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4,1

sur 1083 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Écrit dans les geôles turques, Madame Hayat est un récit porté par l'amour de la liberté et la splendeur flamboyante de la jeunesse. L'impression, en progressant dans le roman limpide de Ahmet Altan, est celle de lire un classique immédiat, de ces livres qui imposent naturellement leur grâce, avec une intensité et une densité remarquables. Avant tout, avec son narrateur étudiant, Madame Hayat se place dans la lignée glorieuse des romans d'apprentissage, avec l'éducation sentimentale et sensuelle d'un jeune homme encore candide que deux femmes vont transformer à jamais. Il y a bien sûr Madame Hayat, cette dame d'un certain âge, au charme langoureux, qui initie le héros à la pratique amoureuse mais qui élargit aussi son mode de pensée, l'ouvrant à la curiosité et à la jouissance insouciante. Avec, Sila, l'autre femme du livre, du même âge que lui, les deux amants communient dans la littérature et partagent la même angoisse de l'avenir. Deux égéries pour ce garçon encore malléable, deux instructrices parallèles qui se complètent et le convient au festin de la chair et de l'intelligence. La réussite du livre tient autant à l'enchantement et parfois au questionnement sentimental qu'au climat de terreur qui cerne les protagonistes dans un pays (jamais nommé, ce n'est pas nécessaire) où la dictature frappe tous azimuts avec une violence terrifiante. La peur est en effet un ingrédient de l'ouvrage mais combattue avec les armes du plaisir, de l'innocence et de l'espoir car si les corps sont souvent humiliés et défaits, l'esprit, lui, reste libre et ne cesse jamais de triompher. Ahmet Altan a été libéré en avril dernier mais reste toujours sous la menace. Mais ses bourreaux n'auront jamais l'essentiel : son coeur indépendant et résistant.
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″Je me suis habitué à la peur, à la solitude, au manque, je ne me plains pas, j'ai appris à avaler en silence le poison qui est dans le miel. L'une des nombreuses leçons que j'ai reçues de Madame Hayat. ‶

Istanbul de nos jours…

Fazil, le narrateur, est jeune, intelligent ; il est le fils d'une famille aisée d'agriculteur. du jour au lendemain, la famille est ruinée faute de pouvoir commercialiser leurs productions, le père décède laissant Fazil seul face à se vie étudiante dont il devra assumer seul les dépenses. Il étudie la littérature, sans trop savoir s'il souhaite devenir écrivain, ou critique littéraire.

Fazil, se retrouve dans une pension ù il croise des gens comme lui confrontés aux difficultés de tout ordre. Pour agrémenter son quotidien, Fazil s'engage comme figurant dans une émission de télévision. C'est là qu'il rencontre Madame Hayat, beaucoup plus âgée que lui, d'un tempérament radicalement différent de lui, et qui le prend sous son giron dans une forme d'initiation au passage à la vie adulte. Contre toute attente, Fazil tombe amoureux de Madame Hayat.

Notre étudiant lettré et romantique à ses heures, n'en est pas moins sensible à la jeunesse et à la beauté de Sila, intellectuellement sur le même fil que lui.



Dans cette grande ville dont on imagine à la fois le bouillonnement, et la contraction progressive causée par un régime autoritaire qui se fait de plus en plus oppressant, Fazil ne peut choisir. Chaque femme est assez différente pour y puiser en de multiples influences, et lui offrir un double regard sur la vie.

La recherche de la liberté, est le fil conducteur de ce roman écrit alors que son auteur était en prison ! L'auteur nous donne à lire une critique en filigrane des dérives autoritaires du pays.

La liberté politique que réclame avidement les milieux étudiants, et ouvriers ; la liberté de pouvoir quitter un pays en qui la jeunesse ne croit plus, la liberté d'aimer sans avoir à choisir.

J'ai beaucoup aimé le personnage solaire de Madame Hayat, qui sans en avoir l'air a donné à Fazil la force et la résistance ; elle a fait de lui un Homme, en ayant l'extrême élégance de s'effacer en silence.

