AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,21

sur 353 notes
5
52 avis
4
26 avis
3
5 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Histoire vraie.

Fernand Iveton , avec un I, il y tient, pied-noir d'Algérie, ouvrier et sympathisant communiste,  épouse tout naturellement la cause des algériens et du FLN  dans la guerre d'independance qui ne porte pas d'autre nom, en 1957, que celui des " événements d'Algerie". Fernand croit au droit  des peuples à disposer d'eux-mêmes.   Il croit que l'indépendance,  mettant fin aux conséquences toxiques de la colonisation, fera disparaître l'exploitation, l'assujettissement,  le mépris, le racisme. Et qu'elle permettra aux peuples d'Algérie,  arabes, juifs, français, espagnols, italiens, de retrouver égalité et fraternité. 

Il accepte d'agir avec eux. de poser des bombes. Mais c'est un humaniste : sa bombe ne doit pas tuer, elle ne doit faire que des dégâts matériels dans un entrepôt désaffecté.

Elle n'éclatera même pas et Fernand se fait prendre:  son attentat a quelque chose d'aussi naïf et improvisé que la bombe qu'il a posée.

Mais d'autres bombes ont éclaté,  ailleurs,  et elles ont tué. La situation se tend. Les circonstances vont transformer cet attentat raté en trahison majeure, et le pauvre Fernand aux idéaux nobles et humanistes en dangereux terroriste.

On le torture.  Il n'est pas Jean Moulin : il parle, il "donne" des noms. le parti , attentiste, ne le soutient que comme la corde soutient le pendu. D'ailleurs c'est la peine de mort qu'il encourt...

Il est mal defendu: un avocat novice,  commis d'office, un avocat  chrétien qui lui cherche des circonstances atténuantes au lieu de se situer sur le plan des principes. La défense s'adjoint un 3eme avocat, plus chevronné,  mais c'est trop tard,  tout est trop rapide pour émouvoir l'opinion publique en  métropole. le préfet Gorse, hostile à la peine capitale,   n'est pas écouté et Mitterrand, à la Justice, refuse d'appuyer le recours en grâce.  Coty botte en touche, assez lâchement. Fernand sera exécuté derechef. On ne lui laissera même pas le temps, en quittant sa cellule, de passer un pantalon.

Le livre avec sobriété, force -et quelle puissance!- , tisse le récit factuel de cet assassinat légal et programmé.

Il entremêle au récit de l'arrestation, de l'interrogatoire barbare et du jugement expéditif,  des pages de vie, d'amour, d'amitié,  de joie. Des pages de la vie d''avant. La  rencontre amoureuse avec sa femme, Hélène, entière et forte comme son époux. Digne compagne de son homme.

Joseph Andras  fait vivre et mourir un Juste, un homme du peuple,  un honnête homme.

Et nous le rend si proche, si fraternel, si innocent ...
Le couperet qui tue Iveton tombe avec une impitoyable cruauté, une injustice révoltante. 

Sa condamnation reste à jamais un scandale, elle éveille un effroi qui résonne longuement après la fermeture de ce beau livre, tout vibrant d'admiration et grondant de colère.

Un intense moment d'émotion.


Commenter  J’apprécie          739
Personne n'ose encore la nommer mais elle est bien là, la guerre, celle que l'on dissimule à l'opinion sous le doux nom d'événements. ( p17)

Les bombes sautent en Algérie. Fernand est communiste, activiste pour l'indépendance, arrêté lors d'une opération ratée, torturé, condamné à mort dans un simulacre de procès à charge...

Les paragraphes se mêlent comme dans l'urgence : arrestation, salle de torture, débandade de la cellule politique. Les dialogues sont inclus dans les phrases narratives, on est enveloppé, tendu dans le drame, l'horreur des interrogatoires, la tension de l'action. Puis l'enfermement le calme épuisant et délétère, l'attente interminable de la décision de justice. Mais peut-on parler de justice quand on est guillotiné pour l'exemple?

S'intercalent les souvenirs plus heureux: l'amour de Fernand pour sa petite polonaise, blonde aux yeux si bleus. Et son engagement pour l'égalité des peuples sur terre algérienne.

