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Citations sur Que reviennent ceux qui sont loin (249)

Au cours de ce voyage, jamais ne me parut plus évidente la fragilité des miens. Les années passant, avec l’âge et dans la mort, elle se révélait. Mon père et ma mère aussi pouvaient être brisés et il revenait à nous désormais de les serrer dans nos bras. Les plus forts avaient besoin du soutien des faibles. Sans doute était-ce cela une famille, un enchevêtrement, une tour en Kapla dont l’équilibre précaire tient, coûte que coûte, grâce à la solidité des uns et malgré la fébrilité des autres.
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J'avais de la sympathie pour lui mais je savais qu'il était de ceux qu'il vaut mieux ne pas trop connaître pour continuer à les aimer.
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Les jours qui précédaient le 15 août étaient des jours de foule. Les voitures de vacanciers et les camping-cars sillonnaient la côte sauvage. On croisait des Anglais, des Allemands, des Hollandais. On les identifiait à leur plaque d'immatriculation jaune et à leur peau blanche.
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Les visages se précisèrent derrière les lunettes de soleil. Certes, ils s’étaient ridés depuis le temps, mais le hâle rajeunissait les peaux et j’aimais les cheveux gris
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Affligée, grand-mère semblait vouloir dire pardon à sa tribu. Un enfant était mort et elle demeurait encore… Alors grand-mère s’excusait, s’en voulait d’être encore là. Elle aurait voulu qu’on se rassemblât autour de son cercueil, pas devant celui d’un enfant de six ans.
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Les enfants étaient déposés à la librairie, rue de Siam. On y passait des heures entières à piocher dans le rayon des bandes dessinées. Allongés dans les allées, adossés aux présentoirs et mêlés à d'autres enfants inconnus, nous nous perdions dans nos lectures. Nous ne faisions plus attention à la douce rumeur de la librairie, au va-et-vient des clients attirés par un rayon, aux familles qu'on conseillait. Cela dans l’agitation exceptionnelle des jours de pluie, avec ces parapluies tassés dans les corbeilles à l'entrée de la librairie, l’odeur de l'humidité, de manteaux mouillés et les traces de chaussures dans le hall. À la fin, je ne comprenais jamais qu’on puisse acheter un livre. Puisqu'on nous laissait faire,

Je pensais qu'il suffisait de le lire sur un fauteuil de la librairie et de le remettre à sa place ensuite.
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Mais lutter contre le sable était un combat perdu d’avance. Renoncer signifiait l’accepter, comme la peau salée qui brûlait quand on se glissait dans le lit le soir. On avait raté le coche pour la douche, passé son tour. On avait oublié. Il était trop tard. Alors on se couchait avec la peau en feu, raide, et d’un geste du pied on rejetait les grains de sable qui traînaient encore au fond du lit. Au cours de ces grandes vacances, je retrouvais le goût de ces petites batailles perdues.
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« A ton avis, pourquoi on se sent si bien ici ? »

Elle écrasa son mégot sur une marche et répondit :

« II n'y a pas que nous. Tout le monde se sent bien ici, se sent chez soi. Parce qu'on y vient en vacances depuis qu'on est tout petits.

— Oui.

— Alors on n'a que des bons souvenirs. C'est pour ça qu'on se sent en paix. On a toujours connu le bonheur en Bretagne. »

Anne insista. Elle répéta. Personne n’avait de mauvais souvenirs ici, personne. «Je vais te dire, notre seul chagrin est de devoir partir. »

Je lui demandai si elle l'avait toujours su, car moi je ne m’en rendais compte que maintenant. Elle dit que c’était comme si je lui demandais si elle aimait ses sœurs. C’étaient des choses qu'on savait sans avoir besoin de se les dire.
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Mais en Bretagne, dans cette terre que j'avais laissée vivre sans moi, qui n'avait pas changé, où de vieux parents se faisaient enterrer, un sentiment beau et douloureux d'appartenance émergeait désormais. Si notre pays est celui où l'on a les plus grands souvenirs, alors j'étais d'ici. Alors j'étais de cette terre entre dunes, champs et bruyères, de cette presqu'île lovée entre deux bras de mer.
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« Pour que la gloire soit agréable, il faudrait que les morts ressuscitent, que les vieux rajeunissent, que reviennent ceux qui sont loin. Nous l’avons rêvée dans un petit cadre, parmi des visages familiers qui, pour nous, étaient le monde et nous voudrions voir, maintenant que nous avons grandi, le reflet de nos entreprises et de nos paroles dans ce cadre.
Ils ont disparu, ils sont dispersés, ils sont morts. Ils ne reviendront jamais plus. Et alors nous cherchons autour de nous, désespérés, nous cherchons à reconstituer ce cadre, ce petit monde qui nous ignorait mais qui nous aimait et devait être étonné par nous. Mais il n’existe plus. »
Cesare PAVESE, Le métier de vivre

(Epigraphe)
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