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Michèle Valencia (Traducteur)
EAN : 9782264024671
414 pages
10-18 (20/01/1999)
4.15/5   283 notes
Résumé :
En Caroline du Sud, les étés sont étouffants. Les soirées se passent sur la véranda, à boire du thé glacé et à raconter des histoires. Ruth Anne Boatwright, surnommée Bone par sa famille et estampillée " bâtarde " par le comté de Greenville, se souvient. Elle revoit sa grand-mère édentée, impertinente, ses tantes farouches, usées par leurs grossesses, ses oncles violents, ivrognes pris au piège de leur misère. Elle se souvient de l'amour qu'elle portait à sa mère et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre va indiscutablement rester au plus profond de moi. Lire "l'histoire De Bone" assure un moment de cruauté intense. Ce n'est pas tant les scènes de violence qui marquent, même si elles sont dures et qu'on a envie de sortir de notre lecture pour aller casser la g***** à ce beau-père ignoble, mais bien plus la prise de conscience de Bone qu'elle est et sera considérée comme une "bâtarde", qu'elle ne pourra pas accéder à ses rêves.
Le fait que l'auteur Dorothy Allison,refuse la pitié et choisisse un regard haineux , renforce paradoxalement, la souffrance que cette petite fille de 12 ans vit et ressent.
Cette autobiographie est d'une grande force, c'est un cri qui reste parfois enfoui au fond de soi mais qui s'entend et qui ne peut que bouleverser et engendrer non pas de la pitié , ce que Bone redoute, ni du misérabilisme, mais bien de la haine qu'elle arrive à nous transmettre.
C'est un coup de coeur car c'est un roman poignant, qui remue, qui bouscule, bouleverse et qui touche intensément.
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Un énorme coup de coeur que cette Histoire de Bone. Récit autobiographique qui parle d'enfance et des blessures liées à la maltraitance et à l'inceste. Mais pas seulement.
C'est aussi une peinture sociale terriblement émouvante.
Dorothy Allison tout en exorcisant les fantômes de son passé nous parle d'une population aux prises avec la misère, le chômage, l'alcool et une forme sournoise de désespoir. Vous l'aurez compris, c'est une oeuvre noire mais pour autant pas de misérabilisme dégoulinant.
Parce qu'il y est aussi question d'amour. Parce que la famille est au centre de ce roman et apparaît comme le pilier qui empêche que tout ne s'écroule malgré la violence et la pauvreté.
Il y est question d'une autre richesse que celle donnée par l'argent ou le confort.
Et c'est auprès de cette famille que Bone trouvera refuge parfois, le temps d'une pause dans l'horreur d'une enfance abîmée, devenant jour après jour un foyer de haine.
Durant la lecture on a souvent le sentiment que l'auteur, le temps d'un livre est redevenue une petite fille. Elle nourrit son récit de ses souvenirs, parfois anecdotiques, jamais ennuyeux.
Les mots sont forts et l'écriture d'une puissance inouïe, un maelstrom de sentiments qui s'entrechoquent et nous emportent dans leur sillage.
Oui, mais voila, nous on peut tourner la page. Nous on peut ouvrir un autre livre. Et l'on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il est advenu de toute cette haine née de la peur, de la peine et de la solitude. de cette petite fille, pas tout à fait comme les autres qui nous a raconté son histoire avec tant de sincérité.
On tourne donc la dernière page, partagé entre le regret et le soulagement. Avec la certitude qu'on y repensera plus d'une fois, à ce destin accidenté, à cette enfance toute en fureur, à ce livre ravageur qui est allé jusqu'au plus intime de nous-même à force d'empathie et de colère.

Pour ma part, je le sais, il va revenir de temps à autre, au détour d'une image, d'une odeur, d'un mot.
Il m'habite et me nourris. La dernière page n'est pas totalement tournée....
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Une enfance dévastée.
Dans les années 50, Ruth Anne, alias Bone en raison de sa maigreur, née de père inconnu, grandit avec sa petite soeur Reese, sa mère et ses oncles et tantes en Caroline du Sud : une famille pauvre dans un milieu déshérité et sans espoir, rongé par la misère. Plus bas dans l'échelle sociale, plus bas que Bone, l'enfant illégitime, il n'y a que les « negros ». Lorsque sa mère épouse Glen, c'est l'espoir d'un avenir meilleur pour Bone mais c'est compter sans la malédiction de la violence : à 12 ans, la vie De Bone est déjà dévastée par la pauvreté, la méchanceté, la violence et le viol, malgré une mère aimante mais défaillante, incapable de la protéger.