Une bien belle écriture pour une bien dramatique histoire, que Joseph Andras réussit à adoucir par une délicatesse poétique et de magnifiques formulations littéraires. Il offre un portrait poignant d'un homme ordinaire, broyé dans la France colonialiste. Un livre qui réveille les consciences pour une période politique compliquée, par un récit documenté et dépassionné des querelles de l'époque.

Quelle maîtrise dans un premier roman! On en prend plein le plexus, honteux par procuration...
Remarquable.
Commenter  J’apprécie          512
De nos frères blessés, que reste-t-il ? Des larmes, des rancoeurs, des fractures.
Joseph Andras à travers ce roman revient sur l'une des périodes les plus sombres de l'histoire de France. A peine dix ans après être sorti de l'innommable, l'opprimé redevient l'oppresseur. Ce pays colonialiste qu'est la France, réprime la révolte qui couve en Algérie. Liberté, égalité, fraternité, faites ce que je dis, pas ce que je fais…

14 novembre 1956, Fernand Iveton, membre du parti communiste, ouvrier Français d'Alger, militant pour l'égalité des droits entre Français et Algériens, engagé dans la lutte du FLN va aller poser un engin explosif dans son usine. La bombe est placée dans un local désaffecté car il est hors de question pour lui que son acte fasse la moindre victime. Pour limiter au maximum les risques, l'heure de l'explosion est programmée à une heure où tout le monde est rentré chez soi.
Dénoncé par un de ses supérieurs ayant probablement soupçonné quelque chose, Iveton est arrêté sur son lieu de travail avant que la bombe n'ait explosée. Enfin, la bombe… désamorcée par la police qui reconnait qu'elle n'aurait pas fait tomber un seul mur, tout au plus deux trois chaises.
Interrogatoire, humiliation et torture suivront l'arrestation. Deux jours avant un simulacre de procès, deux avocats lui sont attribués et un verdict inconcevable est délivré par un tribunal militaire, la peine de mort.
Joseph Andras retrace ces quelques jours où tout a basculé dans la vie de Fernand Iveton. Suivront un peu plus de deux mois d'emprisonnement où le temps passera en repensant à Hélène, sa femme, à leur rencontre, à leur histoire. Et puis les recours en grâce formulés par ses avocats auprès du président Coty et de… Mitterrand, alors ministre de la justice…
Fernand Iveton a été guillotiné dans la cour de la prison Barberousse à Alger le 11 février 1957.
Guillotiné sans avoir tué personne, juste pour l'exemple. Quel exemple… ?

Jean Luc Einaudi dans libé en juin 98 :
« J'ai écrit un livre, paru en 1986, sur cette affaire. François Mitterrand, président de la République, n'avait pas donné suite à ma demande d'entrevue. le dossier de recours en grâce, m'avait-on dit, avait disparu des archives du ministère de la Justice.
Le 24 mars 1994, trois journalistes furent reçus par le président de la République. En 1956, en tant que ministre de la Justice, il était vice-président du Conseil supérieur de la magistrature, qui examinait les recours en grâce et procédait à un vote. Comme ils lui demandaient: «Qu'avez-vous voté sur le dossier Iveton?», François Mitterrand leur avait répondu: «Je ne peux pas vous le dire.»
Or, comme beaucoup d'éléments me l'avaient déjà fortement laissé supposer, François Mitterrand avait voté la mort de Fernand Iveton. C'est ce que Jean-Claude Périer, secrétaire du CSM de 1956 à 1959, révéla aux trois journalistes. »

