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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Depuis la mort de son mari Emmanuel, Tara part à la dérive...Elle semble vivre dans un autre monde, la femme discrète et amoureuse qu'elle était semble habitée par une autre. La première partie de ce roman nous plonge dans les limbes des souvenirs flottants de Tara. On apprend à la connaître sans trop identifier le problème mais c'est cette deuxième partie qui provoque une véritable rupture et la découverte des traumatismes subis par une enfant sur qui le sort s'acharne...
Natacha Appanah, que je découvre avec ce roman, m'a emportée avec son style ciselé et elliptique...l'art de suggérer le pire sans tout dire ! J'ai beaucoup aimé cette deuxième partie du roman consacrée aux exactions commises dans un pays fait d'interdits, aux douleurs du passé d'une fillette qui devient une "fille gâchée"... à qui rien n'appartient.
Des passages d'une grande intensité.

"Assourdissant ce coeur qui bat. Assourdissant le sang qui se précipite au cerveau. J'ouvre et je referme la bouche sans savoir quels mots à dire,les cris à sortir, les prières à inventer. Je n'entends rien, je ne vois rien mais dans la nuit du coffre, je perçois la réverbération des choses que font les quatre hommes. Pour chaque coup, chaque exaction, chaque abus, mon corps recroquevillé, loin bien loin de celui de mes parents, absorbé les ondes de ce qui se passe dans cette grande maison ou j'ai eu une vie délicieuse, douce, virevoltant et singulière."
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Rien ne t'appartient”, Natacha Appanah, RL2021, Gallimard

Tara sombre dans le désespoir et la folie depuis qu'Emmanuel, son mari, est mort. Les quinze ans de bonheur avec cet homme merveilleux lui ont fait oublier celle qu'elle a été avant de le connaître.
Mais son décès fait revenir Vijaya, cette jeune fille “perdue” dont l'enfance a été assassinée et l'adolescence meurtrie.

C'est un roman très sombre et assez sibyllin: l'histoire de Tara est d'une tristesse sans nom, il n'y a pas de temporalité, de géographie. L'histoire pourrait se dérouler n'importe où, n'importe quand.
C'est déjà ce qui m'avait gênée dans “Le ciel par-dessus le toit”.

Le style de l'autrice est très écrit, très travaillé. D'autres lecteur.ices le qualifieront sûrement de poétique et sensuel. Il n'a fait que rendre ma lecture plus laborieuse. J'aime les styles plus naturels.

Je sais que ce roman trouvera son public parce que nous n'avons pas tous la même sensibilité. Je pense qu'il aurait pu me plaire avec 200 pages de plus, plus de matière, plus d'histoire et de contexte. Je commençais à m'y sentir bien quand il se finissait. 150 pages, c'est peut-être un peu court pour une histoire comme celle-ci.

Le grand roman de Natacha Appanah reste pour moi “Tropique de la violence”.

Merci à Babelio et Gallimard pour l'envoi.
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Il aura fallu un tsunami,grâce à une branche,pour que l'instinct de survie soit le plus fort et que Vijaya disparaisse à jamais pour faire place à Tara.
Dans quel pays ? L'auteure ne le nomme pas,simplement elle suggère, un pays asiatique je pense un pays où les démons vont faire disparaître à jamais ,l'enfance heureuse de la petite Vivi ,ses parents : un couple à " l'occidentale" relativement aisé,quelques années d'un bonheur absolu et surtout pour cette fillette : l'insouciance,mais.....
Chut ,je n'en dis pas plus.Un livre remarquable,une écriture âpre, parfois dure,c'est la " patte" de Nathacha Appanah,qui comme dans : Tropique de la violence,nous confronte à des personnages brisés et torturés par la vie.
J'avoue avoir eu du mal à " entrer" dedans au début, cette histoire de garçon m'enervait et je ne voyais pas où Nathacha Appanah voulait nous emmener,et puis, j'ai persévéré, grand bien m'en a pris car j'ai été littéralement happée par ce roman lu en 2 soirées.
Un gros coup de coeur à recommander chaleureusement. ⭐⭐⭐⭐⭐
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Rien ne t'appartient.
Ni personne.

Tara se prend en pleine face la violence du deuil. L'homme qu'elle aime n'est plus et tout s'effondre. La femme qu'elle était n'est plus, elle ne s'appartient plus. Tara se recroqueville dans l'appartement familial, se recroqueville tellement qu'elle entre en elle-même, comme dans une coquille. Et retrouve tout au fond, si bien caché depuis tant de temps, Vijaya.

Un ailleurs, une autre temporalité se dessine. Une petite fille qui joue. Une enfant aimée.
Mais rien ne t'appartient. Ni personne. Pas même ta famille. Surtout pas ceux qui t'aiment.
Le chemin qui semblait bordé de roses se retrouve charbons ardents. La fille sera gâchée. Et prendra soin de ses semblables, filles gâchées elles aussi.
Mais la vague engloutit tout. Et rien n'appartient plus à personne.