La révolte et la haine au coeur, Bone se débat pour grandir, lutte contre elle-même, aime, crie, souffre
Dans ce Sud bien loin du rêve américain et de ses clichés, Dorothy Allison, dans un récit largement autobiographique, exorcise grâce à l'écriture une enfance effroyable marquée par la violence et la pauvreté et signe un livre terrible qui cependant ne verse jamais dans l'apitoiement...
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Comment ne pas être touchée par une histoire qui dépeint une enfance broyée par la violence d'un beau père et l'incapacité d'une mère à l'en protéger ? Celle de Bone est d'autant plus poignante que le lecteur sait qu'il s'agit de l'enfance de l'auteure. Dans une Amérique de pauvreté, prisonnière de ses préjugés, de son racisme,ses jalousies, Bone petite " bâtarde" au grand désespoir de sa maman, grandit dans une famille qui, malgré les multiples problèmes, aurait pu être riche de ses différences et chaleureuse par la personnalité bien trempée des tantes,grand mère, oncles tous bienveillants et aimants . Seulement sa maman, après deux amours malheureux se laisse tomber dans les filets de Glen qui l'épouse en lui promettant de l'aimer,elle et ses deux filles,plus qu'elle ne peut l'imaginer...cet homme est lui même ravagé par le regard négatif de son père qui lui renvoit sans cesse qu'il ne vaut rien. Il accumule une rancoeur,une haine qui trouveront un exutoire avec Bone. Vivant alors dans le secret et la honte " je vivais dans un monde de honte. Je cachais mes bleus comme s'ils étaient là preuve des crimes que j'avais commis"; elle va s'efforcer de se couper de ses émotions, se réfugiant un temps dans la quête d'un idéal salvateur qu'elle pense avoir trouvé dans la religion et le gospel. Cependant, la violence de plus en plus forte qu'elle doit affronter, finit par la convaincre qu'elle ne vaut rien, qu'elle n'est rien! Dès lors qu'attendre d'un monde dans lequel la personne la plus aimée vous a tourné le dos?
Bien que le décors soit différent ce roman m'a beaucoup rappelé la trilogie Tora de la norvégienne Wassmo Herbjorg que j'avais également beaucoup aimée. Ces deux ouvrages m'ont provoqué de la colère, l'envie de débarquer dans le monde de ces fillettes pour casser la g..... à ces hommes ignobles!
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Bastard Out Of Carolina
Traduction : Michèle Valencia

J'avais ce livre sous le coude depuis près de quatre ans et je ne me décidais pas à le lire. Bien que j'achète régulièrement des ouvrages traitant de l'inceste, il me faut parfois bien du temps pour "passer à l'acte" et les lire.
"Histoire de Bone" a en effet pour pivot les violences incestueuses que lui fait subir son beau-père, Glenn Waddell, un bon à rien que sa mère a épousé non sans méfiance, après qu'il lui eût fait la cour pendant près de deux ans mais dont elle a fini, hélas ! par tomber éperdument amoureuse, corps et âme.
La petite Ruth, surnommée "Bone" en raison de la finesse de sa morphologie, est née alors que sa mère avait tout juste seize ans. de son père, on ne sait pratiquement rien, si ce n'est qu'il était marié. Dans cette Caroline du Sud qui émerge à peine de la Seconde guerre mondiale, le statut de bâtarde n'est guère enviable mais, heureusement pour Bone, elle est entourée par la chaleur et l'affection de ses innombrables tantes et oncles maternels.
Bone a une soeur, Reese, née de l'union légitime de sa mère avec Lyle, un ouvrier agricole qui est mort dans un accident stupide.
Quand paraît pour la première fois l'ombre de Glenn Waddell, Bone et sa soeur n'ont pas vraiment d'a priori. Il leur semble aimer passionnément leur mère - et c'est sans doute vrai - et fait du mieux qu'il peut pour leur manifester, à elles eussi, un minimum d'affection.
Mais le jour même où sa mère accouchera du fils mort-né de Glenn, Bone comprendra tout son malheur ...
Il n'y a, dans ce roman qui dépeint à la fois une perversion sexuelle plus fréquente qu'on ne le croit et la pauvreté d'un certain milieu paysan, aucune volonté de mélodrame. Tout y est brut et carré, magnifié par cette haine douloureuse qui, tant d'années après, déchire encore l'auteur. Car, même après le viol de sa fille, la mère accepte de suivre Glenn qui, peu soucieux des foudres de la justice, quitte l'Etat ...
Dans des conditions pareilles, peut-on pardonner ? Au violeur, non, car - et la photographie de l'auteur vous le prouvera aisément - la chair demeure à jamais marquée. A la mère, alors ? ... Dans cette histoire, la mère se contente au début de laisser Glenn "corriger" son aînée et elle ne semble pas comprendre qu'il prend un plaisir purement sexuel à ce qu'il se passe entre l'enfant et lui derrière la porte fermée de la salle-de-bains. Certes, elle soigne ensuite l'enfant et l'on peut croire qu'elle aime sa fille ...
