AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,97

sur 338 notes
5
40 avis
4
36 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis
Natacha Appanah maîtrise une écriture légère comme un souffle, qui sait dire la gravité de l'humain à travers la fragilité des choses et des êtres. Elle ne livre pas ici un récit autobiographique mais choisit de solliciter sa mémoire. Elle fait revivre ses grands parents paternels et avec eux l'histoire de ces engagés, migrants du travail au 19ème siècle, alors que la fin de l'esclavage rendait possible d'autres types d'exploitation de l'homme. Ses grands parents portent ainsi avec eux un peu de l'Inde de l' Andhra Pradesh, la région de Chennai (Madras) que leurs ancêtres ont quitté , pour arriver à l'île Maurice le 1er aout 1872, avec un numéro d'identification pour tout bagage, leurs bras pour travailler et leur culture pour continuer à vivre. le 19ème siècle avait donc ses routes de migration bien huilées, déjà la promesse d'une vie meilleure réussissait à convaincre, déjà l'arrivée se muait vite en désillusion. Les générations malgré tout se succèdent, fidèle à cette culture familiale à laquelle Natacha Appanah rend hommage, à travers la figure de son grand père et celle de sa grand mère. Elle raconte le travail de la terre sur les grands domaines de plantation, les enfants morts nés qui se succèdent, les brimades et les vexations jusqu'au bannissement de Camp Chevreau. Elle évoque son enfance, dans l'aura bienveillante de ses grand-parents et son propre attachement à la culture ancestrale , en précieux héritage.
Un livre émouvant, dans une écriture fine et poétique;
Commenter  J’apprécie          162
Que savons-nous réellement de nos aïeux ? de leurs rêves, des chemins empruntés, des émotions qu'ils portaient au creux du ventre ? Dans un récit très intime, Nathacha Appanah raconte ceux qui, un jour, ont quitté l'Inde pour l'île Maurice, une vie pour une autre, pas moins rude. Des numéros sur une fiche. Pas de photo. Ou si peu. Par le jeu des descendants, on en arrive aux grands-parents, figures tutélaires moins mystérieuses. Même si... Et puis soi. Si ses romans sont toujours des mises à distance, l'autrice ose ici le je. Et c'est une réussite.

C'est un texte court, illustré, mais riche de plusieurs vies. Des vies de rien, de ceux qui font vivre les plantations, ne sont pas esclaves mais gardent les codes. Soumission au propriétaire, acceptation des salaires de misère, l'espoir ténu mais présent d'une vie meilleure que celle qui les attendait en Inde. Une vie meilleure pour les suivants. Une vie dans une époque où la mort fauche si vite, y compris, surtout même, les enfants.

Sans souligner le trait, il y a même un peu de psychogénéalogie. Une scène, qui m'a particulièrement touchée, où Nathacha Appanah révèle aimer la mer, s'y baigner souvent mais est terrifiée à l'idée de ne plus avoir pied. Comme la marque de siècles de terreur face à cette masse noire et profonde et qu'un grand nombre aura bravé pour quitter le pays natal. Il y a évidemment des échos avec l'actualité, les migrations humaines se ressemblent. Mais la force du texte réside dans sa capacité à nous faire pousser la porte d'une famille et se sentir chez soi. Tout ça, porté par une plume élégante que sait si bien manier cette autrice.

