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Le 22 avril 1988, avant-veille du premier tour de l'élection présidentielle, quelques dizaines d'indépendantistes, emmenés par Kahnyapa Dianou, Alphonse de son prénom français, investissent une gendarmerie de l'atoll d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie. Joseph Andras collecte les témoignages des proches d'Antoine et des principaux témoins, pour comprendre qui il était, les livre avec ses analyses, intercalés avec le récit de la prise d'otages, comme autant de pièces d'un puzzle qui, petit à petit, va éclairer la personnalité de celui qui fut qualifié de terroriste par la presse et les autorités.
(...)
Joseph Andras pare son enquête journalistique des attraits de la littérature. Avec patience, curiosité, une langue précise comme un scalpel, il livre un récit très personnel, un portrait respectueux et soucieux de justesse.


Compte-rendu de lecture sur le blog :
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Avec ce troisième ouvrage, Joseph Andras a encore une fois le don de nous emmener où l'on ne l'attend pas, du moins génériquement parlant, les thématiques restant, quant à elles, éminemment politiques. Et encore une fois, j'ai complètement adhéré.

Après de nos frères blessés, roman qui nous renvoyait aux heures les plus sombres de la guerre d'Algérie, et S'il ne restait qu'un chien, récit poétique qui nous décrivait avec une prodigieuse force le port du Havre, Kanaky retrace le cheminement réalisé par l'auteur pendant trois ans pour mieux comprendre la tragédie qui s'est produite à la grotte d'Ouvéa en 1988, aux conséquences funestes, avec 21 morts dont 19 kanaks. Cet évènement, qui a eu lieu pendant l'entre-deux tours de la présidentielle entre Jacques Chirac et François Mitterrand en Nouvelle-Calédonie, et qui a connu maintes versions selon les protagonistes interrogés, notamment en raison du caractère controversé, et politique de son dénouement, est ici décortiqué, avec toujours, comme fil conducteur, Alphonse Dianou, l'un des instigateurs de la prise d'otages, qui devait rester pacifique, et dans tous les cas celui qui était considéré par tous, ou presque, comme le meneur.

Afin de connaître le fin mot de l'histoire, à l'aune du référendum de 2018 pour l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, sur celui qui est devenu pour beaucoup un terroriste en France métropolitaine, mais un héros martyr en Nouvelle-Calédonie, Joseph Andras se rend sur place, échange avec ceux qui ont connu Alphonse, ceux qui auraient aimé le connaître, découvre les lieux qui ont fait son histoire ; recoupe les informations en lisant de nombreux ouvrages, articles, etc. sur le sujet ; enquête, en somme, sur une affaire d'Etat qui garde encore ses parts d'ombre, et sur un personnage, objet de fascination, notamment pour l'auteur, mais qui n'en reste pas moins très objectif ; enquête dans laquelle je me suis très vite laissé embarquer et que j'ai trouvé remarquablement écrite, tout comme les autres ouvrages que j'avais déjà pu lire de cet auteur, bien que celui-ci ne se veuille pas une oeuvre de fiction.
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Il s'agit ici d'un portrait d'Alphonse Dianou, le meneur la prise d'otage d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie » en 1988 par des indépendantistes kanaks, qui se termina tragiquement.
Ce « récit » (il ne s'agit pas d'un roman) est aussi une enquête menée sur place par Joseph Andras qui rencontre les témoins de cette tragédie et les proches de Dianou, une enquête qui alterne habilement avec la recension de la prise d'otages vue sous divers angles et qui met particulièrement en valeur le rôle néfaste et intéressé (criminel ?) des politiques en pleine élection présidentielle.
Le portrait dressé par l'auteur d'Alphonse Dianou est ici loin de celui qui fut fait à l'époque par les médias métropolitains et les politiques alors au pouvoir.
Au delà de ces événements, ce livre est aussi une réflexion sur le tropisme colonialiste de la France, aux conséquences sanglantes encore en 1988.
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Après un formidable et très remarqué « de nos frères blessés » (Goncourt du premier roman 2016, prix refusé par l'auteur), Joseph ANDRAS, reprend sensiblement les mêmes ingrédients un peu plus de deux ans plus tard pour ce « Kanaky ». Récit historique basé sur les tristement célèbres événements de la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie en avril/mai 1988.

