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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Apollinaire me semble être un peu le Picasso –dont il était d'ailleurs l'ami- de la poésie du XXème siècle : comme lui virtuose et créateur, précurseur, mais mort trop tôt en 1919, il aura participé à lancer le surréalisme, participant à l'émergence du dadaïsme et du cubisme. Ses calligrammes, dont il est l'inventeur, peuvent ainsi nous faire penser aussi bien aux haïku japonais qu'à l'art naïf du Douanier Rousseau, et illustrent bien sa recherche permanente à la fois d'inventivité et de spontanéité, d'authenticité.

Dans mon parcours personnel, après la lecture des poètes maudits et romantiques, et avant les surréalistes, son oeuvre poétique est l'une des plus abouties, des plus équilibrées. Malgré son côté parfois expérimental, sa poésie ne perd jamais le contact avec l'intuition , la sensation, ce qui la rend très abordable. Passé le premier mouvement déstabilisant face au poème-dessin qu'on ne sait par où aborder, il est aisé de se laisser porter par sa propre inspiration… par un mouvement de libération de la lecture comme de l'écriture, voulu et pensé par Apollinaire.

Ce recueil, qui ne comporte en fait de poèmes-dessins que pour moitié, est aussi composé de poèmes en vers libres, de sonnets déstructurés, comme chez Blaise Cendrars. Beaucoup traitent de son expérience de guerre, alternant avec l'espoir d'un retour à la paix… et ses amours, riches et inspirant nombre de ses poèmes. La colombe et l'obus, l'appel de la femme et celui du voyage, s'opposent et s'entremêlent, en mots comme en images.

L'écriture elle-même oscille entre un lyrisme somme toute classique, qui nous parle du temps, des saisons, des étoiles et de l'oiseau qui chante, nous chante la ville et la campagne, et puis la cassure survient : le mégaphone crie, la mitrailleuse claque, le riz brûle, et « la souris verte file parmi la mousse ».

Volontiers malicieux, Apollinaire dévoile son intention dans le dernier poème du recueil :

« Vous dont la bouche est faite à l'image de celle de Dieu
Bouche qui est l'ordre même
Soyez indulgents quand vous nous comparez
A ceux qui furent la perfection de l'ordre
Nous qui quêtons partout l'aventure
Nous ne sommes pas vos ennemis
Nous voulons vous donner de vastes et d'étranges domaines
Où le mystère en fleurs s'offre à qui veut le cueillir
Il y a là des feux nouveaux des couleurs jamais vues
Mille phantasmes impondérables
Auxquels il faut donner de la réalité
Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait
Il y a aussi le temps qu'on peut chasser ou faire revenir
Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières
De l'illimité et de l'erreur
Pitié pour nos erreurs pitié pour nos péchés

Belle découverte, mais j'ai quand même préféré Alcools...
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Passé complétement à coté des poèmes formant le recueil "Alcools", je dirais que "Calligrammes" m'a fait découvrir Guillaume Apollinaire.
Peut être aussi parce que cette période de l'Histoire qu'est la première guerre mondiale m'a toujours impressionné et qu'elle est restée longtemps remémorée avec les derniers Poilus chaque 11 novembre.
De nos jours, encore, des romans tels qu' "Au revoir la-haut" de Pierre Lemaitre arrivent à nous émouvoir.
Si Calligrammes à su me plaire, c'est aussi par son inventivité, sa modernité immuable qu'apporte une grande diversité de forme, de ton, de rythme, de sujet et qu'ainsi on ne peut s'y ennuyer.
Le rôle du poète au sein d'un conflit est aussi abordé. Parfois stupéfiant... Trouver de la beauté à une pluie d'obus éclairants, comparer le bruit que font les douilles en tombant à un joli chant de cloche peut dérouter à première lecture.
A coté de cela la guerre est froidement décrite, avec beaucoup de réalisme, comme dans le poème "Il y a" qui procède à un décompte de ce qui constitue le quotidien du poète :
Il y a mille petits sapins brisés ...
Il y a un capitaine ...
Il y a un cimetière ...etc ..
Bref, une telle palette nous est offerte qu'on y trouve forcement son bonheur. Difficile de passer à coté cette fois.

