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4,1

sur 1081 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si les premières pages de Madame Hayat trahissent un morne quotidien, bientôt les énoncés factuels prennent de l'ampleur, deviennent un tourbillon d'émotions alors que l'amour embrase le héros, le fend en deux, divisé qu'il est entre deux femmes que tout oppose. Hommage à la liberté, à la vie et à la passion, tant intellectuelle que charnelle, ce roman est un superbe pied de nez à la dictature turque (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/11/19/madame-hayat-ahmet-altan/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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De l'aveu de mes amis, le grand fantasme, quand on est jeune, c'est de se faire dépuceler par une femme d'expérience. Fazil a cette chance. Il tombe sur Madame Hayat (hayat signifie « la vie ») et avec elle il apprendra non seulement à faire l'amour mais à goûter aux vrais plaisirs de l'existence : « Madame Hayat était libre. Sans compromis ni révolte, libre seulement par désintérêt, par quiétude, et à chacun de nos frôlements, sa liberté devenait la mienne ».
Fazil étudie la littérature ; elle, grande iconoclaste, ne jure que par la nature et de leurs discussions (voire leurs disputes) naît la complicité : « Son esprit paraissait ressembler à ces étranges bazars où, à côté de la camelote la plus ordinaire on trouve les antiquités les plus précieuses ».
Fazil est jeune, il rencontre Sila, étudiante comme lui. Ils ont en commun d'aimer les lettres, d'avoir été riches et de supporter la déchéance de leurs familles condamnées par le régime en place.
Fazil s'étourdit entre ces deux amantes, deux facettes d'un éternel féminin mais aussi deux versions d'un impossible destin. Faut-il quitter la Turquie et sa dictature à peine voilée, s'en affranchir en partant à l'étranger ? Ou faut-il se résigner, tenter de résister, au risque de croupir dans une geôle ?
Ce roman est un hymne à l'amour que l'auteur dépeint comme une mosaïque : chaque jour est un fragment précieux dont on perçoit la beauté quand il est trop tard, quand l'oeuvre est achevée.
Si vous avez aimé « L'immeube Youcoubian » d'Alaa al-Aswany, alors vous succomberez au charme du roman d'Ahmet Alan. Il n'en a pas la puissance politique (malgré une dénonciation évidente du régime) mais l'évocation, intelligente et pudique, de la relation entre Fazil et Madame Hayat vaut, à elle seule, le détour.
Bilan : 🌹🌹
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A cause des oppressions du régime turc, Fazil, devenu pauvre suite à la faillite et à la mort de son père, suit des études de littérature grâce à une bourse.
Il est passionné par les écrivains et les livres.
Il fait la rencontre de Mme Hayat, la cinquantaine, flamboyante, envoûtante, dont il tombe éperdument amoureux.
Mais il aime aussi la belle et littéraire Sila, étudiante comme lui.
Fazil va grandit et mûrir grâce à ces deux femmes.
C'est une magnifique éducation sentimentale.
Des sentiments amoureux finement analysés ;
Une situation politique oppressante où les libertés sont supprimées les unes après les autres.
Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman, sans doute à cause du style trop classique et trop descriptif, j'y ai pris de plus en plus de plaisir.
La situation en Turquie est assez effrayante, difficile d'y trouver sa place si on est pas aux ordres de la dictature.
Quand j'ai vu, après ma lecture que l'auteur avait écrit ce roman en prison, il a pris une plus grande dimension dans mes sentiments.
Et plus j'y pense, plus je me dis que c'est un très beau livre.
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L'amour n'est pas toujours celui que l'on croit. Il frappe en dépit d'une raison que l'on imagine rationnelle et éclairée. Fazil se perd dans les bras de l'une, fantasque et vivante, quand l'autre l'attire et le rassure. Mme Hayat sera la fantaisie, celle qui croque et qui mord, sensible, humaine, la chaleur et la tempête. Sila sera l'équilibre et la jeunesse.

De ce roman je dirais qu'il est un bonbon ; un doux plaisir sucré posé sur la langue aux parfums enivrants de pages que l'on dévore. Il se déguste, se savoure page à page tant par sa qualité littéraire que par la richesse de messages glissés ça-et-là. le contexte est complexe dans l'univers d'un pays maltraité ; les faits se disent, graves, révoltants portés par les mots de personnages attachants dont les sentiments émeuvent. L'amour y est lumineux quand tout s'assombrit.

Je n'ai pas été tentée par cette lecture lors de sa sortie en grand format, pourquoi, je l'ignore. La collection Babel permet heureusement de rattraper cette grossière erreur et je vous invite si, comme moi, ce livre vous avait échappé à vous le procurer de toute urgence. Parce qu'il est d'une grande finesse, tendre, habile, parce qu'il évoque la vie, l'amour et l'amitié, parce qu'il est merveilleusement bien écrit. Partez à la rencontre de Fazil et Mme Hayat, elle en vaut mille fois la peine.