Madame Hayat s'apprivoise lentement. J'ai souvent pensé qu'il ne se passait pas grand-chose, qu'il s'agissait d'un banal plan double…Ahmet Altan au fil de son ouvrage a su déjouer mes réticences aux deux tiers du texte qui m'est soudainement apparu comme un très beau roman d'apprentissage. Son écriture est soignée, recherchée, poétique parfois.
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Roman d'amour, roman d'apprentissage, c'est une très belle histoire, toute en nuances, toute en finesse que Ahmet Altlan a imaginée alors qu'il était emprisonné. 

Fazil, étudiant en littérature, ruiné à la suite de la faillite et du décès de son père, emménage dans une sorte d'auberge où vivent des personnages marginaux, un père et sa petite fille, un videur de boîte de  nuit excellent cuisinier, un pieux travesti, un Poète qui n'écrit guère de poésie mais plutôt des écrits politiques. Il a trouvé un travail comme figurant dans une émission de variétés à la télévision. Au cours d'un tournage, il fait la connaissance de Madame Hayat (madame la Vie), une femme d'âge mûr, très libre et très séduisante. Malgré la différence d'âge, de statut social, d'intérêt dans la vie, une relation amoureuse se trame. Madame Hayat a une personnalité originale : elle est libre, fondamentalement libre et cherche le bonheur et celui de Fazil


Fazil rencontre aussi Sila, une jeune fille de son âge, également étudiante en littérature, dont la famille aisée autrefois, se trouve frappée d'ostracisme politique et ruinée. Ils ont en commun l'amour de la littérature. Sila est charmante, ils sont amoureux, ont un projet : émigrer au Canada et fuir la Turquie où des jeunes étudiants manquent de perspectives.


Fazil mène ses deux relations amoureuses de façon aussi intense mais il devra choisir quand Sila va organiser leur expatriation. Partira? Restera?

L'auberge où loge Fazil se trouve dans une rue "chaude" de la ville, des individus munis de grands bâtons font régner l'ordre moral et même la terreur quand le Poète se verra contraint au suicide. Par touches subtiles, l'auteur montre la censure, l'ordre et la peur que la dictature instaure.

Il est aussi question de littérature, du courage en littérature. Comment enseigner la littérature? Les enseignants font preuve de courage, et pas seulement en littérature.


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Un roman initiatique, une double éducation sentimentale, une histoire d'amour plurielle, une leçon de philosophie ? Oui, tout cela bien entendu, mais surtout un puissant roman politiquement engagé. Gardons à l'esprit que Ahmet Altan, a écrit son récit pendant son incarcération, après avoir été condamné arbitrairement à la prison à perpétuité sous prétexte qu'il aurait soutenu le coup d'état contre le gouvernement Erdogan perpétré le 15 août 2016.

Hymne à la jeunesse, à la vie et à la liberté, ce roman met en scène un jeune étudiant en lettres, Fazil, tombé dans la précarité à la suite de la faillite et du décès de son père. Contraint de gagner un peu d'argent pour financer ses études et payer le loyer de son modeste logement, dans une pension de famille, sorte « d'auberge espagnole » il fait de la figuration pour une émission télévisée. C'est là qu'il rencontre Madame Hayat, une femme voluptueuse, d'âge mur, solaire et indépendante, dont il va tomber éperdument amoureux et qui va le fasciner. Dans le même temps il va se lier avec Sila, une jeune étudiante, vive et intelligente, passionnée comme lui de littérature et avec qui il partage les mêmes centres d'intérêt. Deux femmes totalement opposées vont se partager la vie et le coeur de Fazil. Elles vont contribuer à sa mue.

J'ai apprécié l'écriture de l'auteur, son style est riche et élégant, très classique, peut-être un peu trop narratif parfois, mais les sentiments successifs des personnages sont finement évoqués et le contexte politique et la violence latente sont décrits avec force et subtilité.
Jamais Ahmet Altan ne mentionne les mots Turquie et Istanbul. L'action se déroule dans la perle du Bosphore, ville historique, dynamique, pleine de contrastes mais où, depuis plusieurs années, la société semble se déliter. Mais personne n'est dupe, ce roman courageux, ode à la liberté et à la littérature et à la, a pour toile de fond ce pays qui actuellement tombe dans la dictature, la répression et la radicalisation.