Même si les relations, bonnes et surtout mauvaises, entre la France et la Nouvelle-Calédonie sont anciennes, avec ces drames, ces meurtres, ces déroutes (l'auteur en dresse un bref historique très instructif) le point culminant semble se profiler avec le « référendum Pons » sur l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie en septembre 1987 et le boycott par les indépendantistes, suivi du « statut Pons » en 1988, très défavorable aux « Kanak » (les indépendantistes). Puis c'est l'escalade jusqu'à l'attaque de la gendarmerie de Fayaoué le 22 avril 1988 par les indépendantistes, tuant quatre gendarmes avant la prise d'otages dans la grotte Watetö de l'île d'Ouvéa qui se soldera par 19 kanak tués ainsi que 2 gendarmes.

Cela, ANDRAS le raconte à merveille dans ce bouquin historique très documenté, très militant, très critique sur la politique française de colonisation en Nouvelle-Calédonie. le but avoué du projet littéraire : « Comprendre qui était Alphonse DIANOU, par-delà la prise d'otages suffisamment documentée, et saisir ce qui le mit en mouvement ; raconter à travers la trajectoire d'un individu une lutte collective aux racines fort anciennes ; donner la parole à celles et ceux que cette histoire implique en premier lieu et n'être qu'une courroie, narrateur assemblant comme il le peut les morceaux vivants et disparus ».

Au coeur de ces événements, Kahnyapa DIANOU (Alphonse DIANOU pour la France), chef de file du mouvement indépendantiste kanak aux côtés de Jean-Marie DJIBAOU le « leader » du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste). DIANOU est l'un de ces utopistes non violents adepte de GANDHI, que le pacifisme a forgé mais aussi déçu. Les témoignages sont formels : DIANOU, homme croyant, d'une foi pure, contre l'usage des armes à feu, ne peut avoir tué de gendarmes ni même ordonné de tirer sur eux. Répondre sur ce point est d'une importance capitale car DIANOU est mort lors de l'attaque de la grotte d'Ouvéa par des forces françaises soucieuses d'en libérer les otages.

C'est d'autant plus crucial que l'assaut des forces de l'ordre a lieu pendant l'entre-deux tours de l'élection présidentielle française durant laquelle chiraquiens et mitterrandiens ne vont cesser de s'envoyer des peaux de bananes ou des savonnettes mouillées entre les pattes. Tous les coups sont permis ! Il semble que c'est bien du côté de l'atoll d'Ouvéa que le résultat final se joue, l'enjeu politique calédonien est énorme, donc chaque parti va mettre le paquet, oubliant juste accessoirement que derrière cette tragédie il y a des êtres humains et un peuple. le contexte politique de l'époque en métropole est majeur et biscornu dans cette affaire : en effet, depuis 1986 la France vit sa première cohabitation, la gauche préside mais la droite décide, les couteaux sont aiguisés et les grenades prêtes à exploser, d'autant que les médias sont friands de cette lutte sans merci entre deux partis politiques historiquement ennemis, le P.S. et le R.P.R.

Dans cette quête de la vérité, ANDRAS réalise un vrai travail journalistique, collectant les archives, allant sur place rencontrer divers témoins de tous bords, maîtrisant jusqu'à la perfection la mise en place et en scène des indices car, s'il sait bien d'où il vient, il n'en oublie pas sa famille de combat, celle du coeur : « ʺJ'aimais la Franceʺ, écrivit encore le général dans ses mémoires ; je l'aimais aussi, sans imparfait, mais s'il faut un récit au pays, n'empruntons pas la plume des puissants – le nôtre s'écrit à l'encre des omis, des sans-parts, des incomptés, de ceux ʺqui ne sont rienʺ ». Deux fils conducteurs se répondent à chaque chapitre : son enquête actuelle et, en italiques, les événements de l'époque, jour après jour, présentés sous forme de compte à rebours jusqu'à l'attaque de la grotte. C'est extrêmement minutieux, extrêmement sérieux et, ce qui ne gâche rien, extrêmement bien écrit.

Le boulot d'ANDRAS n'est pas sans rappeler celui d'Eric VUILLARD : s'appuyer par exemple sur une photographie pour la faire parler, lui faire raconter le passé, jusqu'à désincarcérer le détail. Tout comme dans « de nos frères blessés », ANDRAS s'insurge contre la colonisation. La première fois elle était traitée pendant la période de la guerre d'Algérie avec la figure de Fernand IVETON, militant communiste guillotiné par l'État français, ici elle est dénoncée par le biais de DIANOU et du drame d'Ouvéa. Et les deux résultats littéraires sont proprement prodigieux. ANDRAS est déjà un grand à seulement 35 ans. Sa force est aussi dans son intérêt plein mais mesuré, sa compassion non aveugle. Il ne voit pas en DIANOU une figure parfaite à laquelle lui, Joseph ANDRAS, aurait aimé ressembler : « J'admets n'être guère sensible au verbe religieux d'Alphonse DIANOU et de certains des siens, fondations matérialistes obligent, mais là n'est plus la question puisqu'ils ont une réponse, la seule qui vaille, Dieu ou non, en cette Terre combien mal ficelée : ne pas plier ».