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La vie de Fazil change radicalement après le décès de son père. Au chagrin viennent s'ajouter les soucis d'argent, de logement, de priorités. Étudiant en lettres, Fazil va devoir s'adapter pour se maintenir en vie. Figurant dans une émission de télévision, il va un soir faire la rencontre de Madame Hayat. Cette femme, plus âgée que lui, au corps généreux, va lui apprendre l'amour, le désir, mais aussi le manque et la jalousie. Aimé de Sila, une jeune étudiante en littérature qui a elle aussi connu la décadence de sa famille, Fazil va devoir faire un choix…

Et ce choix, c'est celui du coeur ou de la raison, celui de la liberté du corps ou de l'esprit, celui du déséquilibre ou de la stabilité…

Ce très beau roman d'Ahmet Altan est une ode à l'amour sous toutes ses formes.
Celui que Fazil porte à une femme, pour ce qu'elle évoque ou ce qu'elle déclenche, pour le regard qu'elle porte sur le monde, pour la liberté qui la fait vibrer…
Celui que Fazil porte à son pays, malgré la peur, la douleur, l'incompréhension et la haine de ses injustices…
Celui que Fazil porte à son passé, à son père disparu, aux souvenirs d'une vie plus légère, plus facile, aux lendemains toujours insouciants…
Celui que Fazil porte à la littérature, aux livres, aux histoires qui lui offrent un échappatoire…

Madame Hayat est un roman qu'il faut pouvoir déguster, apprécier, savourer… Au coeur de cette histoire d'amour, il y a la poésie et comme une douce mélodie murmurée par Ahmet Altan pour que, si l'on devait ne retenir qu'un souvenir, ce doit celui de la liberté…
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Je viens de refermer ce roman d'un écrivain inconnu pour moi,et je suis encore sous le charme.
Comment un étudiant en littérature : Fazil, dans un pays en pleine révolution( La Turquie),va tomber éperdument amoureux d'une femme envoutante,plus âgée : Mme Hayat.
Peu de temps après, sa rencontre avec la jeune Sila, étudiante aussi en littérature, va le confronter à un bonheur double.Fazil et Sila sont jeunes et viennent d'un milieu aisé mais d'une vie facile ,du jour au lendemain ils vont se retrouver dans une misère noire,à laquelle ils n'étaient pas habitués. Pour gagner de l'argent ,afin de poursuivre leurs études ils seront tous deux figurants dans une émission de télévision.C'est dans ces lieux ,que Fazil rencontrera Mme Hayat.Deux rencontres amoureuses deux femmes totalement différentes de par l'âge et deux parcours de vie aussi différents ; quoique de Mme Hayat on ne sait pas grand chose C'est une femme qui s'entoure de mystère et le cultive.
.Deux passions que l'écrivain Ahmet Altan va décrire avec beaucoup de subtilité ,le tout dans un décor de révolution où les hommes avec des bâtons cassent ,détruisent et arrêtent ,où les droits jour après jour sont bafoués, et où les habitants vivent de plus en plus dans l'oppression .J'ai beaucoup aimé l'écriture poétique tout en douceur de ce roman contrastant et s'imbriquant malgré tout dans la violence des jours sombres de la Turquie. A recommander.
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Fazil, étudiant en littérature, est devenu pauvre à la mort de son père. Logé dans un immeuble de rapport avec d'autres laissés-pour-compte, il se dégote un petit boulot : figurant pour une émission de télévision.
C'est là qu'il va faire deux rencontres décisives sur fond de tensions politiques, de montée d'un totalitarisme religieux soutenu par l'Etat.
D'abord celle de la flamboyante Madame Hayat, la bien nommée puisque « hayat » veut dire la vie en turc. Quinqua solaire, légère, à la sensualité assumée, Mme Hayat ne se contentera de l'initier aux jeux de l'amour. Ce sont des leçons de vie qu'elle va professer au jeune homme tout au long d'une relation suivie mais discrète.
Et puis il y a Sila, au profil très similaire au sien. Etudiante en littérature, découvrant la pauvreté après un confort matériel certain, pleine de certitudes et avec laquelle il peut avoir des échanges stimulants, des disputes plaisantes sur les thèmes qu'ils chérissent tout deux.
Entre les deux femmes son coeur balance.
L'une, d'évidence, correspond à la raison : études, exil pour fuir le péril qui s'approche de plus en plus, l'avenir…
L'autre, est en quelque sorte une folie au parfum de lys. C'est la liberté incarnée de faire ce qui nous correspond le mieux en profitant de l'instant, du présent et des petits plaisirs qu'il nous offre. Elle est comme une drogue dont le manque fait retomber Fazil dans les contingences ordinaires.
Quand on sait que ce roman a été écrit depuis la prison dans laquelle il a été incarcéré car accusé d'être impliqué dans la tentative de putsch à l'été 2016, ce roman d'apprentissage prend une dimension bien plus profonde, une réflexion sur ce qu'est vraiment un homme libre : "un homme qui plie, un homme qui se révolte ou un homme qui s'affranchit des bornes du temps pour atteindre le désintérêt (financier notamment , dont il est régulièrement question dans le roman), la quiétude…"
Un très beau texte.

Désolée pour le RDV (les) manqué avec mes camarades de lecture commune : Sandrine, Bernard et Diana et merci car je me suis lancée avec joie dans ce roman.

