elle est rare et dure peu mais ils deviennent possédés.
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Au fond du couloir du premier étage, passé le vestibule où l'on rangeait les médicaments, grand-mère dormait. [...] Je me demandai désormais à quoi ressemblait son sommeil et quels pouvaient bien être ses rêves. Oui, à quoi songeait-on quand on avait un siècle de vie derrière soi et si peu de temps à vivre ? Les rêves du petit Jean je pouvais me les figurer. Ils devaient ressembler à ses journées de jeux sur la plage, à ses peurs devant un chemin condamné par les ronces, aux joies d'une promenade en bateau à voile. Mais le monde imaginaire de grand-mère m'était inconnu. Elle était si vieille...
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La colère des doux est comme l'alcool chez ceux qui ne boivent pas. Elle est rare et dure peu mais ils deviennent possédés.
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L'unique table du salon était à leur taille. Elle tronait au milieu de la pièce. Nous y avions tous joué aux cartes dans nos robes de chambre. Des présidents, des crapettes rapides, des kem's... Avec ses trois chaises en bois si proches de la moquette, ce salon miniature était un symbole. Il indiquait que les enfants régnaient sur la grande maison. Leurs repas, leur réveil, leurs devoirs de vacances, les jeux de plage... On vivait à leur service. Petit, je pensais ètre tributaire des adultes, de leurs horaires, des déjeuners à rallonge, de la messe du dimanche. Mais je me rendais compte maintenant que les enfants étaient les véritables rois. C'étaient des sauvages qui rentraient crottés avant la nuit tombée, qui couraient sur la plage des après-midi entières, les mains maculées de vase, les genoux écorchés, les yeux gênés par le sable. Ils ne demandaient rien qu'à jouer, simplement. Et le regard hagard après la douche du soir, dans leur odeur de savon, ils s'asseyaient à table et mangeaient leur soupe dans les dernières blagues, avant de trouver le sommeil, la lumière allumée, en lisant leur album. Ils contrôlaient tout du lever au coucher. J'avais été l'un d'eux. Je savais leurs épiphanies, leurs jeux imaginaires, les cabanes dans le jardin, les rages soudaines, les cris. Désormais ils me fatiguaient et je demandais le silence, juste un peu de silence pour lire et rêver moi aussi. Mais chaque fois que je reprenais un enfant bruyant, je me reprochais d'être un vieil imbécile.
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Des années plus tard, en évoquant avec le père de Jean les vacances d'août passées ensemble, je lui demandai si, malgré tout, il aimait encore notre coin de Bretagne et Brest où il était venu retrouver son fils mort. Il me répondit qu'il s'était réconcilié avec ces lieux et croyait même ne s'être jamais fâché. Après la mort de Jean, avec sa femme, ils avaient consenti à y revenir au plus vite afin de conjurer le sort qu'une absence trop longue aurait pu jeter. Il réfléchit. Puis il me dit encore que la ville, pour eux, n'était pas seulement belle mais unique. Brest était la porte du Ciel.
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Si notre pays est celui où l'on a les plus grands souvenirs, alors j'étais d'ici. Alors j'étais de cette terre entre dunes, champs et bruyères, de cette presqu'île lovée entre deux bras de mer.
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J'avais oublié son visage, ou bien il avait changé. Ailleurs, en ville, je ne l'aurais sans doute pas reconnue. Les amis d'été n'existent que dans le monde bien précis et clos des vacances. À d'autres endroits, il semble qu'ils s'évaporent et deviennent de simples figurants.
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Le soir après le bain, sa robe de chambre flottait sur ses talons, lui donnant des airs de pacha. Enfermés à l'école toute l'année, Jean et les autres faisaient l'apprentissage de la vie au cours des grandes vacances. Dans les jardins et sur la plage, ils couraient en liberté. Ils se dépensaient sans compter. Et je songeais qu'il n'y a qu'au mois d'août qu'on est vraiment un enfant.
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La salle à manger donnait sur le salon. On y entrait par deux portes vitrées. Au mur pendait une vaisselle bleu et blanc, de la faïence de Quimper sans doute. À l'image des armoires bretonnes, cette décoration du passé disparaîtrait dans les déménagements, au gré des héritages. Plus personne ne voulait orner sa cuisine américaine d'assiettes à motifs, son salon scandinave d'un meuble en merisier. Cela ne bougerait jamais d'ici.
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Le lendemain matin, je fus réveillé par les cris des enfants. Même au deuxième étage de la maison, on les entendait descendre l'escalier. Le vieil édifice en bois craquait sous les chaussons dont je devinais le pas paresseux. Au lever, la discrétion ne durait qu'un temps. Et très vite, à travers les parquets je discernai dans la salle à manger les bruits de vaisselle, les chuchotements qui s'élevaient peu à peu et redevinrent des discussions à voix haute. À neuf heures, il n'était plus question de dormir. La vie avait repris.
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