Avec ce « Kanaky » il frappe très fort, et son bouquin sorti chez Actes Sud peu après la grand-messe de la rentrée littéraire 2018 ne s'est de fait positionné sur aucun prix. Pourtant il est à mon avis sans doute LA véritable sensation de cette rentrée, un sans-faute absolument éblouissant et se terminant comme une apothéose avec une bibliographie solide et même très imposante sur le sujet développé, pour bien montrer que l'auteur n'a rien laissé traîner. Son enquête lui aura pris deux ans et demi de sa vie, et le moins que l'on puisse dire est que ce ne fut pas du temps perdu. Bravo.
https://deslivresrances.blogspot.fr/

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Quête tout autant qu'enquête journalistique, voilà un recueil de témoignages et le fruit d'un important travail bibliographique auquel l'auteur a consacré plusieurs années. J'ai aimé le style et les images poétiques bluffantes dans les descriptions et restitutions d'ambiances, le ton impliqué mais pas partial avec la minutieuse collecte de témoignages sur le terrain. le petit côté répétitif qui en découle ne m'a pas dérangée parce qu'il alterne avec des flashbacks historiques pour une progression de notre compréhension par la tête et le coeur. On perçoit souvent les entretiens comme de vrais rencontres par l'intérêt aiguisé et contagieux que leur porte l'auteur. C''est bien plus qu'une accumulation à charge: presque à chaque fois un ajout d'humanité, de sens, d'une perspective non européenne. À cela s'ajoutent les implacables informations historiques qui ne sont pas pour redorer le blason d'une politique pourtant pas si ancienne, "pas à la hauteur des valeurs de notre République" selon les dires d'un ancien responsable du Gign. Cerise sur le gâteau, les réserves de l'auteur conscient de l'usure du temps sur la mémoire, modestie de celui qui a écrit ce livre à temps, livre attendu par beaucoup de calédoniens à en croire les témoignages et qui rend sa dignité à cette figure kanak peu connue. Signé une française de la métropole ayant l'impression d'avoir été longtemps vaguement au courant de ces événements qui nous concernent pourtant au plus haut point !
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Après avoir enquêté sur Fernand Iveton durant la guerre d'Algérie dans de nos frères blessés, Joseph Andras s'est penché sur les événements de 1988 en Nouvelle-Calédonie.
Ceux-ci auront amené aux accords de Matignon quelques semaines après, qui définissent un statut d'autonomie pour les îles, ainsi que les référendums à venir sur une éventuelle indépendance (deux ont déjà eu lieu, mais ne l'étaient pas au moment de l'écriture du livre).
Et il s'est penché plus particulièrement sur Kahniapa Dianou (dit Alphonse) qui mena le raid sur la gendarmerie, puis la prise des otages dans une grotte d'Ouvéa. L'homme, indépendantiste jusqu'au bout des ongles, était réputé pour ses opinions non-violentes et ses convictions chrétiennes. Alors pourquoi a-t-il commandé cette occupation d'une gendarmerie avec des armes qui fit 4 morts parmi les forces de l'ordre, puis emmené les autres gendarmes dans une grotte au fin fond de la forêt ? Créant ainsi une situation quasi insurrectionnelle, avec de nombreuses répercussions en métropole puisqu'il ne reste que quelques jours avant le deuxième tour des élections présidentielles entre François Mitterrand et Jacques Chirac.
L'auteur part donc à la recherche de nombreux intervenants de l'époque, famille et indépendantistes principalement, afin de dresser un portrait d'Alphonse Dianou. Profitant pour résumer l'ensemble des événements de l'époque.
Alors que j'avais beaucoup aimé son précédent ouvrage et que le thème m'intéressait au plus haut point, que s'est-il passé pour que je n'aie pas accroché à ce livre ? Trop répétitif ? Trop subjectif ? Sans oublier parfois une écriture complexe inutilement. Résultat, une petite déception. Tant pis, j'apprécierai d'autant plus son prochain livre !
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Étant suffisamment âgée pour avoir vécu (de loin) ces évènements tragiques, j'avais encore bien à l'esprit cette tragédie, mais telle qu'elle nous a été rapportée par les médias de l'époque. Trop jeune ou pas suffisamment intéressée par la chose « politique », je n'ai eu qu'une fraction de la réalité. En nous relatant l'histoire d'Alphonse Dianou et ce qui l'a amené là, dans cette grotte d'Ouvéa, en détail et honnêteté (il me semble), ce récit rétablit la vérité: tout est dit. L'indignité de la colonisation, les compromissions, les malhonnêtetés d'une partie de l'état, les lâchetés, mais aussi le désespoir des canaques Tout est dit, lisez
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Ce livre est d'abord une enquête journalistique, minutieuse et documentée, sur les événements de 1988 qui ont conduit au massacre des Kanaks réfugiés dans la grotte d'Ouvéa après l'assaut de la gendarmerie qui a mal tourné. Joseph Andras s'attache tout particulièrement à la personnalité d'Alphonse Dianou, considéré comme le meneur, et montre un militant sincère, engagé, qui mettait alors en doute la politique de la non-violence qu'il avait prônée jusque-là. Andras dénonce aussi avec passion la politique coloniale de la France dans ce petit coin du Pacifique, les basses oeuvres de l'armée, qui a retrouvé ses réflexes de la guerre d'Algérie pendant cet épisode, qui a mis en état de siège les villages autour de la grotte, qui a assassiné de sang froid plusieurs militants kanaks après l'assaut, dont Alphonse Dianou ; il dénonce l'assaut décidé par Chirac pour des raisons bassement politiciennes, et avalisé par Mitterrand, parce que finalement, les socialistes se sont toujours retrouvés dans le camp de l'Etat colonial contre tous les indépendantistes. Andras a aussi un style, qui rend agréable la lecture de son livre. Et puis, il aime les gens, en particulier ces Kanaks qu'il prend le temps de rencontrer, de connaître, en passant des mois en Nouvelle-Calédonie. Cela fait aussi tout l'intérêt du livre.
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Alors qu'en France nous ne connaissons par forcement bien l'histoire des DOM TOM et en particulier leurs difficultés socioéconomiques, ni la relation ambivalente des populations de l'outre-mer avec l'Etat Français, ce récit est plus qu'intéressant.
La situation en Nouvelle-Calédonie est d'autant moins visible par rapport aux manifestations récentes en Guadeloupe ou en Guyane. Ce n'est que récemment, que la situation de l'archipel dans le Pacifique a été plus connu, notamment par les deux referendums sur l'indépendance, et le film de Kassovitz sur la prise d'otage d'Ouvéa (episode mal connu surtout pour les moins de quarante ans, dont je fais partie).

