Dégager du temps pour tourner notre vie intérieure vers autre chose - contempler la nature, réfléchir à nos idéaux, méditer sur la gratitude ou la compassion, se réjouir d'être en vie ... - relève d'une décision personnelle, pas si compliquée en apparence, mais que nous mettons trop rarement en oeuvre dans les faits. Cette liberté-là, de choisir de rester un être humain, et non de me transformer en travailleur-consommateur, c'est une liberté intérieure que je dois faire vivre en moi.
Tant que notre esprit est la proie de l'agitation mentale, nous sommes esclaves de nos pensées. La maîtrise, c'est la liberté. Le marin maître de son navire navigue vers la destination de son choix. Un navire ballotté par vents et courants risque fort de sombrer sur un écueil.
Qu'est-ce qui nous gouverne ? La dictature du "on", la doxa, la loi du marché, un égoïsme aveugle, un individualisme effréné ? Déjà, se poser la question, c'est avancer à grands pas vers la liberté.
Ce n'est pas la souffrance, mais ce que l'on en fait qui grandit.
La peur, sous toutes ses formes, est sans doute l'une des émotions les plus inhibitrices de la liberté.
Le Dalaï-Lama disait que nombre d’entre nous se croient libres, alors qu’ils ressemblent à des vis qui tournent dans leur trou sans jamais en sortir.
Il faisait allusion à l’illusion de liberté que nous entretenons, lorsque nous poursuivons notre train-train quotidien sans chercher à nous affranchir de nos conditionnements, ni essayer de nous libérer des causes de nos souffrances à l’état plus ou moins larvaire dans notre esprit.
Nous ne pouvons être libres que si nous nous sommes dégagés des brumes de la confusion mentale et de l’ignorance qui travestissent la réalité
Et si le premier pas consistait à repérer tranquillement le mode de pilotage automatique qui nécrose notre quotidien, pour redécouvrir un rapport lucide, joyeux à soi et au monde, cesser d'être une marionnette, arrêter de confier aux circonstances, au premier venu la télécommande qui régit notre état d'esprit ? Le défi de la vie spirituelle réside donc dans une audace : oser paisiblement slalomer, bâtir une liberté à l'écart de la tyrannie d'un "je" capricieux et de la dictature du "on" qui nous contraint bien souvent à nous plier à la norme, à d'écrasants standards.
Il m’arrive d’avoir des pensées et des paroles que je me reproche quand je les évalue à l’aune de l’altruisme. Mais je garde le souhait profond d’y remédier, de me transformer encore bien davantage. C’est cela qui compte, c’est dans cette direction que je veux aller.
Hâtons-nous de suivre le conseil de Nietzsche pour qui le meilleur moyen de bien inaugurer la journée consiste à se demander, dès son réveil, si aujourd’hui l’on peut faire plaisir « au moins à un homme ».
Une des clés du vieillissement réussi, c'est de rester un éternel apprenti : dans la curiosité et les efforts pour progresser.