Ahmet Altan qui a finalement été libéré en 2021, mérite amplement le Prix Fémina 2021 du meilleur roman étranger, qui lui a été attribué. mais qui malheureusement n'a pas pu lui être remis en mains propres, puisqu'il a interdiction de quitter son pays et de voyager.
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Au décès brutal de son père, Fazil, le narrateur, connaît la précarité. La riche famille de marchand dont il est issu est ruinée. S'il peut continuer ses études, c'est grâce à une bourse et au logement modeste qu'il trouve dans une auberge. Là, il croise un père qui peine à nourrir sa fillette ; un homme qui se prostitue, souvent violenté par des religieux ; un journaliste de l'opposition ; de pauvres gens qui cherchent à subsister.
C'est une nouvelle vie pour Fazil - qui jusqu'ici a été très protégé - plus frugale, qui l'amène à découvrir les réalités sociales et politiques de son pays, la Turquie, dont est originaire l'auteur. Des familles sont spoliées de leurs biens du jour au lendemain, sans motifs ; les barbus traquent tous ceux qui ne se conforment pas à la loi islamique et donnent du bâton ; les opposants sont emprisonnés, torturés. Une violence qui n'épargne personne.
A cette dure réalité s'opposent les élans amoureux du jeune homme. Dans les bras de Madame Hayat, plus âgée que lui, il s'ouvre à la volupté, aux plaisirs de l'amour, à la sensualité. A une certaine philosophie de la vie aussi : accueillir le meilleur, ne pas craindre l'avenir, jouir de la beauté :
« - N'aie pas peur, Marc Antoine… Il ne faut avoir peur de rien dans la vie… La vie ne sert à rien d'autre qu'à être vécue. La stupidité, c'est d'économiser sur l'existence, en repoussant les plaisirs au lendemain, comme les avares. Car la vie ne s'économise pas… Si tu ne la dépenses pas, elle le fera d'elle-même, et elle s'épuisera. »
Avec Sila, étudiante comme lui, dont la famille connaît également un revers de fortune, c'est l'amour de la littérature qui l'emporte. Une communion intellectuelle qui se transforme rapidement en relation amoureuse. La jeune femme souffre davantage que Fazil de la déchéance sociale, de la pauvreté et forme le projet de quitter la Turquie pour le Canada. Pour elle, pas d'avenir pour les jeunes dans ce pays qui opprime, qui pratique la corruption comme un sport national et contraint ses habitants au désespoir.
Deux femmes, deux visions du monde, deux facettes de la Turquie. Fazil ne peut choisir, ne veut choisir. Envouté par ce que les deux femmes ont à lui offrir, il quitte les bras de l'une pour se réfugier dans ceux de l'autre – charmé par la fougue de Sila comme par les caresses sensuelles de Madame Hayat, sans vraiment avoir l'impression de les trahir tant ce qui les unit diffère. Assez étrangement, en effet, je n'ai jamais senti de duplicité chez le jeune narrateur, généreux et totalement engagé dans chacune des deux relations. Néanmoins, il y a toujours un moment où il faut choisir et, en cela, Madame Hayat est un beau roman sur l'entrée dans l'âge adulte et sur les choix qu'il faut finalement effectuer.
Au-delà de l'histoire individuelle, il reste le portrait d'un pays que sa jeunesse souhaite fuir à tout prix et dans lequel les adultes se résignent à vivre la pauvreté, l'injustice et la répression.
Un beau moment de lecture, un personnage féminin inoubliable, sublime Madame Hayat.
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Fazil, le personnage principal, étudiant turc élevé dans l'aisance matérielle subit la ruine puis la mort de son père. Il découvre alors une autre vie, plus difficile, mais réussit à poursuivre ses études de lettres. En faisant de la figuration dans un studio télé, il rencontre Madame Hayat, bien plus âgée que lui, dont il tombe amoureux. Il rencontre aussi Sila, étudiante en lettres elle aussi, avec qui il entretient aussi une liaison. Si la lecture est belle et agréable, le personnage de Fazil m'a déplu, en particulier le regard qu'il porte sur les femmes. Féru de mythes et de littérature, il est aveuglé par son propre orgueil et pense que si une femme le congédie, c'est qu'elle voit un autre homme, et que faire l'amour à une femme, c'est nécessairement être au-dessus d'elle. A part cet agaçant personnage principal, le roman propose une belle galerie de personnages secondaires, notamment les voisins de chambre croisés au gré des déambulations des uns et des autres dans la cuisine commune. J'ai également apprécié les réflexions récurrentes sur le cliché et le hasard et le délitement du pays en toile de fond, qui prend une résonance toute particulière quand on sait que ce roman a été écrit en prison.
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C'est le roman d'une très belle éducation sentimentale, celle de Fazil, jeune étudiant, un peu perdu dans une vie chamboulée par les événements d'un régime totalitaire et qui va rencontrer deux femmes complètement différentes et aussi attachantes l'une que l'autre.
Une femme dans la maturité, Madame Hayat va l'envoûter par ses charmes, sa liberté, son regard sur la vie, sa gourmandise de tout et aussi par ses secrets. Il va l'aimer follement sans jamais savoir qui elle est. Ils vont partager des moments pleins de magie.
Cet amour incontrôlable ne va pas l'empêcher de rencontrer Sila, étudiante comme lui. Leur passé et leur passion pour la littérature vont les rapprocher. Leur amour, comme leur jeunesse, brûle vite, sans braises. Ils vont partager quelques joutes, tantôt intellectuelles, tantôt sexuelles.
Entre ces deux amours, la peur qui se propage chaque jour un peu plus et quand un choix s'imposera, Fazil trouvera refuge dans la littérature et l'écriture, points d'ancrage essentiels.