Je conseille à tout le monde s'intéressant un tant soit peu à l'histoire et ou la politique de lire Kanaky. Au fil des pages, on découvre en détails la figure d'Alphonse Dianou et de la prise d'otages du FLKNS en 1988. Sans encenser les membres du FLKNS, l'auteur choisi de faire parler à travers un reportage long courrier, les kanaks. On y trouve une peinture sociale de la Nouvelle Calédonie, et une reconstitution des évènements de 1988. Deux récits parallèles s'y tiennent et s'alternent : d'une part le compte rendu de Joseph Andras lors de son séjour récent pour écrire le livre, et de l'autre et une reconstitution plus historique des faits de la grotte d'Ouvéa.

Le récit donne la voix notamment aux acteurs plus critiques envers l'action répressive des forces de l'ordre, et un très bon rappel : on oppose souvent les gendarmes « francais » séquestrés, et les preneurs d'otages « kanaks » alors que ceux-ci, tues par les forces de l'ordre étaient également des citoyens français à part entière. A lire, alors que la France ne met pas souvent en exergue ses actions historiques moins glorieuses.

Petite critique, le rythme est un peu inégal, j'ai trouvé l'accumulation de témoignages sur la figure de Dianou un peu répétitive vers la fin.
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Il est de retour ! Nous sommes le 28 août et je savoure ! J'avais découvert cet auteur en 2016, avec son premier roman de nos frères blessés ! Quelle claque ! J'ose : je vous renvoie à ma chronique qui est encore bien faible pour ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre ! Ici, il s'agit encore d'un portrait dont cet auteur a le secret du choix, de la méthode de recherches et de la façon dont il nous le transmet. Je me plonge avec bonheur dans son écriture que je retrouve sans pour autant oser parler de style propre même si ça me titille sérieusement, sa curiosité que je rejoins, son engagement qui me marque toujours autant, son attention à tellement de détails qui font, entre autre, la richesse de ses deux romans ! Cette chronique va évoluer lorsque j'aurai terminer ma lecture !
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