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Si Apollinaire n'a rien inventé avec ses "Calligrammes", il a toutefois permis de mettre en lumière ce procédé associant littérature et arts visuels. Mais quand le langage écrit devient le matériau du tableau-poème, la linéarité et l'horizontalité de lecture sont quelque peu lézardées. On pourra donc reprocher à ces calligrammes leur manque de lisibilité. Mais il ne faudrait pas réduire ce célèbre recueil à un procédé. La majorité des poèmes garde la classique forme linéaire. Et au-delà de la forme, la modernité des poèmes d'Apollinaire résidait dans leurs sujets : les progrès technologiques, à la fois dans ce qu'ils avaient de meilleur pour la communication (gramophone, TSF, photographie et cinéma), mais aussi dans ce qu'ils avaient d'atroce dans leurs usages guerriers et destructeurs. Ce témoignage d'un changement de société dû aux nouvelles technologies est captivant. Je me suis amusé à imaginer Apollinaire confronté à l'univers d'Internet. Qu'aurait-il pu en faire ? … Aurait-il pu placer un calligramme sur babelio.com ?
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» Les audaces formelles de ces poèmes-dessins furent froidement accueillies en leur temps . Elles témoignent pourtant de l'inventivité débridée de leur auteur et de sa capacité à échapper à l'horreur de la boucherie de la guerre par la créativité. Cependant , les poèmes n'atteignent pas les sommets d'Alcools ou des poèmes à Lou. Dans ma carrière d'enseignant ils ont été un magnifique support pour aider les élèves à accéder à la poésie et à donner une forme à leur imaginaire.
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Les calligrammes n'ont pas été inventés par Apollinaire, on en faisait déjà dans l'antiquité mais ceux-là sont les plus connus. Il a réussi à faire vivre le tetxe de manière originale et décalée et c'est ce qui redonne de la poésie à des objets simples. Existe-t-il aujourd'hui des poésies en trois dimensions, à l'ère numérique?
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le plaisir se trouve autant dans l'écriture que dans le dessin.
ce n'est plus un livre mais un musée. une vitrine de l'art.
un bouquin vraiment pas ordinaire. bref, de l'Apollinaire.
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- CALLIGRAMMES-

Apollinaire est un des poètes qui à réussi à renouveler le genre de la poésie en mélangeant les mots et l'art des formes. Nous arrivons très bien à ressentir le sentiment que veut donner l'auteur. J'ai aimée de découvrir les poèmes de Apollinaire a qui j'ai aimé la plume. Surtout aussi, c'est un recueil important qui a pour thème sur la première guerre mondial. Je trouve que c'est dur de trouver plusieurs récit sur la première guerres mondiales.

On ne parle pas beaucoup de cette auteurs et je trouve cela dommage car je pense que plus de personnes devrait le connaitre car pour moi qui n'est pas une férue de poésie, j'ai réussi à apprécier l'oeuvre en elle même.
Je le conseille vivement.

Carlaines
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Comme tout le monde, je connaissais "La colombe poignardée et le jet d'eau" (esthétiquement remarquable) et quelques autres calligrammes. Par contre, j'ignorais la plupart des autres poésies incluses dans le livre que je viens de lire. En particulier, j'avais de grosses lacunes sur les textes écrits pendant qu'Apollinaire était soldat. C'est d'ailleurs une surprise de constater qu'un poète du XXème siècle fût ardemment patriote, alors que les autres ont été en général antimilitaristes (et certains grossièrement). Les circonstances ont donc conduit l'auteur à évoquer la guerre de 14-18 (qu'il a vécue en première ligne) - plus que l'amour et d'autres sujets connexes. En fait, je n'adore pas toutes les poésies du présent recueil, qui m'a globalement moins plu que "Alcools". Mais j'ai souvent retrouvé le langage si particulier du poète, que mon "oreille intérieure" aime à entendre. Pour moi, le sens est secondaire par rapport à la beauté du chant et à la richesse de l’imaginaire. Chez Apollinaire, on trouve une grande liberté de forme, mais quand même pas de l'ésotérisme ou des envolées absconses. Tout est accessible.
A titre d'exemple, j'ai mis en citation un extrait de "La nuit d'Avril 1915" (provenant de "La case d'Armons"), à la fois grave et presque joyeux.
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J'aime bien la poésie d'Apollinaire, particulièrement ces calligrammes qui sont également des poèmes pour les yeux.
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Pas mal de jolies choses mais parfois ca se complique, j'aime beaucoup cet incroyable chose que sont les calligrammes
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