j'ai vénéré la terre…
j'ai vénéré la terre pour comprendre le ciel
et grâce aux vers luisants j'ai connu les étoiles
j'ai consenti aux grands oublis de limon et d'argile
pour la danse bleue de l'ombre des fougères
je sais l'odeur de suie défunte
des cavernes
les stigmates du feu au creux des mains
être l'envers de l'écorce à l'obscur du tronc
vivre comme une empreinte dans un livre
muré
…Les soirs d'automne tombent comme des douleurs de
lianes blessées
j'ai vu venir à moi dans les miroirs oubliés aux
soupentes
des sourires perdus et des amours jaunis comme les
tranches de vieux livres
je souris à la terre comme un orphelin sourit à toutes
les femmes
je chute à l'intérieur
au nadir dispersé
les pierres vont éclore aux jardins du vertige
toute rouille émane de moi avec le temps
les feuilles ne tombent jamais qu'une fois de la même façon
cette goutte de temps va-t-elle exploser sur ma nuque…
Résurgence
il n'est pas mort l'oiseau
l'oiseau vif qui vainquit la licorne acérée de mes fuites
il dort seulement sur la neige
les ailes nouées et dénouées
comme une rose piétinée palpite
ses battements éveillent les harpes d'hier
et d'absence
et la musique lucide dans les yeux
des statues qui s'aimèrent
célèbre la preuve épiphanesque
de l'oiseau refleuri
en fusée de gel et de larmes parfaites