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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Calligrammes ou la guerre d' Apollinaire.
Le poète dessine ses textes, avec ou entre ses vers cadrés.
Comme pour mieux marquer sa sidération devant l'inouïe cruauté d'un conflit qui s'enlise... Cette guerre de certains aspects merveilleux et beaux.
La Guerre, avec sa musique-propre et son humaine inhumanité.
Apollinaire continue d'écrire, de tracer ses poèmes dans la boue des tranchées et avant la fureur de l'assaut.
C'est ce qu'Apollinaire sait faire, lui le poète engagé dans cette folie collective.
D'autres raconteront, témoigneront de façon plus classique.
Calligrammes, de Guillaume Apollinaire, amène un regard autre: Celui d'un poète déjà mûr.
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Une belle innovation que ces Calligrammes, publiés en avril 1918! Un mot formé à partir de deux autres: calligraphie et idéogrammes. Mais l'accueil a été mitigé. Sous-titré poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916, ce recueil a été trouvé trop léger par certains, surtout pour évoquer les combats. Et ces dessins n'ont pas toujours été bien compris.

Pourtant, la créativité d'Apollinaire s'exprime pleinement ici, et le livre ne présente pas que des calligrammes. Certains poèmes comme " Reconnaissance" ou " le Départ sont émouvants , superbes.

Quant aux calligrammes, certains sont tellement connus qu'on les retrouve régulièrement dans les livres scolaires, " La colombe poignardée et le jet d'eau" ou " Il pleut". D'autres le sont moins mais tout autant imaginatifs, comme " coeur, couronne et miroir".

Novateur, s'intéressant à tout, et surtout aux inventions comme le cinéma ou la radio ( le mot TSF est utilisé dans un des textes), Apollinaire aurait sans doute aimé découvrir leur évolution. Sa blessure de guerre l'affaiblissant, en contractant la grippe espagnole, ne lui en a pas laissé le temps.

" Une belle Minerve est l'enfant de ma tête
Une étoile de sang me couronne à jamais"..., écrivait-il, dans ce recueil...
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Calligrammes est un recueil de poèmes à avoir absolument dans sa bibliothèque. Nombre de poèmes sont inspirés de la vie de cet auteur génial et prolifique. Bien que Guillaume Apollinaire ne les ai pas inventés, les calligrammes existaient déjà au cours de l'Antiquité, mais les siens ont célèbres. L'auteur fait ainsi vivre son texte de manière originale, dynamique, émouvante parfois et souvent décalée, redonnant de la sorte à la poésie des figures nouvelles.

D'ailleurs à leur propos, l'auteur déclarait : "(.) ils sont une idéalisation de la poésie vers-libriste et une précision typographique à l'époque où la typographie termine brillamment sa carrière, à l'aurore des moyens nouveaux de reproduction que sont le cinéma et le phonographe" .
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Tous les chemins de la poésie mènent à Guillaume Apollinaire
Avec Alcools, Calligrammes (poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916) est son recueil que j'apprécie le plus.

Publié en 1918 aux Éditions du Mercure de France, Apollinaire l'a écrit à son retour de guerre. Blessé, « le poète à la tête étoilée » revint très éprouvé du conflit, mais l'esprit encore plein de projets de création. Calligrammes en est la plus belle des preuves.

Calligrammes* justement, ce mot valise né de la contraction de calligraphie et idéogramme définit l'idée nouvelle d'une poésie graphique, d'une simultanéité dans laquelle se confondent la forme et le thème du poème.
Par ces poèmes épris de forme (La cravate et la montre, Il pleut, La colombe poignardée et le jet d'eau, La mandoline, l'oeillet et le bambou,…), Apollinaire interroge le rapport au texte. Ce que l'oeil perçoit dans le calligramme doit toucher l'esprit. La vision globale de l'écrit, concentré dans le dessin, pour révéler au mieux son idée, son concept.

Les calligrammes composent une partie seulement du livre. Ils sont pour la plupart intercalés entre des poèmes en vers libres ou de forme plus classique avec usage de la rime et le respect de la métrique.

Dans les textes, les références d'Apollinaire au quotidien de sa vie de soldat sont évidemment les plus nombreuses, mais d'autres touchent aux thèmes de l'amour, de la nature et du monde de l'art, parisien en particulier. Si dans ses poèmesApollinaire emprunte le registre de l'élégie où apparaît l'effroi face à l'épreuve de la guerre, on y décèle aussi une certaine nostalgie, un espoir diffus, un élan qui donnent à son écriture une véracité et une générosité vraiment singulières, comme une parole retrouvée, débordante.