La force de Nathacha Appanah est de mêler des parcours intimes, sensuels souvent, à la société la plus crue. de faire rejaillir l'actualité, d'une touche violente, dans le parcours d'une personne. Et de nous emporter avec elle.
Tara n'est pas Nathacha, qui fait oeuvre de romancière, qui invente autour de trois situations la vie de son personnage. le deuil. La violence d'une société. Un fait d'actualité. A chaque fois, un changement de paradigme.

Je suis admirative de cette manière d'écrire. du style si reconnaissable de l'autrice. Et de cette façon de dire le monde qui nous entoure. Si le début de la première partie m'a laissée un peu de côté, j'ai finalement été embarquée dans ce court texte si sombre. Ce que ne dit pas cette belle couverture en Folio.
Si vous ne connaissez pas l'oeuvre de Nathacha Appanah, il vous faut la découvrir. Tropique de la violence restera toujours pour moi le souvenir d'une nuit blanche, ne pouvant plus dormir après avoir refermé ce roman. Celui-ci infuse plus lentement en moi. Mais après plusieurs semaines, il est toujours là, ce titre mantra ne me quittant pas.

Rien ne t'appartient.
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J'avais déjà lu et apprécié les textes précédents de Natacha Appanah et sa façon de nous entraîner dans des zones sombres, que ce soient des zones géographiques ou intimes, avec de sacrés personnages.
Cette fois, il n'y a qu'un seul personnage, une femme va nous raconter, à travers sa voix, sa vie, son passé, ses détresses, ses espoirs, ses oublis, dénis...
Un texte très poétique et percutant.
En 160 pages, l'auteure va nous entraîner dans les souvenirs de la narratrice. Elle vient de perdre son mari et elle attend son beau fils et il lui demande de se ressaisir, mais le peut elle et le veut elle vraiment ??
Avec une belle écriture, Natacha Appanah va nous faire connaître les vies de cette femme, car elle a vécu plusieurs vies. Son enfance, son adolescence et sa fin de vie. une vie terrible et des pages très difficiles sur la situation des filles, femmes dans certains pays, jamais nommés d'ailleurs, peut être la Thaïlande. Des pages terribles mais aussi des pages d'espoir,; des pages d'un terrible réalisme mais aussi fantastique avec des fantômes qui frôlent la narratrice pendant ses journées.

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Voilà une histoire terrible, propre à toucher les plus endurcis.
Et pourtant, j'ai eu du mal à y croire, je ne sais pas bien pourquoi. Les différentes étapes de la vie de l'héroïne sont vite esquissées, sans doute aurais-je eu besoin de plus d'espace.
C'est bien écrit, je le reconnais. Mais, quelques jours après avoir fini cette lecture, je commence déjà à l'oublier. Dommage.
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Pour Natacha Appanah les points de repère et la précision cartésienne ne sont pas des notions essentielles. Donnons alors à Tara dans les 35 ans, à Emmanuel dans les 60 ans et à Eli le même âge que celui de Tara ou un peu plus. L'action, peut être à Paris ou en banlieue car il y a un pont et une rivière donc ce n'est pas le boulevard Saint Germain, et pour la jeunesse de Tara un pays comme le Sri Lanka, bien que l'on parle d'une bienfaitrice américaine et d'un Nord-Sud, Vietnam, Corée ?

Deux livre en un. Un quart, trois quart.

Livre un.
Emmanuel est mort depuis 3 mois. Sa jeune veuve Tara, déprime, disjoncte, elle a des visions, son appartement vire taudis. Eli, son beau fils arrive, tombe des nues et veut l'hospitaliser. Demain dit Tara. Demain.

Livre deux.
C'est la jeunesse de Vijaya, d'abord dorée, puis son père opposant politique est liquidé par le gouvernement en place. Il entraîne en toute imprudence ses proches dans sa chute, sauf Vijaya cachée. Vijaya donnons lui 10-12 ans est recueillie par la famille d'un ancien jardinier. le temps passe, elle faute, une grossesse intempestive, elle devient une fille gâchée, une paria, et elle se retrouve dans un couvent redresseur de ce qu'il y a à redresser.
De fil en aiguilles, je vous laisse le soin de découvrir l'union Vijaya-Tara-Emmanuel.

Le premier livre est abscons. Entre réalité, délire, visions, imagination et manque de repères à tire larigot, difficile d'y voir clair. Agaçant, mais d'après Natacha Appanah, c'est voulu. Chacun son style.

Avec le livre deux, on comprend tout.