Mais ...
Dans ces histoires-là, il y a toujours un "mais."
Quand on aime vraiment son enfant, on ne laisse pas une brute se venger sur lui des déceptions que lui cause, entre autres exemples, sa recherche d'un emploi. Puis, quand ces "corrections" deviennent quasi quotidiennes, on a l'honnêteté de se poser des questions. Enfin, quels que soient les sentiments que l'on éprouve envers la brute en question, on se doit de mettre ses enfants à l'abri. C'est ce que finira par faire d'ailleurs la mère De Bone mais seulement quand le viol sera devenu effectif - en d'autres fermes, quand elle ne pourra plus se voiler la face ou la détourner ... Sa fille a alors treize ans : sa destinée est scellée ; pour elle, qui doit déjà vivre avec la "tache" de la bâtardise, il est trop tard.
Je doute fort que Dorothy Allison ait pardonné à sa mère. Mais le pire, c'est que je doute tout autant qu'elle soit parvenu à éteindre en elle tout amour filial et que je sais que cette toute petite braise doit cohabiter avec un maelstöm de haine pratiquement ingérable.
Sauf par l'écriture qui, en pareilles circonstances, mérite plus que jamais son titre de "don des dieux." ;o)
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
La nuit semblait tout envelopper autour de moi comme une couverture. J’avais l’impression que mes entrailles avaient fondu et je sentais le goût du vent dans ma bouche. La douce musique de gospel se déversait en moi par la voix éclatante d’un jeune garçon et faisait gonfler dans mon cœur toute ma méchanceté, toute ma jalousie et ma haine. Je revoyais les doigts de tante Ruth, qui s’agitaient devant sa figure avec la légèreté de pattes d’oiseau, je revoyais les joues rouges et les cheveux bruns, plats d’oncle Earle, tandis qu’ils criaient tous les deux sur la véranda, je revoyais les traits tirés, inquiets de maman, et les yeux froids, furieux de papa Glen. Le monde était trop grand pour moi, la musique trop puissante. Je savais, je savais que j’étais la personne la plus dégoûtante de la terre. Je ne méritais pas de vivre un jour de plus. Je me suis mise à hoqueter et à pleurer. Comment pouvais-je vivre avec moi-même ? La musique était une rivière qui essayait de me purifier.
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C'est pas vous qui avez d'la religion. C'est la religion qui vous a et qui finit par vous presser comme un citron. Elle vous empêche de boire une goutte de whisky. Elle vous empêche de faire sourire et rigoler des filles au gros cul. Elle vous laisse rien faire du tout sauf travailler pour c'que vous aurez dans l'au-delà.
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Il ne m’a jamais dit : « Ne le dis pas à ta mère. » Il n’a jamais eu besoin de le dire. Je ne savais pas comment parler à quelqu’un de ce que je ressentais, de ce qui m’effrayait, me couvrait de honte et me faisait pourtant rester là, debout, sans bouger, désespérée, pendant qu’il se frottait contre moi et enfouissait le visage dans mon cou. Je ne pouvais pas le dire à maman. Je n’aurais pas su expliquer pourquoi je restais là et le laissais me toucher. Ce n’était pas du sexe, pas comme un homme et une femme qui poussent leur corps nu l’un dans l’autre, mais c’était quand même un peu comme du sexe, quelque chose de puissant et d’effrayant qu’il voulait furieusement et que je ne comprenais pas du tout.
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Comment pardonner à quelqu'un quand on ne peut même pas prononcer son nom, quand on ne supporte pas de fermer les yeux et de voir son visage ? Je ne comprenais pas.
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Ma bouche s'est refermée sur le cri que je n'arrivais pas à faire sortir.
La rage me brûlait le ventre et me remontait dans la gorge.
J'avais dis que je ne pourrais jamais la détester, mais je la détestais maintenant, parce qu'elle le tenait comme ça, qu'elle était plantée là à pleurer sur son sort;
Est-ce qu'elle pouvait à la fois m'aimer et le tenir de cette façon ?
J'ai laissé retomber la tête en arrière. Je ne voulais pas voir ça. Je voulais le fusil de Travis, ou mon crochet meurtrier bien aiguisé.
Je voulais que tout s'arrête, que le monde finisse, n'importe quoi pour ne pas être là à me vider de mon sang pendant qu'elle le tenait dans ses bras et pleurait.

J'ai entendu un rugissement au loin, une vague obscure, désespérée qui m'attendait, et je l'ai suivie dans le noir.
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Videos de Dorothy Allison (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dorothy Allison
La Vie d'une femme (Cavedweller, 2004), un film américain réalisé par Lisa Cholodenko avec Kyra Sedgwick. Trailer.
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