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La plume délicate et maîtrisée de Nathacha Appanah permet une immersion émouvante dans l'histoire de sa famille. L'exil, la langue qui se perd, l'identité, le dur travail de mémoire afin de ne pas oublier qui on est et d'où on vient. J'avais beaucoup aimé Tropique de la violence, j'ai retrouvé ici cette belle puissance d'écriture.
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C'est à un travail de mémoire que nous invite Nathacha Appanah : l'histoire de la migration de ces ancêtres indiens venus dès les années 1870 d'un petit village de l'Inde pour travailler sur l'île Maurice. Ils n'étaient alors que des numéros dans les fermes sucrières. Son grand-père sera un des petits enfants de cette génération. Né en 1911, il n'ira pas à l'école mais commencera à exister face aux Blancs, parfois à son détriment. Ce sera la génération de ceux qui pourront devenir indépendants soutenus par leur communauté, gardant au maximum leurs croyances et leurs traditions.
Un très bel hommage à ses grands-parents qui ont beaucoup compter pour elle et pour moi une source de réflexions. J'ai connu mes arrière grands-parents mais quelles images ai-je gardé d'eux ? Que vais-je transmettre à mes enfants et petits-enfants ?
Une collection "Traits et portraits" qui promet.
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Comme souvent un challenge m'a donné l'opportunité d'ouvrir ce livre qui m'attendait depuis sa parution.
J'ai passé un bon moment de lecture et j'ai découvert Natacha Appanah , une auteur que je vais continuer à découvrir.
La façon dont Natacha nous raconte la vie de ses ancêtres m'a beaucoup plu.
J'ai appris beaucoup sur cet épisode historique qui m'a entraîné à faire des recherches , je ne connaissais l'épopée des personnages de cette époque.
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Natacha Appanah est une auteur à la plume très sensible. Elle signe ici un court roman autobiographique qui est un hommage rendu à ses aïeux, anciens travailleurs "engagés". Venus d'une Inde pourvoyeuse de main d'oeuvre abondante et bon marché, recrutés pour travailler dans les champs de canne à sucre des îles comme l'île Maurice, en remplacement des esclaves après l'abolition, ces hommes et ses femmes ont constitué une population de travailleurs pauvres et méprisés que la mémoire collective a peu à peu effacé...y compris dans la mémoire familiale.
Natacha interroge avec délicatesse et sensibilité son histoire familiale et fouille cette mémoire enfouie afin de redonner vie et dignité à ses ancêtres indiens devenus mauriciens.

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De génération en génération, la mémoire se délave. Si la mère de Nathacha Appanah se souvient de ses parents, elle peine à dater l'arrivée de ses ancêtres sur l'île Maurice. Afin de pallier aux limites de l'oralité, l'auteur enquête. Aux archives de l'immigration indienne à l'institut Mahatma Gandhi de l'île Maurice, elle retrouve trois fiches correspondant à ses trisaïeuls et leur fils, son arrière-arrière-grand-père.
Je découvre alors l'engagisme mis en place en 1830 par les Européens. L'objectif était de convaincre les pauvres naïfs de pays colonisés à aller travailler vers des pays sources de richesse afin de remplacer les esclaves noirs. Les ancêtres de Nathacha, colons indiens de Rangapalle, arrivent à l'île Maurice en 1872.
Après l'évocation du destin de son arrière-grand-père, né en 1888 à Camp Chevreau, l'auteur évoque surtout la vie de son grand-père, né en 1911. C'est l'occasion de voir collent les coolies indiens tentaient de conserver leurs langues, leurs rites sous le joug des dominants,
L'excellence du style de Nathacha Appanah n'est plus à démontrer. de plus, pour parler de son enfance, creuset de son inspiration, elle fait preuve de beaucoup de tendresse, de sensibilité et de respect.
Ce superbe recueil regroupe aussi des photos, souvenirs des lieux, de la famille. Et de superbes photos de figures crées par les oiseaux migrateurs. C'est un parallèle poétique avec les migrations humaines.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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L'autrice raconte le voyage de ses aïeux partis d'Inde en 1872 pour arriver à l'île Maurice.
Cette migration se place dans un contexte économique et colonialiste particuliers, empruntant beaucoup de traits à l'esclavage.
Elle raconte ses grands-parents, le courage de cet homme qui s'est rebellé, cette grand-mère discrète mais pleine d'énergie, leur quotidien difficile et les influences sur l'éducation des générations à venir.

