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Magnifique retranscription de conversations enregistrées, je me suis demandé à plusieurs reprises si je n'allais pas arrêté de lire ce livre au vu de la dureté des récits. Mais c'est captivant et addictif, je me suis ensuite lancé dans tous les autres livres de Svetlana Alexievitch.
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Je ne pense pas ajouter une énième critique à celles déjà en ligne , très pertinentes et qui m'ont toutes fort intéressées . Je voudrais ajouter, seulement, que c'est un livre à lire absolument en ce moment ,comme je viens d'ailleurs de le faire ! Il nous aide à comprendre notre époque ,la Russie ,bien sûr, laquelle est actuellement sur le devant de la scène, en Ukraine ,pour les raisons que chacun sait .Mais après ces témoignages j'ai un peu compris ce qu'était" l'homo soviéticus" ,l'homme rouge, décrit par Svetlana Alexievitch , les Russes qu'ils ne faut pas confondre avec leurs dirigeants .
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Il est des lectures qu'on repousse sans trop savoir pourquoi ou peut-être parce qu'elles trifouillent notre inconscient littéraire et nous font un peu peur.
Oui c'est cela, La Fin de l'homme rouge est restée sur ma table de chevet pendant plusieurs années parce que j'avais la trouille.
Et j'avais raison. Mais ce livre terrible et exceptionnel m'attendait au tournant. Il m'a avalé tout cru pendant l'invasion russe. Parce qu'il faut bien essayer de comprendre malgré tout. Même si ça fout les jetons.
On a reproché l'attribution du prix Nobel à Svetlana Alexievitch parce qu'elle faisait des recueils d'interviews , de conversations de cuisine , de train, de manifestation.
C'est pourtant un travail prodigieux de mise en mots et de transcription littéraire.
On ressort du livre exsangue mais incroyablement enrichi.
Il y a 2 parties bien distincts :1991-2001 puis 2002-20012 donc avant Poutine puis pendant Poutine.
Impossible de résumer ces histoires de vie banales et stupéfiantes qui balaient l'URSS et la Russie de l'Holodomor à la guerre de Tchéchénie, des purges staliniennes de 1937 aux premières manifs anti-Poutine.
Ces histoires de déportations, de survies improbables, de tortures innommables , de massacres, de viols collectifs .De dénonciation en pogroms , de l'alcoolisme endémique des hommes à la folie amoureuse des femmes ,les russes sont à la fois victimes sacrificielles et bourreaux impitoyables. Certains ukrainiens regrettent l'occupation allemande qui les délivraient de la faim mais figeait l'horreur "On s'était habitués aux communistes, on s'habituera aux allemands". D'autres enveloppent d'une aura poétique les steppes du Kazakstan où d'immenses goulags martyrisaient les mères et leurs enfants.
On se rappelle du temps où on l'on chassait les petites filles arméniennes réfugiées dans les arbres azerbaïdjanais .
"La vodka et la guerre sont des choses dont on ne guérit pas" ou alors il faut mobiliser toute sa rage pour vivre.
S'il y a une histoire à lire, une seule, je vous conseille:
"Où il est question des ténèbres du mal et d'une autre vie que l'on peut construire à partir de celle-ci"
Et cette jeune femme grisée par le néo-libéralisme qui décide d'être amoureuse d'elle-même. Elle raconte les nouvelles distractions touristiques: chasse à l'homme la nuit, séjours payants dans d'anciens cachots de torture ou concours de prostitution.
Du sang, des larmes et du sperme.
"Je tourne, je n'en finis pas d'explorer les cercles de la souffrance. Je n'arrive pas à m'en arracher. Dans la souffrance, il y a tout: les ténèbres et le triomphe ...Parfois, je crois que la douleur est un pont entre les gens, un lien secret, et d'autres fois, je me dis avec désespoir que c'est un gouffre" nous révèle dans un murmure la grande, l'immense Svetlana Alexievitch.
Ce livre est plus d'actualité que jamais.....