Le grand prix des lectrices ELLE s'ouvre de bien belle manière...
Commenter  J’apprécie          160
A la recherche des ses origines, l'autrice nous livre avec émotion les souvenirs et les recherches qu'elle a effectués pour retrouver les traces de ses ancêtres. Des vols d'étourneaux aux configurations de vol mystérieuses aux migrations humaines qui ont transporté des coolies indiens venus remplacer les esclaves noirs des plantations de canne à sucre, les générations se succèdent de façon de plus en plus précise aux yeux de Nathacha Appanah qui rend un hommage sensible et délicat à sa famille et en particulier à ses grands parents.
Commenter  J’apprécie          160
Dans la collections Traits et portraits chez Mercure de France je découvre un peu de l'histoire de Natacha Appanah dont j'avais lu avec passion trois de ses romans.
Dans ce récit, que j'ai eu du mal à démarrer, me perdant dans la généalogie de ses ancêtres arrivés en 1872 à Port-Louis sur l'île Maurice, son arrière-arrière-grand père avait 11 ans.
le livre est assez court et se concentre un peu plus sur les grands-parents de l'auteur, ce qui n'était pas vraiment prévu au départ. Intéressant de lire cette immigration indienne, la vie pauvre et difficile de ces exilés. Sacré voyage à l'époque.
Jolis portraits de cette famille avec des figures émouvantes et volontaires. On sent toute la tendresse qui anime l'auteure dans ces pages.
de jolis moments de vie et des épreuves nombreuses montrent une situation de vie souvent douloureuse mais proche de la famille et de la communauté. Un témoignage puissant, accompagné de quelques illustrations en fait un ouvrage passionnant que j'ai lu d'une traite jusqu'au milieu de la nuit.
Commenter  J’apprécie          140
Le vol d'étourneaux, premier chapitre, sert à Natacha Appanah de métaphore pour illustrer l'histoire de ses ascendants, premiers “engagés”, ou coulies, venus de l'Inde pour fuir la misère et à la recherche d'un rêve que leur petite fille a accompli. La mémoire délavée est un court récit qui étudie comment le passé, même si on ne le connaît pas complètement, retentit dans le présent.

En 1872, à bord du navire John Allan, ses deux arrières – grands-parents, dont elle retrouve aux archives leurs fiches portant uniquement leurs numéros, ont débarqué à l'île Maurice pour travailler dans les champs de canne. Il a fallu surmonter leur peur de la mer noire, appelée ainsi par les Indiens. Leur traversée a duré à peu près sept semaines. L'enfant de onze ans qui les accompagnait commence aussi son travail dans la canne.

Seulement, la mémoire familiale les a effacés ne faisant commencer l'histoire de la famille qu'au début du XXème siècle. Natacha Appanah part sur leurs traces en nous contant l'île de son enfance appelée l'île du sucre.

Premier récit
Pudiquement, en respectant les silences, les superstitions de l'une, en comprenant l'injustice qui marque de façon indélébile l'affront vécu par l'autre, Natacha Appanah offre un livre intime et sensible où la fiction vient remplir les blancs du passé.

La poésie y est omniprésente. L'hommage est plein de déférence, de tendresse et d'affection pour la figure de géant qu'était son grand-père et de sa frêle grand-mère qui, pour la protéger des mauvais esprits, lui disant de mettre sa culotte à l'envers ! Même si Natacha Appanah décrit l'injustice, le racisme, la misère, aucune colère ne vient perturber l'énonciation des faits et leurs explications.

À travers cette Mémoire délavée, Natacha Appanah revient aux sources de sa famille, de sa culture, de la tradition qui fonde toute son éducation et sa source de vie, malgré l'exil et l'esclavage vécus. Un roman tendre où le vol d'étourneaux révèle ce que le passé apporte au présent.
Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          140
Quelle belle découverte que cette auteure ! le challenge de lecteurs «Globe trotteurs» m'a donné envie de découvrir ce roman, écrit par une auteure originaire de l'île Maurice. J'ai été charmée par son écriture, douce et poétique.

Nathacha Appanah relève le défi de retracer l'histoire de ses aïeux qui ont quitté l'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice. Une période de l'histoire où l'esclavage étant aboli dans l'Empire colonial anglais, un autre type de main d'oeuvre était recherché (à peine mieux loti que les esclaves qui les ont précédés) pour faire le dur travail de labeur dans les plantations de canne à sucre.

C'est ainsi que les ancêtres de l'auteure s'établiront à l'île Maurice, auront des enfants qui eux aussi travailleront dans les plantations de canne à sucre. Dont son grand-père et sa grand-mère, tous deux des personnages très marquants dans sa vie de petite fille, puis de femme.

Nathacha Appanah arrive avec une grande fluidité à mêler des éléments qu'elle a pu retrouver dans l'histoire de ses ancêtres, certains par des documents, d'autres par les histoires qui se transmettent oralement dans la famille, d'autres encore qu'elle a pu deviner, ou imaginer. le résultat pourrait être décousu ou compliqué, mais loin de là. le tout est fluide et beau. Sensible et délicat.