Livre hommage, empli de tendresse, dans un style toujours aussi délicat voire poétique.
Livre très intéressant sur le contexte de "l'engagisme".
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Dans son dernier roman, Nathacha Appanah nous plonge dans un travail vieux de près de 20 ans : partager la mémoire de ses ancêtres, ces "engagés" qui quittèrent l'Inde pour l'Île Maurice en promesse d'une vie meilleure - mais plus simplement pour, en réalité, et contrairement à ce qu'on leur faisait miroiter, s'échiner à la tâche afin de combler la main-d'oeuvre manquante après l'abolition de l'esclavage.

Cette mémoire délavée, c'est la mémoire familiale, qui sur tant d'années (plus d'un siècle entre la traversée de ses aïeux et sa propre naissance) a effectivement eu le temps et de multiples occasions de s'étioler, se ternir, voire se perdre. L'autrice documente son ouvrage en inscrivant la "petite" histoire - la sienne - dans la grande, et on ressent le poids et l'importance de ces archives officielles lorsqu'il faut parfois venir renforcer ce qui a pu être sauvé de l'oubli et transmis à travers les générations.

La figure du grand-père charismatique de l'autrice apparaît fondatrice de sa détermination à entretenir cette mémoire. C'est si beau et si ardent à la fois ! Une grande tendresse, une vraie reconnaissance, et beaucoup de délicatesse émanent de ce récit tout en pudeur. Jolies émotions garanties ❤

Merci vivement aux éditions @mercuredefrance pour l'envoi de ce livre, qui est selon moi, un des plus réussis de Nathacha Appanah !

  《La phrase à retenir》
"C'était une même bulle bruyante, rieuse, désordonnée mais chaque génération avait son espace. Il y avait plusieurs langues dans cette bulle et, parfois, au milieu des rires et des repas, il y avait des choses d'avant qui se révélaient."
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La mémoire délavée est un très beau récit familial, une quête à la recherche de racines et de réponses.

Dès la première page, nous sommes plongés dans un vol d'étourneaux, oiseaux qui se murmurent leurs trajets, leurs migrations. Nathacha Appanah comme cet oiseau nous murmure l'histoire de ses aïeux, de ces engagés, ceux qu'on appelait coolies. Après l'abolition de l'esclavage, les Français, les Anglais et les Hollandais manquent de main d'oeuvres dans leurs plantations de cannes à sucre et ont donc mis en place des contrats d'engagements. Bon nombre de ces engagés ne savaient pas où ils allaient débarquer et dans quelles conditions ils vivraient. L'inconnu les attendait. C'est ainsi que les ancêtres de Nathacha Appanah sont arrivés à l'île Maurice.

Avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, l'autrice nous narre leur histoire, ses talents de conteuse comblent les vides, cherchent une vérité parfois inaccessible car certains événements ont été oubliés, sciemment, pour pouvoir avancer, s'élever, s'extirper d'une condition sociale pauvre. Avec ce récit, Nathacha Appanah remet en lumière ces destins, et l'histoire de ces engagés, tout en rappelant l'importance de la transmission et de la mémoire.
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Ce récit s'ouvre sur un vol d'étourneaux qui fait écho à toutes les migrations, en particulier celle des aïeux de l'auteure, partis en 1872 d'un village d'Inde pour rejoindre Port-Louis à l'île Maurice qui était alors une colonie britannique. Un couple et leur enfant de onze ans, des engagés indiens, des coolies venus pour travailler dans les champs de canne à sucre pour pallier le manque de main d'oeuvre après la libération des esclaves noirs. Déshumanisés dès leur arrivée par l'attribution d'un numéro, ils travaillent dans les plantations, logés dans un camp avec leurs congénères. Aux archives de l'immigration indienne de l'île Maurice, Nathacha Appanah a retrouvé avec beaucoup d'émotion les numéros portés par ses aïeux.