« Mais entêtons-nous à parler
Remuons la langue
Lançons des postillons.
On veut de nouveaux sons de nouveaux sons de nouveaux sons
On veut des consonnes sans voyelles
Des consonnes qui pètent sourdement
Imitez le son de la toupie
Laissez pétiller un son nasal et continu
Faites claquer votre langue
Servez-vous du bruit sourd de celui qui mange sans civilité
Le raclement aspiré du crachement ferait aussi une belle
consonne
Les divers pets labiaux rendraient aussi vos discours claironnants
Habituez-vous à roter à volonté
Et quelle lettre grave comme un son de cloche
A travers nos mémoires
Nous n'aimons pas assez la joie
De voir les belles choses neuves
O mon amie hâte-toi
Crains qu'un jour un train te t'émeuve
Plus
Regarde-le plus vite pour toi
Ces chemins de fer qui circulent
Sortiront bientôt de la vie
Ils seront beaux et ridicules
Deux lampes brûlent devant moi
Comme deux femmes qui rient
Je courbe tristement la tête
Devant l'ardente moquerie
Ce rire se répand
Partout
Parlez avec les mains faites claquer vos doigts
Tapez-vous sur la joue comme sur un tambour
O paroles
Elles suivent dans la myrtaie
L'Éros et l'Antéros en larmes
Je suis le ciel de la cité
[…] » **

Calligrammes est un ensemble composite de souvenirs, d'impressions, mais aussi d'expérimentation polysémique. Malgré les références, les emprunts, les sources d'inspiration dont était friand Guillaume Apollinaire, il y a toujours dans sa poésie quelque chose qui nous est familier, de foncièrement proche.

J'aime cette poésie qui va à l'unisson des mots et des images, qui vide son sac de la réalité du dehors pour le remplir d'une intériorité jamais épuisée, d‘une réserve d'humanité jamais éteinte.

« Carte postale -

Je t'écris de dessous la tente
Tandis que meurt ce jour d'été
Où floraison éblouissante
Dans le ciel à peine bleuté
Une canonnade éclatante
Se fane avant d'avoir été »


(*) Si Apollinaire a popularisé le calligramme, il ne fut pas le premier à l'utiliser ; on en retrouve trace au XVIème siècle, chez François Rabelais dans La Dive bouteille.  
(**) extrait de la Victoire in La Tête étoilée. - p. 181
(***) extrait de la Tête étoilée. - p.165

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Apollinaire ne se contente pas de moderniser la poésie par la forme (le poème-dessin du calligramme) et les thèmes. Il associe l'élévation et un lyrisme singulier à des thèmes inhabituels (effectivement, la guerre, les techniques modernes,...). Il parvient ainsi à redécouvrir le mystère de la vie dans une société en pleine transformation, en marche vers un avenir qu'il voit radieux - même sous les obus de la Première Guerre mondiale.
Celui qui se désigne souvent comme la "flamme rousse", "torche que rien ne peut éteindre", est brûlé par la vie, mais utilise ce feu étincelant pour alimenter sa poésie, "comme une flamme / Dont tu as toute la souffrance / Toute l'ardeur et tout l'éclat"
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Ce recueil, écrit pour l'essentiel pendant la guerre (et dédié à un ami d'enfance mort en 1917) rassemble des poèmes dont la première partie (Ondes) a été écrite avant la déclaration de guerre, à un moment où Apollinaire se sentait plein d'énergie créatrice et d'enthousiasme. Les parties suivantes ont une toute autre tonalité, même si la forme des calligrammes les unit. le plus célèbre et un des plus beaux c'est La colombe et le jet d'eau : quel dommage qu'il soit impossible de citer un calligramme ! « De souvenirs mon âme est pleine le jet d'eau pleure sur ma peine » Cependant il n'y a pas que des calligrammes dans ce recueil, mais aussi beaucoup de poèmes en vers libres ainsi que des sonnets déstructurés. Même sous les obus de la Première Guerre mondiale il veut entrevoir un avenir radieux et se saisit de tout, du son des mots, des formes qu'il crée pour faire naître poésie et rêve. Il cherche l'inspiration poétique là où il est, sur le front, ainsi que dans des objets du quotidien et de la modernité. C'est par ces sujets autant que par la forme que ce recueil est remarquable. A lire absolument, en passant les calligrammes dans un premier temps si leur forme gêne la lecture, il y a tant d'autres choses dans cet opus.
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De ce recueil, on ne parle le plus souvent que des calligrammes eux-mêmes, qui sont en sont pourtant l'élément le moins intéressant. On peut certes apprécier la démarche d'Apollinaire d'explorer les possibilités de la poésie, en donnant aux mots une dimension plastique ; cependant, ces calligrammes m'ont semblé le plus souvent montrer l'échec d'une telle tentative : on a parfois l'impression d'être en face de rébus d'enfants, de jeux potaches et futiles qui n'atteignent pas le niveau de la poésie.

