Quelque chose s'est produit en moi, quelque chose que je n'avais encore jamais ressenti et que je ne savais pas combattre. La colère m'a frappée comme une balle de base-ball, qui arrive, sèche et rapide, lancée par une batte neuve.
— Tous les deux, ils ressemblent plus à des meubles qu'à autre chose, avait dit un jour mamie. Ils occupent seulement de l'espace et prennent la poussière, comme une armoire ou un canapé.
— Faut jamais s'mettre entre un homme est ses ambitions.
Glen Waddeell transformait maman de mère harcelée, inquiète, en gamine gloussante, pleine d'espoir.
Mamie m'a dit que ça n'avait pas d'importance. Qui se souciait de ce qui y était inscrit ? Est-ce que les gens s'amusaient à lire les archives de l'état civil ? Est-ce qu'ils demandaient à voir votre acte de naissance avant de s'assoir sur votre véranda ?
N’allez pas vous tromper là-dessus. L’amour, c’est plus ou moins la meilleure chose qu’on puisse avoir sans que ça vous coûte un sou ni que ça vous fasse mal à l’estomac. Vous verrez. (Alma, p. 91)
Qu’est-ce que t’en dis Earle, c’est l’école ou le pêché qui t’a noirci les cheveux comme ça ? (…) - Oh, c’est l’école, sœurette. C’est pour ça qu’j’ai du abandonner, tu sais bien. Fallait que j’arrête le processus avant que ça aille trop loin. Si j’avais continué, mes cheveux seraient devenus si noirs qu’ils auraient commencé à attirer toute la lumière du comté de Greenville. Les récoltes auraient été mauvaises et les enfants auraient eu faim, uniquement à cause de mon besoin égoïste d’apprendre l’algèbre et la géographie. Il a fallu que j’abandonne et que je prenne ce boulot à la base aérienne, pour construire cette nouvelle piste. C’était la seule chose à faire pour nous éviter de mourir de faim et de froid dans la nuit glacée, glacée. (Earle, p. 128-129)
C’est pour ça que Teresa m’a quitté. Elle a toujours dit qu’elle voulait un homme qui fasse penser à un grand verre d’eau fraîche. Elle me le répétait sur le ton qu’ont les femmes quand elles sont toutes amollies dans vos bras et ont envie de parler, de parler de cette source cristalline, de ce liquide pur, essentiel. (Oncle Earle, p. 173)
Y’a rien d’plus inutile en ce bas monde qu’un imbécile pratiquant qui bosse dur. C’est pas vous qui avez d’la religion. C’est la religion qui vous a et qui finit par vous presser comme un citron.elle vous empêche de boire une goutte de whisky. Elle vous empêche de faire sourire et rigoler des filles au gros cul. Elle vous laisse rien faire du tout sauf travailler pour c’que vous aurez ans l’au-delà. Moi, je vis dans l’ici et maintenant et j’ai besoin de ma grasse matinée le dimanche matin. Mais j’vais te dire une chose, Bone, ça me fait bien plaisir qu’ils me veuillent tous, les catholiques, les baptistes, l’Église des dieux, les méthodistes et les adventistes du septième jour. Tous autant qu’ils sont, ils sont prêts à se jeter sur ma couenne blanche crasseuse, sur ma malheureuse âme humaine. Merde ! Aucun d’eux ne donnerait deux gouttes de pisse pour moi si j’faisais déjà partie de leurs congrégations à fesses molles. (Oncle Earle, p. 204)
Ensuite, nous priions tous ensemble. (…) J’avais envie que ce moment dure toujours, j’avais envie que le choeur continue à chanter cet air lent, tout bas. J’avais envie que l’église s’emplisse de tous ceux que je connaissais. J’avais envie que mon émotion signifie vraiment quelque chose et que ma vie en soit complètement transformée. (p.209)