Une tempête naturellement se dissipe en soufflant. Mes passions épuisées retombèrent graduellement en un calme blafard et, par degrés, je suis rentré dans le chagrin assoupi par le temps d'un homme veuf qui, essuyant les pleurs décents, relève ses yeux usés par le chagrin pour chercher — une autre femme.
Tel est l'état de l'homme; aujourd'hui bourgeonnent sur lui
Les tendres feuilles de son espérance ; demain, il fleurit
Et il porte sa parure empourprée, abondante, sur lui;
Le troisième jour arrive une gelée, une gelée meurtrière
Qui mord sa racine et alors il tombe comme moi.
Telle est, Monsieur, cette ère fatale de ma vie. " Et il arriva que comme j'attendais la douceur, voici l'amertume ; et comme j'attendais la lumière, voici les ténèbres ".
Mais ce n'est pas tout. Déjà les bassets saints, la meute à fornication, commencent à quêter la voie et je m'attends à chaque instant à les voir lâchés el à les entendre derrière moi donner de la voix. Mais comme je suis un vieux renard je leur donnerai des détours et des ruses et, bientôt, j'ai l'intention d'aller me terrer dans les montagnes de la Jamaïque.
Nous avons pensé que cette existence ne pouvait prendre son intérêt, son enseignement entiers, que si toutes les situations en étaient étudiées dans leur forme particulière et dans leur étroite succession. Ces études, à leur tour, ne pouvaient avoir de portée et de pénétration que si elles étaient assez détaillées pour revêtir l'intensité que ces situations eurent vraiment. Nous avons voulu reconstituer, avec tout le drame qu'elles contenaient, les crises de cœur, de conscience, ou de circonstances, dont fut formée cette destinée. En d'autres termes, nous avons essayé d'en écrire le roman, mais un roman réel, établi sur des faits, des lettres, des aveux. Nous voulons, par ce mot, indiquer notre effort pour remettre ces moments d'émotion dans la vérité vécue, pour les évoquer tels qu'ils furent dans le cœur qu'ils bouleversèrent. C'est une tentative pour reconstituer la réalité avec une pleine exactitude.
Petite modeste fleur, cerclée de cramoisi,
Tu m'as rencontré dans une heure mauvaise,
Il a fallu que j'écrase dans la poussière
Ta tige mince :
T'épargner maintenant n'est plus en mon pouvoir,
Toi jolie perle.
Toi-même, toi qui gémis sur le destin de la pâquerette,
Ce destin est le tien, à une date prochaine,
Le soc de l'âpre Ruine arrive droit
En plein sur ta jeunesse,
Bientôt, être écrasé sous le poids du sillon
Sera ta destinée.