C'est tout à fait par hasard que j'ai extrait le roman de
Natacha Appanah de l'un des rayons de la bibliothèque de mon village. Après la lecture d'un pavé de la littérature russe du 19ème siècle, j'avais besoin d'un livre court, 150 pages c'était parfait.
Le hasard fait bien les choses, dit-on souvent. Et cette fois, c'est bien vrai. Quelle belle surprise que ce roman passionnant et dense, merveilleusement bien écrit, qui monte en puissance tout au long du récit, le dernier tiers est haletant, il est impossible de lâcher le livre avant d'en avoir parcouru la dernière ligne, et on en ressort tout bouleversé, au sens propre comme au figuré.
La première partie est lente, on découvre Tara, l'héroïne, qui plonge lentement dans la dépression après le décès subit de son mari beaucoup plus âgé qu'elle. On la voit se laisser aller, se négliger, s'oublier. Elle est victime d'hallucinations que le lecteur impute bien entendu à son état dépressif. Eli, le fils de son mari, né d'un premier mariage, tente en vain d'essayer de sortir sa jeune belle-mère de son désespoir.
La seconde partie est une plongée dans le passé de Tara, qui s'appelle en réalité Vijaya. D'abord une enfance heureuse dans une famille aisée et éclairée d'un pays d'Asie du Sud Est non précisé (peut-être s'agit-il du Sri-Lanka?). Une éducation poussée, l'apprentissage des danses traditionnelles, une fillette douée et épanouie.
Puis c'est la chute, l'enfer, la révolution totalitaire, le meurtre des parents, l'enfermement, le pensionnat terrible où il faut tout oublier du passé heureux, où «
Rien ne t'appartient ».
Enfin, les derniers chapitres rendent compte de la catastrophe finale qui paradoxalement, sera une libération pour la jeune fille, mais qui laissera chez elle des blessures profondes qui se rouvriront après le décès de son mari.
Le style des dernières pages est haletant, formidable, c'est un véritable tsunami littéraire dont la vague immense happe et broie le lecteur, avant un retour terrible vers le présent, où l'on comprend enfin tout. Je ne veux pas raconter les faits, ce serait tout gâcher (divulgâcher). Mais sachez que progressivement, ce récit monte en intensité jusqu'à l'apocalypse.
Aussi, j'ai hâte de lire un autre roman de cette autrice que je ne connaissais pas mais qui m'a vraiment passionné.