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Livre lu il y a quelques années, j'étais et je suis toujours autant curieuse de l'histoire de la Russie Impériale , de l'URSS et de ce qui se passe de nos jours.
Lire toutes ces histoires m'avait énormément touchée, j'ai éprouvé une grande compassion pour ce peuple. Je n'ai pas cherché à juger.
J'avais retenu quelques extraits parmi tant d'autres qui m'avaient fait réfléchir et qui m'interrogent toujours autant.
« J‘ai voyagé à travers l'ex-Union soviétique pendant plusieurs années, parce que les Homo sovieticus, ce ne sont pas seulement les Russes, mais aussi les Biélorusses, les Turkmènes, les Ukrainiens, les Kazakhs… »
« Au fond nous sommes des guerriers. Soit nous étions en guerre, soit nous nous préparions à la faire. Nous n'avons jamais vécu autrement. C'est là que vient notre psychologie de militaires. Même en temps de paix tout était comme à la guerre. »
« J'ai trois foyers : ma terre biélorusse, la patrie de mon père où j'ai vécu toute ma vie, l'Ukraine, la patrie où je suis née, et la grande culture russe sans laquelle je ne peux m'imaginer… »
Quand je reviens sur cet ouvrage où je n'avais pas toujours bien compris les Homo sovieticus et que je m'intéresse à la triste actualité de ces derniers jours. Je constate que cette phrase que j'avais annotée est toujours aussi vraie pour moi.
« Seul un Soviétique peut comprendre un Soviétique.»
Je ne fais aucun commentaire à chacun ses idées.
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Toujours garder en tête le référendum de 1991
« Pensez-vous qu'il est essentiel de préserver l'URSS sous forme d'une fédération renouvelée de républiques souveraines et égales où les droits et les libertés de chacun, quelle que soit la nationalité, seront pleinement garanties ? »
Réponse : 78% de oui
Un élément essentiel pour la compréhension de ce livre et également de ce qui se passe en ce moment avec Poutine.
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Voici une courte contribution sur ce livre dont la lecture m'a profondément bouleversé.
J'ai du faire des "pauses" tellement était forte la pression.
Une succession de témoignages plus durs les uns que les autres présentés par un grand écrivain.
On comprend le profond ressentiment des russes dont beaucoup regrettent l'époque soviétique. Les nouveaux riches font la loi. La pègre a pris possession du pays. Lors de mon séjour à Moscou dans les années 90, j'ai vu ces nouveaux riches dans les grands cafés moscovites. En échangeant avec des russes, j'ai constaté, sans le comprendre sur le moment, que Gorbatchev n'avait pas été apprécié: il était même détesté .
Ce livre met bien en exergue l'humiliation ressentie par les Russes et permet de comprendre (sans forcement les partager) les attitudes actuelles de la Russie vis à vis de l'Ukraine.
J'ai souligné de nombreuses phrases tout au long de ma lecture de cet ouvrage et il serait trop long de les citer. "Pour nous, les livres remplaçaient la vie" . Chacune de ces phrases mériterait un développement.
En conclusion, j'ai adoré ce livre comme j'ai adoré "La supplication" , livre qui m'a fait découvrir ce formidable écrivain.
Je ne peux que le conseiller
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Ce livre n'est peut-être pas d'une lecture facile, mais il est quasi indispensable pour comprendre la chute de l'URSS et la société russe actuelle. L'autrice a collecté des témoignages auprès de différentes personnes ayant vécu la chute de l'URSS, du simple citoyen à des plus hauts gradés, et les a retranscrit de manière brute.
On comprend mieux ce qu'ont pu ressentir les citoyens soviétiques qui ont subi la brutalité d'un virage à 360 degrés vers un capitalisme sauvage. Aux yeux d'un Occidental (ou d'un jeune russe n'ayant pas connu le communisme), la mentalité soviétique paraîtra probablement difficile à comprendre, notamment l'adhésion à un idéal qui transcendait l'individu.
Les violences (exécutions sommaires, purges, camps, exactions contre les Juifs) sont également abordées, pour tenter de comprendre à quel point elles ont marqué la population.
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Ce livre est bouleversant et met en avant différents témoignages après l'éclatement de l'URSS, l'effondrement du communisme et l'arrivée de la perestroïka, événements qui n'ont pas été ressentis de la même façon par la population.

Malgré les avis divergents, il en ressort tout de même une extrême pauvreté pour la plupart, de nombreuses injustices sociales et une certaine nostalgie du communisme et de l'avant. Beaucoup savent parfaitement qu'il s'est produit des horreurs sous Staline, goulag, tortures et mises à mort après des procès expéditifs (il faut remplir les quotas), mais ils se demandent s'ils ne vivaient pas mieux à cette époque (tous pauvres, mais tous égaux [normalement], gratuité de l'éducation etc.)

J'ai été très marquée et bouleversée par ces témoignages dans lesquels ne cessent d'apparaître la violence, une certaine résignation, les desillusions, la corruption, la guerre, les massacres ethniques et la haine qui éclate au grand jour dès la fin de l'URSS.
J'ai compati à leurs souffrances, à ce destin qui s'acharne sans cesse.

Je dois également toucher un mot sur les femmes russes qui me semblent incroyablement courageuses, elles sont extrêmement fortes et pleines de ressources..

Lecture difficile mais on ne peut plus nécessaire pour appréhender un pan de l'Histoire de cette partie de la Terre.
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Un livre coup de poing, un livre comme il y en a peu.

On ne sort pas indemne de cette lecture. L'auteur, Biélorusse/Ukrainienne, a obtenu le prix Nobel de littérature en 2015.

Est-ce vraiment de la littérature ou plutôt quelle forme de littérature est ce? Il s'agit d'entretiens avec différentes personnes qui racontent leur vie avant, pendant et après la Perestroïka.

On découvre des gens qui racontent leurs histoires face à la grande histoire ou plutôt l'histoire avec un grand H. Cette Histoire n'est pas grande mais tragique tout comme leurs histoires. Ca raconte les goulags, camps, dénonciations, meurtres, orphelinats, amours, abandons, Staline, Gorbatchech, Eltsine, Afghanistan, Tchétchénie, attentats, tortures...