Au-delà de l'histoire de sa famille, l'auteure nous parle de ses liens avec ses grands-parents, des traditions, des cultures, de l'Inde et de l'île Maurice.

J'ai eu un grand plaisir à lire ce roman-récit et j'ai hâte de découvrir d'autres romans de cette auteure.
Commenter  J’apprécie          132
Natacha Appanah écrit une ode à la mémoire de ses ancêtres avec le peu, voire l'infime, qu'ils ont laissé. C'est délicat, émouvant et doux. Une très belle écriture au service de gens humbles dont seuls la famille et de rares documents administratifs ont gardé la trace. Natacha brode autour de ces minuscules indices et rend la parole à ces ascendants qu'elle a peu ou pas connus. Elle recrée leur émotions et leur quotidien avec beaucoup de pudeur et de tendresse. C'est très émouvant. Il s'agit de surcroît d'un très beau livre, à la couverture raffinée, aux pages veloutées et agréables au toucher, dans une superbe collection. Un régal
Commenter  J’apprécie          120
Publié dans la collection Traits et portraits, ce livre nous emmène sur les traces des ancêtres de la romancière venus d'Inde lors de l'engagisme, un détail de l'Histoire que je ne connaissais pas.

J'ai aimé la mémoire défaillante des souvenirs des anciens, les archives qui ne donnent que des noms et des chiffres mais ne disent rien des personnes, de leurs émotions, de leurs pensées.

J'ai aimé découvrir le grand-père et la grand-mère de Natacha, l'erreur du grand-père qui lui confère son caractère et son maintient si particulier.

J'ai aimé la ténacité de sa grand-mère devant la maladie de son fils.

J'ai aimé que le souvenir du grand-père devienne de plus en plus fort et brillant au fur et à mesure des souvenirs.

L'image que je retiendrai :

Celle des fleurs à foison présentent lors du mariage et de la crémation des grands-parents de la romancière.
Lien : https://alexmotamots.fr/la-m..
Commenter  J’apprécie          110
L'autrice replonge dans le passé de sa famille pour restituer les faits oubliés par la "mémoire délavée". Elle retrouve la trace de ses trisaïeuls, premiers exilés qui ont quitté l'Inde pour l'île Maurice. Ces coolies engagés volontaires, rêvant d'un monde meilleur, devaient remplacer les esclaves noirs des plantations. Ils n'étaient plus que des numéros.
Archives, photos, souvenirs de la petite fille auprès de ses grands-parents lui permettent de reconstituer l'histoire de sa famille et de ses compatriotes.
Très émouvant et admirablement écrit.
Commenter  J’apprécie          100
Nathacha Appanah a mis beaucoup d'elle dans certains de ses romans, notamment dans Rochers de Poudre d'or mais cela restait du roman, de la fiction.
Ici, elle franchit le pas de remonter le temps, de raviver les mémoires pour nous raconter d'où elle vient, et surtout ce qu'ont eu à endurer ses aïeuls une fois arrivés sur le sol Mauricien. Ils étaient indiens, venus remplacer dans les champs de canne à sucre les anciens esclaves affranchis après l'abolition. On les appelait les engagés, n'avaient pas plus de liberté que leurs anciens comparses ; ils menaient une dure vie de labeur, élevaient leurs enfants avec amour, et l'espoir de leur offrir mieux que ce qu'ils vivaient. Au fil des générations la mémoire se perd ; il faut composer avec les non-dits, les silences, les oublis.
Avec la précision de langue qu'on lui connait, avec sa poésie, avec l'amour et l'immense respect pour les siens, Nathacha Appanah nous restitue par petite touches, au gré des anecdotes, et de ses recherches, le cheminement de sa famille en Inde et Ile Maurice où elle a vécu sa petite enfance avant de s'installer en France avant que justement la mémoire ne s'efface définitivement. Elle tente à sa façon à réparer l'honneur d'un homme injustement accusé et banni d'un groupe. Cet homme, c'est son grand-père dont elle brosse le portrait d'un homme attachant, digne et travailleur.
Agrémenté de nombreuses photos en grande partie de l'auteur, ce recueil est aussi court qu'il est intense, délicat et émouvant.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (773) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1760 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}