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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
A l'automne 1902, Rainer Maria Rilke, vingt-sept ans est un poète « maudit », sans domicile fixe, pauvre, il parcourt le monde en quête d'inspiration. Sa femme Clara est acceptée comme élève dans l'atelier de Rodin et ce dernier l'autorise également à écrire une monographie, « comme ça, sur le vif ». Rilke est fou de joie, il est en extase devant Rodin. « Tout lui semblait beau, comme chaque fois qu'il s'agit de commencer, d'offrir le meilleur de soi à un projet, toute ampleur éveillée vers le futur étant une forme d'amour » (p.17).

En se promenant au jardin du Luxembourg, il la voit, elle, Camille Claudel… Il est fasciné et troublé. Ils vont se rencontrer, puis se fréquenter et une histoire d'amour-amitié prend naissance. Je ne sais pas si cette histoire a réellement existé, je n'en ai pas trouvé trace en faisant des recherches sur le poète mais pourquoi pas ? Olympia Alberti a choisi de se mettre à la place de Rilke (ou de Camille Claudel), consignant ses impressions dans un « carnet de voyage », lui offrant ses mots à elle qui s'appuient sur les siens, les vrais, consignés dans ses fameux Carnets… le style est noble, majestueux bien que, au début souffrant de nombreuses répétitions qui m'ont un peu agacée (choses, monde, choses de ce monde, énergie(s)) mais la qualité générale du roman vaut le détour.

Au départ, Camille ne se remet pas d'avoir été abandonnée par Rodin et peine à trouver de quoi vivre de son art. Elle déborde d'énergie créatrice, tout le temps, insufflant à Rilke le désir d'écrire enfin une oeuvre unique, lui qui ne sème que des poèmes de ci de là (le héros de son futur roman, Malte Laurids Brigge est déjà dans sa tête). Nous sentons cette fièvre souterraine qui ne la quittait pas et qui a fini par la dévorer, de même que Rilke nous apparaît comme un éternel passionné, amoureux, exalté et observateur quant à la liaison de Rodin et de Camille : « Je sens que cette femme est grande, déjà, dans l'entièreté de son art, de son désir de don et d'amour -aucun doute, elle aime le Maître encore, à son insu,- on me dit qu'elle lui en voudrait beaucoup de son éloignement, de certaines appropriations (…) » p.27.

Ce qui va les rapprocher, aussi, c'est l'enfance malheureuse, incomprise, l'absence d'amour de leur mère respective. Puis le silence de Paul, le frère de Camille qui semble ne plus entendre ses appels désespérés. L'abandon, l'absence, pourquoi vivons-nous ?, le temps qui passe, autant de réflexions que le poète décortique, écrivant toujours aux femmes qu'il a aimées (Lou Andreas-Salomé, Paula…). Et écrire était vital pour lui : » Une lettre, c'était du souffle, du marbre, des mots vivants, de l'éternité ». Lou n'est jamais très loin quand il s'agit d'analyse et de correspondance. Pour Camille, la descente aux enfers a commencé, la folie douloureuse s'écrit à présent sur son visage et Rilke quand il reviendra ne la reverra plus, elle a été enfermée. Mais il continue de lui écrire, de lui promettre l'impossible parce qu'il y croit lui, très fort : » Il voulait y mettre son coeur, son âme, lui demander pardon de ses silences, de ses voyages de nomade, (…) ils allaient retrouver l'or des icônes, l'or perdu de la joie » (p 241-242). » Bien sûr Rilke est marié à Clara, ils ont une petite fille, Ruth et même quand il s'emporte dans des traductions possibles de cet amour « intellectuel » en amour charnel, la raison le rappelle à l'ordre. Il est en osmose spirituelle avec Camille, rêvant de plus, mais le saura-t-on jamais ? Il lui écrira jusqu'en 1913, il meurt en 1926 à 51 ans et elle mourra dans son asile en 1943.

La fin est tragique, on la connaît. Ce livre m'a donné envie de revoir le film Camille Claudel avec Isabelle Adjani et de relire « Malte Marcus Brigge », l'unique roman en prose de Rilke. Je vous avais présenté un extrait, très connu de ce roman, ICI.
Ce roman est terrible de justesse (même si les faits ne sont pas avérés, c'est encore mieux), de poésie, porté par l'ample écriture d'Olympia Alberti. ! Je dois dire que j'ai eu des frissons devant tant de beauté gâchée, devant tant d'amour perdu.
Lien : http://leslecturesdasphodele..
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