Il se dit que c'est certainement pour ça que celui qui fut élu le 10 mai 1981 a aboli la peine de mort dès qu'il a été au pouvoir. Une conviction ou plutôt une conscience qui réclamait un peu de paix ?
Hélène Iveton est décédée le… 10 mai 1998.
Commenter  J’apprécie          449
Très bien documenté, précis et méticuleux, nous racontant une histoire vraie, ce livre est bien un roman. Joseph Andras choisit ici de nous parler, de faire parler Fernand Iveton, que je ne connaissais pas. Condamné à mort en 1956, pour attentat terroriste en Algérie. Attentat qui n'a fait aucune victime, la bombe n'ayant pas explosé.
Andras fait un portrait vivant et sensible de Fernand. Ne cherchez pas de l'objectivité, moi je n'en ai pas vu. Mais ce n'est pas ce que je demande à un écrivain. Fernand est ici un personnage magnifique, fait de silence, de timidité, d'engagement et de paroles. Son combat pour l'égalité, l'indépendance, sa croyance en la justice, son amour pour Hélène, la douleur des tortures, la chaleur des algériens, l'obstination de la justice...c'est un livre plein de sensations qui nous est ici livré. J'ai été aux côtés de Fernand et d'Hélène pendant ce trop court moment.
Un premier livre, oh combien réussi.
Commenter  J’apprécie          260
Condamné par l'opinion publique, guillotiné le 11 février 1957, Fernand Iveton est le seul européen exécuté par la Justice de l'État français durant la guerre d'Algérie. Pourtant il n'avait tué personne. Ni dans les faits, ni dans l'intention. Sa bombe placée dans un endroit non utilisé de l'usine qui l'employait, n'explosera même pas.
Français d'Algérie, Fernand a rejoint l'organisme militaire du Parti Communiste Algérien car il voulait se battre pour une Algérie qui accorderait à tous, natifs et colons, les mêmes droits. Fernand aimait et respectait la vie, l'amour et la justice et il croira jusqu'au dernier moment que la peine de mort à laquelle il a été condamné au terme d'un procès sans justice sera commuée. Il sera guillotiné, le Président Coty, sous la pression de l'opinion publique lui refusera la grâce présidentielle. Fernand n'a eu le soutien ni de Guy Mollet (président du Conseil) ni de François Mitterrand (Garde des Sceaux). L'Humanité et le PCF ne veulent pas non plus se mouiller pour lui, seul le "petit peuple", ouvriers syndicalistes, algériens lui apporte son soutien ainsi que son avocat qui pleurera au moment de son exécution. Sale guerre.
Beaucoup de maîtrise pour un premier roman, un texte fort servi par une écriture directe, sans concession ni misérabilisme mais qui sait pourtant avec justesse raconter la vie de Fernand, ce qu'il ressent, ce à quoi il croit et pourquoi il se bat, de sa rencontre avec Hélène, sa femme aux yeux "bleu chien-loup qui vous farfouillent le cœur sans demander la moindre permission" jusqu'à l'instant fatidique quand, sans l'avoir le moins du monde préparé, on le sort de sa cellule pour l'amener à la guillotine. Il quittera la prison au petit matin en criant "vive l'Algérie" pour conjurer sa peur et en écho, les cris des autres détenus, les gamelles frappées sur les barreaux des cellules et les youyous des femmes du voisinage l'accompagneront jusqu'à la fin. Sachant avec pudeur mais sans omission nous faire sentir les horreurs de cette guerre sale: tortures, attentats, exécutions sommaires, compromis malsains ou actes de bravoure, usant d'un style aux phrases courtes qui se heurtent ou filent doucement au rythme de l'émotion, Joseph Andras se révèle un écrivain de talent et j'attendrai avec impatience de voir le résultat de cette écriture au service d'un ouvrage de pure fiction. Mais, qui se cache derrière le pseudonyme Joseph Andras? On ne sait de lui que peu de choses: il vivrait en Normandie, voyagerait beaucoup et a refusé le prix Goncourt du premier roman sans même se déplacer.
Commenter  J’apprécie          250
Une bombe. Déposée dans un local abandonné où personne ne va jamais, au fin fond de l'usine. « Pas de morts, surtout pas de morts ». du pur sabotage. C'est ce que voulait Fernand Iveton, ouvrier communiste et militant anticolonialiste. Son action n'avait qu'un but : attirer l'attention du gouvernement français sur le nombre croissant de combattants qui luttent pour qu'il y ait plus de bonheur social sur cette terre d'Algérie où il est né. Mais Fernand a été dénoncé. Arrêté juste après avoir posé la bombe, qui n'explosera pas. Emmené au commissariat. Torturé. Emprisonné. Jugé. Condamné à mort. Guillotiné le 11 février 1957. Fernand Iveton restera le seul européen exécuté par la justice française durant la guerre d'Algérie.