Sur les traces de ses ancêtres paternels, Appanah raconte, loin de tout exotisme et de tout pittoresque, l'histoire des engagés indiens à la fin du 19ème siècle et l'histoire de sa propre famille. Elle qui, selon ses propres termes, s'était faite une image "presque proprette" de la migration en famille de ses ancêtres, essaye ici de se rapprocher au plus près de ce qu'ils ont réellement vécu. Elle avait déjà abordé l'histoire des engagés indiens dans son premier roman "Les Rochers de Poudre d'Or" mais d'une manière complètement romancée.
Elle sait que l'histoire de ses aïeux s'est diluée au fil du temps, elle sait que la mémoire "se délave" de génération en génération, "une mémoire délavée". Elle décrit la vie des coolies dans les plantations coloniales et souligne la volonté "de ces dominés, dans leurs corps et dans leurs esprits", de maintenir leur culture, leurs traditions, leurs coutumes ancestrales par la langue, la cuisine, les vêtements, la musique, la pratique religieuse, elle écrit joliment qu'ils ont cherché à "garder le goût de leur pays" en fabriquant eux-mêmes leur mélange d'épices.
Dans ce récit sur la mémoire elle s'interroge sur la transmission de peurs, de tabous, de croyances de génération en génération comme la peur de l'eau. Par petites touches infiniment sensibles, elle raconte ses grands-parents et ce qu'ils lui ont transmis. Elle positionne son grand-père en personnage central et lui rend un hommage touchant. Elle se souvient de son enfance "dans un monde comme un fil tendu entre ses grands-parents, descendants de coolies, mariés avant la puberté, laboureurs, analphabètes" et ses parents instruits, ambitieux de réussite intellectuelle et d'ascension sociale. Une enfance en équilibre entre le monde ancien de ses grands-parents et le monde progressiste de ses parents.
Ce texte m'a fait découvrir l'engagisme, système qui a pris le relais de l'esclavagisme dans les colonies européennes, c'est une page d'histoire que j'ignorais.
Quelle joie de retrouver l'écriture tout en délicatesse, sobriété et douceur de Nathacha Appanah dans ce récit intime, empreint d'amour et d'une douce nostalgie, récit agrémenté d'émouvantes photographies.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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De bons commentaires lus à son propos je l'ai acheté chez Claudine en lui apportant mes réponses à son concours.
C'est sur une photo de vol d'étourneaux que s'ouvre la lecture. Ils migrent vers un climat plus propice, à l'image des migrants qui quittent leur pays pour un avenir meilleur.
Les aïeux de l'auteur ont quitté leur village en Inde en 1872, et arrivent à l'île Maurice. Il suffisait de soulever les rochers du bord de la mer pour y ramasser l'or qui s'y trouvait, racontait-on. La richesse leur tendait les bras.
Ces arrière-grands-parents arrivaient avec un enfant. En débarquant sur l'île on leur attribue un numéro à 6 chiffres. Ils n'ont plus de prénom, de nom, ils sont un numéro.
Petit livre plein d'affection pour ses parents et surtout ses grands-parents. Nathacha avait vécu des moments précieux auprès de sa grand-mère, des moments simples mais pleins d'amour, de tendresse. Sa grand-mère souhaitait transmettre à sa petite-fille les coutumes de son pays. le grand-père travaillait dur dans les champs de canne à sucre, comme ses parents l'avaient fait avant lui. Les "laboureurs" remplaçaient les esclaves noirs depuis l'abolition de l'esclavage.
Un petit récit court et attachant de simplicité, d'amour, de mémoire, de respect et d'admiration pour la vie pas facile vécue par ses ancêtres.
Nathacha nous emmène à ses côtés, revivant les souvenirs de sa jeunesse, durant laquelle elle était très proche de ses grands-parents. Admiration pour son grand-père grand, courageux, beau, taiseux, admiration pour ses parents. Pour elle il est important de raconter ses ancêtres, dont elle ne savait quasi rien. Elle a interrogé les siens, fait des recherches, souvent restées sans réponse. Les registres de la population étaient muets. Impossible de savoir combien d'enfants avaient eu ses ancêtres.
Un moment de lecture plein de douceur, de poésie. A lire.
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