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J'ai lu Madame Hayat, grâce à Daniel Pennac. Moi qui ne regarde quasiment jamais les émissions littéraires, trop centrée sur mes lectures et confiante en Babelio pour guider les choix, voici un jour Facebook qui me montre une video extraite de la Grande Librairie où Daniel Pennac touche plusieurs souvenirs et points sensibles de ma vie de lectrice. Il parle d'une jeune fille croisée dans le métro qui est plongée dans Madame Hayat comme si rien d'autre n'existait autour. Il y a plusieurs décennies, j'avais moi-même croisé un jeune homme plongé dans Dune, comme si rien d'autre n'existait autour. Je l'en remercie officiellement aujourd'hui, car grâce à lui j'ai commencé à lire de la science-fiction. Et je n'ai pas arrêté depuis. Daniel Pennac se demande aussi dans la vidéo à quoi sert la littérature ? A rien ? Non. On ne changera pas le monde avec la littérature, mais on le comprendra mieux. On se supportera et on le supportera mieux. C'est déjà énorme. Et puis lire un auteur étranger m'a toujours semblé un privilège : grâce aux traducteurs qui font un travail extraordinaire et certainement insuffisamment reconnu, les frontières s'abolissent. le monde nous appartient.
Et ce fut un privilège de lire ce magnifique texte. Il s'en dégage une beauté comme ces oeuvres d'art dont on a du mal à détacher le regard, car elles apportent à l'âme comme une plénitude inestimable.
Madame Hayat est une oeuvre d'art. C'est un roman d'apprentissage, de liberté, de découvertes, des choix que l'on fait, des épreuves qui nous construisent.
C'est une lumière au milieu de l'obscurantisme.
Alors faut-il le lire ? Oui. Et se laisser porter par les hasards littéraires. Car il reste dans les transports en commun, des lecteurs trop accros à leur roman en cours pour lui préférer le téléphone portable.
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Fazil, un étudiant appartenant à la bourgeoisie stambouliote, se retrouve brutalement dans le dénuement. La raison ? Son père qui possède d'immenses cultures de tomates est ruiné du jour au lendemain : le gouvernement russe vient d'interdire l'importation de légumes turcs suite aux protestations du président Erdogan après l'annexion de la Crimée et l'attaque du Donbass par Poutine.
Un monde s'écroule. Commence alors « la deuxième vie » du narrateur. Pour pouvoir continuer son parcours académique, il se résout notamment à jouer les figurants rémunérés dans un show télévisuel de troisième zone. C'est là qu'il rencontre Madame Hayat, une fascinante quadra qui finit par l'inviter chez elle...
Ce récit parvient à merveille à décrire la déchéance dans laquelle est tombée l'intelligentsia turque sous le règne du « Parti de la justice et du développement » emmené par le sinistre despote Recep Tayyip Erdoğan.
Le quartier bohème où se retrouvaient les jeunes gens aisés pour faire la fête devient fantomatique depuis l'apparition de milices islamistes qui tabassent sans raison les ivrognes et les travestis. Naturellement, comme dans l'Allemagne nazie, la police ferme les yeux sur ces violations flagrantes de la loi. Les consignes venues du palais présidentiel sont très claires...
Ce qui m'a moins plu, ce sont les (trop) nombreuses scènes consacrées à la vie sexuelle de Fazil qui se croit réellement irrésistible. Cet étalage pourtant voilé de pudeur de ses exploits a fini par me lasser, car il alourdit inutilement le rythme de la narration : sans ces errements et en mettant encore davantage l'accent sur la situation politique, l'oeuvre aurait nettement gagné en intensité.
Toutefois, si vous parvenez à sauter à pieds joints par-dessus les récits d'alcôve qui émaillent ces presque trois-cents pages, vous apprécierez certainement ce portrait au vitriol d'un pays où gouvernement et mafia semblent progressivement fusionner... Pour le pire bien entendu!
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Comment s'échapper de cette prison?
Comment en sortir, au moins la tête ?
Comment tenir face à la dictature
d'Erdogan du fond de sa geôle?.
C'est en écrivant Madame Hayat
qu' Ahmet Altan réalise cette prouesse.
Ce livre est un cadeau ,un hymne à la liberté.

Un jeune étudiant en lettres passionné
par la littérature se retrouve jeté
dans la précarité par la mafia locale .
Il rencontre deux femmes, l'une jeune, belle,
lettrée,et déclassée comme lui
par des machinations du pouvoir.
Ils vivent dans cette Turquie
où on ne peut pas vivre, librement.

Il se lie avec une autre femme, moins jeune.
mais flamboyante, libre et sensuelle qui
devient sa véritable amarre.
C'est de son éducation politique et amoureuse
éclairée par ces deux femmes qu'il s'agit.
Un chemin vers l'homme adulte...
Avec ses rêves, ses peurs,ses colères
et ses désillusions dans un monde
ou la police, la milice débarquent à l'aube
pour faire taire certaines voix

Ce livre est un cri
dont il faut faire retentir l'écho .
C'est une belle histoire
née dans l'oppression d'une dictature
qui se porte toujours et encore bien.


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