Incroyable premier roman qui m'a happé dès les premières lignes, me laissant la gorge nouée face au destin tragique d'un idéaliste sacrifié au nom de la raison d'état. Joseph Andras raconte avec minutie l'enchaînement des événements, entrelaçant le présent du militant arrêté et son passé, notamment la rencontre avec celle qui deviendra sa femme et ne cessera de le soutenir jusqu'au bout. La prose est sobre, âpre, sans gras. La description des tortures est terrifiante, chaque coup porté résonnant avec une précision clinique. Et l'ouvrier de céder face à l'innommable douleur : « Fernand n'aurait jamais cru que c'était cela la torture, "la question", la trop fameuse, celle qui n'attend qu'une réponse, la même, invariablement la même : donner ses frères. Que cela pouvait être aussi atroce. Non, le mot n'y est pas. L'alphabet a ses pudeurs. L'horreur baisse pavillon devant vingt-six petits caractères ».

Il n'y avait objectivement aucune raison de prononcer une telle condamnation tant les circonstances atténuantes semblaient évidentes. Après tout, le militant avait épousé une cause mais n'avait pas fait couler le sang. Seulement, l'opinion publique, vent debout face aux terroristes responsables des « événements » d'Algérie, avait besoin de satisfaire son esprit de représailles aveuglé par la haine. Et la France se devait de montrer sa fermeté, quitte à en faire trop. le rejet de la grâce présidentielle réduisit en cendres les derniers espoirs. René Coty et son garde des sceaux François Mitterrand biffèrent d'un trait de plume le recours des avocats, préférant laisser, comme ils l'écrivirent, « la justice suivre son cours ».

Fernand mort pour l'exemple, mort pour la France, victime d'une violence aveugle, d'une raison d'état se foutant des destins individuels au nom de l'intérêt collectif. Un symbole, un bouc émissaire dont l'exécution reste aujourd'hui encore une honte pour la République. Exercice d'admiration, texte forcément engagé qui aurait pu tourner au lyrisme dégoulinant et contre-productif, « de nos frères blessés » est au contraire un hommage d'une absolue dignité, porté par une écriture et une construction d'une maîtrise sidérante. Un très grand premier roman, je pèse mes mots.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          230
En 1956, Fernand Iveton dépose une bombe dans un local à l'écart des ateliers de l'usine où il travaille, à Alger. Cet acte symbolique qui s'inscrit dans la lutte de libération nationale ne doit blesser ni tuer personne. Dénoncé, il est arrêté avant l'explosion. Coupable d'une intention de sabotage, il est condamné à la peine capitale, dossier facile à défendre mais qui tombe au mauvais moment. « La guerre et la loi n'ont jamais fait bon ménage. »
(...)
La littérature au service de l'Histoire, de la mémoire et de la justice.

Article complet sur le blog.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          220
Un roman fort et sobre à l'image de son personnage principal, dont les convictions sincères et dignes de respect se heurtent au monde politique, servilement dépendant d'une opinion publique elle même influençable, moutonnière, partisane et excessive. Il faut dire que l'action se passe en pleine guerre d'Algérie. le roman est inspiré de l'histoire vraie d'un guillotiné pour l'exemple qui n'aurait laissé aux politiques impliqués qu'un vague sentiment de mauvaise conscience. Beau texte, bien écrit et poignant, et superbe plaidoyer contre l'hypocrisie politique sous couvert d'opinion publique, malheureusement encore très actuelle.
Commenter  J’apprécie          190
Je comprends les jurés Goncourt. Impossible de ne pas être retourné, interpellé, estomaqué, ému par cette lecture. Mais aussi époustouflé par la maîtrise dont fait preuve son auteur qui livre un texte quasiment parfait, au ton sobre et au style équilibré, auquel il insuffle suffisamment de lyrisme pour toucher au coeur, sans jamais en faire trop. J'ai de la chance, le sujet de la guerre d'Algérie ne m'était pas très familier, et je viens par la grâce de deux plumes superbes, celle de Michel Quint (Apaise le temps) et celle de Joseph Andras, de rattraper un sacré retard.

"Quand la Justice s'est montrée indigne, la littérature peut demander réparation". Cette magnifique phrase qui figure sur la quatrième de couverture est une bonne introduction à ce livre qui s'empare d'une histoire enfouie dans les recoins d'une mémoire honteuse. Fernand Iveton a été guillotiné en février 1957, au nom de l'opinion publique, pour l'exemple, pour tenter de mettre fin à la marche en avant d'un peuple vers son indépendance. le Président Coty a refusé sa grâce et expliqué qu'il mourrait pour la France. Quelle ironie ! Fernand Iveton se battait pour l'Algérie. Une Algérie souveraine, débarrassée du joug colonial.