L'homme / la femme soviétique qui a cru en l'utopie communiste, qui pensait que le changement serait un socialisme à visage plus humain et qui se réveille avec un capitalisme ultra sauvage.

Beaucoup ont la nostalgie d'un grand empire, de la victoire, certains pensent que la Russie a besoin d'un nouveau Staline.

On y découvre l'importance de la culture littéraire, théâtrale pendant la période soviétique. On lit des scènes de torture... de souffrance, abominables.

On découvre que la foi politique est toute aussi destructrice que la foi poussée à l'extrême. Dévastateur.

Ce livre m'a permis de mieux comprendre comment/ pourquoi Putin a un tel succès.

Quelques extraits :
"Les années Gorbatchev... La liberté et les cartes de rationnement... Des tickets pour tout, depuis le pain jusqu'à la semoule et les chaussettes. On faisait des queues de 5 ou 6h... mais en lisant un livre qu'on ne pouvait pas acheter avant. Et on savait que le soir, ils passeraient à la télé un film autrefois interdit qui avait dormi dans un placard pendant 10 ans. C'était génial. On apprenait la vérité qu'il n'y avait pas eu seulement Gagarine mais aussi Béria. En fait, moi, pauvre idiote, la liberté de parole m'aurait suffi, parce que, comme je n'ai pas tardé à m'en rendre compte, j'étais une petite soviétique. Nous étions imprégnés de tout ce qui est soviétique bien plus profondément que nous ne le pensions. Il aurait suffi de me laisser lire...

Pour nous les livres remplaçaient la vie. C'était notre univers. P227 et 228

"On vivait dans une sorte de célébration perpétuelle de la guerre... Quand j'étais au jardin d'enfants, la maîtresse nous avait emmené devant le monument å Marat Kazeï, le héros pionnier. "Regardez les enfants, disait elle, c'est un jeune héros, il s'est fait exploser avec une grenade et il a anéanti beaucoup de fascistes. Quand vous serez grand, vous devrez être comme lui." Nous aussi il faudrait qu'on se fasse exploser avec une grenade? Je ne me souviens pas, mais maman m'a raconté que la nuit suivante j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps : il allait falloir que je meurs, je serai couché quelque part tout seul, sans mon papa et ma maman. Et puisque je pleurais, cela voulait dire que je n'étais pas un héros... J'en suis tombé malade. P231.

"Je ne connais pas la date, ni même l'année de ma naissance. Dans ma vie, tout est approximatif. Je n'ai retrouvé aucun document. J'existe sans exister. Je ne me souviens de rien, et je me souviens de tout. He pense que ma mère était enceinte de moi quand elle est partie (déportation). Pourquoi? Parce que je suis toujours bouleversée par le sifflement des locomotives et l'odeur des chemins de fer...Par les gens qui pleurent dans les gares. Même quand je voyage dans un train normal, dès que j'entends passer des wagons de marchandises j'ai les larmes aux yeux. Je ne supporte pas de voir des wagons à bestiaux, d'entendre les beuglements des animaux... on nous a transporté dans des wagons comme ça. Je n'existais pas encore. Et j'étais déjà là. Dans mes rêves il n'y a jamais de visages ni d'histoires... Rien que des bruits et des odeurs...

La région de l'Aurai. La ville de Zmeïnogorsk. La rivière Zmeïovka... Les déportés ont été débarqués en dehors de la ville, près d'un lac. Et ils ont vécu sous terre. Dans des abris creusés dans le sol. Je suis née sous terre, c'est là que j'ai grandi. Depuis que je suis toute petite, pour moi, la maison a toujours eu une odeur de terre. de l'eau coule du plafond, une motte de terre se détache, elle tombe et saute sur moi. C'est une grenouille. Mais je suis toute petite, je ne sais pas encore de quoi il faut avoir peur. Je dormais avec 2 chevreaux sur une litière bien chaude... mon premier mot a été "mêéé!" pas "ma" ni "maman". Ma grande soeur Vladia racontait que j'étais très étonnée que les chevreaux ne parlent pas comme nous. Je n'en revenais pas. Je les considère comme des égaux... p322 et 323.

Il y en a beaucoup d'autres. Beaucoup de femmes mais pas que. Des juifs, des Tchétchènes, des Arménienes, ... des jeunes, des moins jeunes et des très vieux. Moscou et ailleurs.
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Une somme ! En retravaillant le matériaux d'entretiens qu'elle a elle-même réalisé, Svetlana Alexievitch compose ce qu'elle nomme elle-même "un roman de voix" sur la chute de l'Union soviétique. On perçoit cette chute, ce passage ahurissant, fulgurant d'un monde à un autre, à hauteur de ceux qui la racontent, dans leur petite vie, de manière extrêmement sensible. C'est terrible, magnifique, bouleversant. C'est une manière de faire de l'Histoire avec une grande hâche,  comme disait Perrec, mais aussi de la littérature : parce que  saisir cet instant précis où tout s'effondre, où les personnes comprennent que quelque chose est en train de définitivement changer, c'est définitivement de la littérature, du grand roman !
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