Le reste du recueil est tellement meilleur ! J'y vois la tentative d'Apollinaire, poète-artilleur, de rendre raison par la poésie de cette expérience inouïe que fut celle des soldats de la Grande Guerre. Il y a d'abord une volonté d'esthétiser la guerre – mais faut-il y voir un mécanisme de défense contre ses horreurs ? Si Apollinaire cherche à renouveler la parole poétique, c'est justement pour pouvoir exprimer cette beauté surréelle (car plus encore que dans Alcools on voit dans ce recueil s'annoncer toute la poésie surréaliste), inhumaine et monstrueuse, que symbolise dans de nombreux poèmes l'image de l'obus qui explose et devient fleur. Cette fleur d'un nouveau genre est donc à la fois hommage à la tradition lyrique et annonce d'une poésie nouvelle, faite pour un siècle de fer et de bombes… On pense parfois dans cette exaltation de la modernité et cette façon de montrer, comme l'indique le titre d'un poème la « merveille de la guerre », aux expérimentations des futuristes, à ceci près qu'Apollinaire ne se départit jamais de son humanité ni n'exalte la violence mais pose souvent un regard lucide sur la guerre. Certes, la vie des tranchées est parfois idéalisée et les accents patriotiques parfois trop claironnants, mais l'on sent aussi, à mesure que le recueil progresse, poindre la lassitude, et l'impression que cette guerre n'en finira jamais. Aux poèmes un peu cocardiers j'ai nettement préféré les mélancoliques.

C'est d'ailleurs ce qui fait grande beauté de la première section du recueil, « Ondes », qui décrit l'avant-guerre et les débuts de la mobilisation. J'ai été très touché par la conscience d'Apollinaire que le monde venait de changer irrémédiablement d'époque, et que l'Europe cosmopolite des « Rhénanes », celle de la modernité heureuse, brillait de ses derniers feux. C'est magnifiquement exprimé.

Apollinaire fait entendre dans tout le recueil une voix très personnelle, à la fois prophétique et mélancolique, qui fait deviner l'expérience intime des tranchées autant que les avenirs surréalistes. Ainsi, un des derniers poèmes, « la victoire », évoque bien sûr la fin espérée de la guerre, mais surtout une victoire poétique, qui doit faire émerger un langage nouveau.
Or, plusieurs fois dans le recueil, j'ai été frappé par la façon dont les vers d'Apollinaire, souvent, développe une musique bien à lui. Je serais incapable d'en expliquer la raison, mais on sent en les lisant, qu'ils n'auraient pu être écrits par personne d'autre. Voici ceux qui m'ont frappé le plus (ce ne sont pas forcément les plus beaux) :

Ainsi que l'euphorbe d'ici
Le soleil à peine boutonne
Je l'adore comme un Parsi
Ce tout petit soleil d'automne
(« Chant de l'horizon en Champagne »)

J'en vis quatre une fois qu'un même obus frappait
Ils restèrent longtemps ainsi morts et très crânes
Avec l'aspect penché de quatre tours pisanes
(« Chant de l'honneur »)

À noter enfin, l'intéressante préface de Michel Butor dans l'édition Poésie/Gallimard, qui compare les recherches d'Apollinaire en ce qui concerne la déstructuration du vers et la mise en page de ses poèmes et calligrammes à celles des peintres cubistes qu'il affectionnait tant.
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Il Pleut
Pour écrire ses calligrammes le poète utilise les lettres, les mots, les phrases pour en faire un dessin. La disposition de l'écriture donne le thème. Cette approche graphique est parfaite pour faire découvrir la poésie aux enfants. Je me souviens de ma fascination pour un poème en particulier : "Il pleut". C'est comme regarder un tableau, cela provoque en vous une émotion particulière - ou non -, et touche quelque chose d'intime en chacun de nous. le recueil est "hanté" par la guerre, ce n'est pas celui que je préfères, je ne peux cependant pas m'empêcher d'avoir un pincement mélancolique à chaque fois que je relis ce texte en particulier, et me prête à rêver qu'à chaque fois cette réminiscence pourrait ralentir le court du temps, me permettant ainsi dans ressortir "fortifié pour la vie".
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Une oeuvre difficile à classer: il y a un peu de poésie, un peu d'écriture, un peu d'art visuel...
Un grand plaisir de voir des écrivains interdisciplinaires qui n'hésitent pas à mêler leur art à d'autres arts.
En effet, alors que les arts se mélangent volontiers, la littérature fait toujours sa grande difficile et reste, boudeuse, dans son coin.
Enfin un écrivain qui s'ouvre vers les arts visuels et avec un tel talent, un tel succès.

Calligrammes, c'es tout d'abord une poésie très riche, très singulière aussi. Mais surtout, des poèmes, des vers mis en valeur par la montée en sculptures dessinées de ces lettres.
Appolinaire joue avec les mots, joue avec les lettres, au sens propre comme au sens figuré !
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C'est un livre magnifique où tout est pretexte au rêve et à la poésie, le sons des mots, leur disposition, les formes qu'ils créent. Tout est source de douceur.
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