Qu'avait-il fait pour mériter cela ? Simplement posé une bombe artisanale dans son usine d'Alger, dans un local désaffecté. Une bombe qui, si elle avait explosé n'aurait même pas fait de victime, juste des dégâts matériels. Car Fernand avait des principes. Il défendait ses idées, ses idéaux, pour lui, pour Hélène, sa femme adorée, pour ses amis, pour cette terre qui l'a vu naître et qu'il rêvait de voir débarrassée des quelques "roitelets" qui imposent leur politique.

Joseph Andras redonne corps à Fernand par des allers-retours entre les derniers mois de sa vie - l'arrestation, la torture, le procès, l'emprisonnement - et des incursions dans son enfance ou sa rencontre avec Hélène. Fernand Iveton était un homme avant tout. Bon, amoureux, épris de liberté. Persuadé jusqu'au bout que "la France, fut-elle une République coloniale et capitaliste, n'est pas une dictature ; elle saura faire la part des choses ; elle saura dénouer le vrai du faux et lire entre les lignes ennemies". Manifestement, il se trompait.

La force de ce livre tient aussi à la reconstitution limpide du contexte, en quelques phrases bien senties. Joseph Andras restitue l'atmosphère électrique de l'époque, les peurs des acteurs d'un monde finissant mais aussi les compromissions au nom d'une raison d'état bien difficile à justifier. Quant aux hésitations des communistes à soutenir l'un de leurs membres...

Aussi révoltant que poignant, ce récit magistral est un bel exemple de ce que peut faire la littérature au service de l'Histoire, de la connaissance et de la mémoire. La plume de Joseph Andras est aussi séductrice que convaincante, composant un livre percutant et marquant. Un livre exemplaire.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          190
Ce livre retrace la vie de Fernand Iveton, seul Européen guillotiné pendant la guerre d'Algérie.

En 1956, à Alger, un indépendantiste algérien rallié au FLN (Front de Libération Nationale), Fernand Iveton, dépose une bombe, dans une usine, pour faire valoir ses idées. Bien qu'elle n'explose jamais et qu'elle ait été située à un endroit où elle n'aurait pu blesser personne, Fernand est arrêté par l'armée française. Il est torturé. Traité comme un terroriste, son procès se déroule devant le tribunal militaire où il est condamné à la peine capitale.

Ce roman est, d'une part, une mise en lumière d'un côté de la guerre d'Algérie : la torture subie par les indépendantistes du FLN lorsqu'ils étaient capturés par l'armée française. C'est une guerre assez récente dans son appellation puisqu'elle a longtemps été cachée par l'euphémisme d' « événement ». D'ailleurs, c'est ce qui poussait l'historien Pierre Nora à déclarer : « Sur l'Algérie fantôme règne un étrange silence ». Silence brisé par la suite mais pas tout à fait. Il a fallu attendre 2018 et la résurgence de l'histoire de la disparition de Maurice Audin pour que le président de la République Emmanuel Macron reconnaisse la torture pratiquée par l'armée française pendant la guerre d'Algérie.

C'est, d'autre part, un hommage sanglant à son protagoniste principal, Fernand Iveton. Il lui rend justice en expliquant ses motivations, son acte et la manière inhumaine avec laquelle il a été traité. L'auteur semble admirer cet homme pour sa détermination, son courage et la force de ses idées. Il redonne sa place à un militant oublié en lui laissant toute l'espace dans ce roman, jusqu'à le publier sous un pseudonyme puisqu'on ne sait pas qui est Joseph Andras, ce mystérieux auteur ayant refusé le prix Goncourt du premier roman sans même se déplacer.

Ce livre se lit très facilement tant on est pris dans l'histoire : celle de la torture du protagoniste principal suivie de son procès, mais aussi, parallèlement, celle de sa rencontre avec son épouse. Ainsi, sont alternés comme des souffles de répit, les images sanglantes avec celles de la passion amoureuse. le personnage principal est très intéressant : icône de la désobéissance civile ; ainsi que ceux secondaires qui gravitent autour de lui : exemples de courage. La plume n'est pas misérabiliste, bien au contraire. Elle est empathique.

C'est une biographie romancée, courte mais nécessaire, qui sert à l'Histoire avec une immense majuscule.
Lien : https://littecritiques.wordp..
Commenter  J’apprécie          140




Lecteurs (772) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3194 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}