L'histoire de Lise pourrait être celle de n'importe quelle jeune fille d'aujourd'hui, rêveuse, aimée et heureuse. Mais Lise est juive et vit sous l'Occupation. Son univers bascule en ce matin de juillet où, alors qu'elle est chez ses voisins d'en face, elle voit, impuissante, sa famille se faire arrêter par la Gestapo. Avec le courage de l'inconscience, elle se rend au bureau de police réclamer qu'on lui rende sa famille. le policier de faction vérifie sa liste où n'apparaissent pas d'enfants. Elle récupère ainsi, avec une chance incroyable, ses petits frères de 8 ans. Commence alors une longue période d'incertitude, de peur, de mensonges et de cache.
Même si ce n'est pas le premier que je lis sur le sujet, j'ai apprécié ce roman qui nous raconte la vie sous l'Occupation à travers les yeux d'une jeune fille juive obligée de se cacher pour survivre. Lise et ses frères sont à la merci de ceux qui savent et ne peuvent compter que sur la chance pour qu'aucune malveillance ne les habite. Au fil du récit, Lise va mûrir. Elle va passer de la naïve insouciance de l'enfance à la cruelle lucidité de l'âge adulte sans avoir quasiment eu de jeunesse. Elle doit non seulement s'occuper d'elle mais aussi veiller sur ses petits frères, les rassurer, les protéger alors qu'elle-même est pleine de doutes. Heureusement, la bienveillance des Jaillard, l'opportunité de vacances dans le Nord chez un oncle et les souvenirs heureux de son enfance l'aideront à tenir le coup et à traverser l'enfer.
Avec Lise les jeunes d'aujourd'hui découvriront la vie sous l'Occupation, les restrictions, les dangers, la rafle du Vel d'Hiv, les inégalités mais aussi toute la générosité dont certains ont fait preuve sans rien attendre en retour. Une période noire, certes, mais qui a aussi connu de vrais actes humanistes. Une période, en tout cas, qu'on souhaite ne jamais revivre.
Sophie Adriansen rend ses personnages attachants d'un bout à l'autre. Elle décrit avec les mots justes les situations douloureuses et parvient à nous communiquer une certaine tension. On voit évoluer sous nos yeux Lise et les siens et on ne peut que ressentir de la tendresse et de l'admiration pour eux. L'auteure évite les clichés sur l'adolescence ou sur la guerre. Elle aborde des thèmes graves à travers les yeux d'une jeune fille qui a grandi trop vite et elle fait mouche. le vocabulaire adapté aux jeunes dès douze ans permettra à un large public de se plonger dans cette lecture qui devrait les toucher vu l'âge et les préoccupations de l'héroïne.
Arrivée au terme, on comprend où l'auteure a puisé son inspiration et que, malgré les difficultés de la vie, il reste toujours un espoir. Une hirondelle peut faire le printemps.