Le vol d'étourneaux, premier chapitre, sert à
Natacha Appanah de métaphore pour illustrer l'histoire de ses ascendants, premiers “engagés”, ou coulies, venus de l'Inde pour fuir la misère et à la recherche d'un rêve que leur petite fille a accompli.
La mémoire délavée est un court récit qui étudie comment le passé, même si on ne le connaît pas complètement, retentit dans le présent.
En 1872, à bord du navire John Allan, ses deux arrières – grands-parents, dont elle retrouve aux archives leurs fiches portant uniquement leurs numéros, ont débarqué à l'île Maurice pour travailler dans les champs de canne. Il a fallu surmonter leur peur de la mer noire, appelée ainsi par les Indiens. Leur traversée a duré à peu près sept semaines. L'enfant de onze ans qui les accompagnait commence aussi son travail dans la canne.
Seulement, la mémoire familiale les a effacés ne faisant commencer l'histoire de la famille qu'au début du XXème siècle.
Natacha Appanah part sur leurs traces en nous contant l'île de son enfance appelée l'île du sucre.
Premier récit
Pudiquement, en respectant les silences, les superstitions de l'une, en comprenant l'injustice qui marque de façon indélébile l'affront vécu par l'autre,
Natacha Appanah offre un livre intime et sensible où la fiction vient remplir les blancs du passé.
La poésie y est omniprésente. L'hommage est plein de déférence, de tendresse et d'affection pour la figure de géant qu'était son grand-père et de sa frêle grand-mère qui, pour la protéger des mauvais esprits, lui disant de mettre sa culotte à l'envers ! Même si
Natacha Appanah décrit l'injustice, le racisme, la misère, aucune colère ne vient perturber l'énonciation des faits et leurs explications.
À travers cette Mémoire délavée,
Natacha Appanah revient aux sources de sa famille, de sa culture, de la tradition qui fonde toute son éducation et sa source de vie, malgré l'exil et l'esclavage vécus. Un roman tendre où le vol d'étourneaux révèle ce que le passé apporte au présent.
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