C'est donc une histoire de filles gâchées, comme il y en a moult dans le monde. Qu'importe alors les âges ou le pays. Ce ne serait pas celui ci ce serait un autre sauf peut être nos contrées, modèle  de ce qu'il doit être, évidemment.

Avec un sujet tel que celui là, difficile d'être en critique, mais un sujet fait il à lui seul la qualité d'un livre.
Rien ne t'appartient, assurément bien écrit mais de construction discutable. Pourquoi égarer ainsi le lecteur pour le remettre sur le bon chemin, forcément ensuite.

Liberté de l'auteur bien sûr, le lecteur a t il lui aussi la sienne de suggérer, allons y avec des pincettes de commencer par le livre deux et de terminer par le livre un.

En ce qui me concerne, j'ai lu le livre un, abscons puis le deux, éclaircie en ciel de pois pour en revenir au livre un, vous me suivez, plein de saveur alors.

Allez, beau livre malgré tout, jetez vous à l'eau comme Tara, passez le cap de bonne Espérance du début pour plus de clarté et de noirceur, ne cherchons pas à être optimistes.

Tara, il fallait tenir, accepter d'être aidée pour continuer à dire.

E demain aurait été un autre jour.
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Mes lectures se suivent et ne se ressemblent pas et c'est tant mieux. Ici, de la gravité... dans l'histoire, le texte, l'écriture. Bouleversant, triste, avec une pointe lumineuse à la fin.
Tara a un noeud dans le ventre dont elle ne parle jamais, qui lui vient de son passé et Emmanuel, son mari aux yeux "couleurs de terre après la pluie" ne sait rien ou si peu. Car Tara veut oublier, tant que son mari est vivant, ne veux plus se rappeler le garçon ni Vijaya.
Mais depuis qu'Emmanuel est mort voilà 4 mois, quelque chose ne tourne plus rond chez Tara... les fantômes du passé sont là, tapis au creux du fauteuil et au fond d'elle tout vacille.
Quand rien ne nous appartient, ni corps, ni prénom, ni voix ; quand naître fille et devenir une "fille gâchée" Comment se reconstruire, comment retrouver une identité même bancale ou fabriquée ?
C'est le parcours de Tara ici que seul l'amour sauvera et la fin est tragiquement... belle.
Une fois encore, Nathacha Appanah, avec son écriture si particulière nous offre un roman d'une profonde gravité.
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Envoutant, dérangeant, poétique, mystique : autant d'adjectifs qu'on peut attribuer à ce roman et surtout à la plume de son auteur. L'écriture est d'une qualité picturale étonnante, La première partie est articulée autour d'une créature humaine dont on ne comprend pas tout de suite ni qui elle est, ni quel âge elle peut bien avoir ; ce qui est important, c'est qu'elle souffre, elle est perdue ou traumatisée, elle est une femme avec des sensations, des désirs de femme, mais bridée par sa condition jusqu'à être enfermée pour "mauvaise conduite".
Une fois de plus, Natacha Appanah se fait l'avocate des conditions de vie de LA femme. Auteur à suivre, autant par la qualité de son style que par l'intérêt des sujets qu'elle aborde.
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Un roman trop court (c'est toujours trop court quand c'est bien) et très émouvant.
C'est la première fois que je lis un texte de cet auteur : je vais me lancer dans ses autres romans, celui-ci m'a donné envie d'aller à sa rencontre. Merci à Babelio et aux Editions Gallimard de m'avoir permis de découvrir (tardivement certes, mais c'est fait) un auteur très particulier.
C'est un livre plein d'odeurs, de sensations, d'images (dont les danseuses de bharata natyam (mélange de danse classique et d'arts martiaux), il est aussi plein de fureur, de tristesse et de joie. C'est un concentré de vie d'une femme qui a mis sa mémoire sous cloche (son passé n'existe plus) pour se réincarner en une autre pour avancer. Tara vient de perdre son époux, Emmanuel (le nom du Messie), médecin. Elle commence à perdre pied (son beau fils, Eli, souhaite lui faire passer des examens, il s'inquiète) : son passé la rattrape, sa belle enfance entre un papa érudit et une maman magicienne, dans un pays où l'oppression est la règle et où tout le monde doit marcher d'un seul pas. Ce qu'elle va vivre va la transformer et on comprend son besoin et la nécessité de se réinventer pour survivre : femme dans un monde d'hommes. La vie de Tara ne connaîtra la paix qu'avec sa rencontre avec son futur mari et il faudra la colère de la mer pour la permettre. Magnifique portrait d'une femme qui perd pied, mais ne s'avoue pas vaincue, d'une femme qui s'enfonce dans la démence, mais trouve une voie pour s'y opposer. Elle m'a beaucoup touchée Tara/Vijaya et Eli (qui porte le beau nom d'un des derniers juges d'Israël), lui rend le plus beau des hommages.
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