Ce roman est lumineux, malgré ses zones d'ombre.
Un roman puissant magnifiquement écrit.

« La vie commence par hasard, et elle se poursuit dans le hasard. »
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Le lieu, semble être la Turquie du côté d'Istanbul, car on y évoque le Bosphore, l'époque, contemporaine avec une démocratie bien amochée qui présage le pire. le jeune étudiant Fazil, fils d'agriculteur ruiné étudie la littérature et occupe une chambre dans une sorte de pension auberge, où on partage la cuisine et le réfrigérateur à plusieurs résidents.
Il arrondit son petit budget en faisant de la figuration dans les enregistrements d'émissions de télévision où il rencontre « madame Hayat » beaucoup plus âgée que lui et qui devient sa maîtresse, sa muse, sa protectrice, sa boussole… En parallèle, il rencontre Sila, jeune étudiante en littérature comme lui dont les parents déchus ne peuvent plus assurer l'intendance. L'ambiance politique n'est pas rassurante, on peut être arrêté et emprisonné sans motif, corruption et délation rendent méfiants les colocataires, la suspicion devient légitime et le poète va en faire les frais. Deux professeurs passionnés communiquent à leurs étudiants leurs définitions de la littérature et font courageusement face aux entraves à la liberté qui se développent. Fazil devient adulte grâce à son amour pour les deux femmes, et s'affirme en n'ayant plus peur, comme Mme Hayat le lui a appris. Belle histoire d'amour dans un contexte angoissant d'incertitude quotidienne pouvant broyer les individus, mais aussi les révéler et leur apprendre à relever la tête.
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Que dire de ce livre ?

1- Cette relation passionnelle m'a un peu dépassée. Mais c'était très intéressant de la voir prendre le pas sur quasiment tout, minimisant presque la perte progressive de toutes les libertés (très bien décrite et révoltante).

2- J'ai trouvé certains passages un peu trop longs, un peu trop littéraires.
À la différence d'autres, d'une très grande sagesse, qui font toute la beauté du livre.

3- Puis on se rappelle que ce livre a été écrit en prison. J'imagine qu'en prison on n'a plus les mêmes références, ni le même rapport au temps, qu'on a besoin de se réfugier dans les mots pour essayer de tenir.

Ce qui est sûr c'est que ce livre fait réfléchir et ne laisse pas indifférent.

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Prix Femina étranger 2021 - Ahmet Altan est un dissident turc et ce livre aurait été écrit en prison. Il nous offre un roman mystérieux et original. le personnage de madame Hayat est singulier, séduisant, inoubliable et c'est cela même qui fait la beauté de l'oeuvre et l'attachement du narrateur. Elle lui apprend tout et le changera à j'aimais. À côté d'elle, les autres semblent, au départ, ordinaires, trop ordinaires. Pourtant, on finira par les aimer aussi… Dans une ville en proie à la terreur, où les interdits sont de plus en plus nombreux, chacun cherche comment demeurer libre. C'est un roman rempli de vibrations et de belles réflexions, mais c'est la façon de madame Hayat d'aborder la vie qui nous fascine au premier degré…
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