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4,13

sur 1467 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
De Mayotte, nous avons l'image d'une île lointaine, tropicale baignée de soleil. Ce roman est très sombre, une plongée dans l'enfer, dans la misère… avec aucune lueur d'espoir. J'ai été très touchée par l'histoire de Moïse, enfant presque ordinaire dont le destin bascule en quelques minutes.

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Ce livre est conçu comme une tragédie annoncée. Très vite la belle histoire d'amour de Marie vire au cauchemar et les événements qui surviennent dans ce beau pays de Mayotte, île paradisiaque rêvée, vont montrer la face sombre du réel.
Les chapitres alternent les voix des vivants et des morts. L'enfant Moïse, abandonné, adopté et aimé, rejeté des locaux, puis orphelin impuissant, se retrouve victime expiatoire, intégré à la bande de voyous qui tiennent le ghetto des miséreux, des immigrés sans papiers.
Il porte dans ses yeux les stigmates du malheur qui tracent son destin d'enfant sans espoir comme tant d'autres aujourd'hui.
La naïveté des aidants est d'ailleurs démontrée.
Une écriture pudique et très travaillée malgré la violence qu'elle porte.
J'ai pensé à Piranhas de Saviano pour la description du phénomène des bandes de jeunes cruels qui tiennent les quartiers.
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Un récit tragique et parfaitement rythmé nous amène, inexorablement à un dénouement dramatique, la violence des situations nécessaire, parfois insoutenable, car reflétant une réalité trop souvent dissimulée.
L'auteure, par la multiplication des points de vue, et particulièrement en adoptant la voix d'un chef de bande, Bruce, évite les clichés des bidonvilles et met en scène la dureté de la vie qui y règne sans tomber dans le pathos que trop de médias se plaisent à mettre en scène.

Les deux seules personnages féminins – la mère biologique et adoptive – dont la difficile rencontre se concrétise en Moïse, Nathacha Appanah montre l'incommunicabilité entre deux formes d'immigration, l'une forcée et nécessaire par un contexte économique, l'autre choisie, mais également subie par la confrontation à une culture inconnue. Moïse, dans sa quête identitaire, cherche à recomposer les pièces manquantes du puzzle, au risque de se perdre lui-même dans une impossible conciliation.

Ce roman est donc d'une terrible efficacité, par la maîtrise de son style, Appanah brise abruptement la vision de l'île paradisiaque pour la substituer à celle d'un pandémonium d'orphelins où règne la loi du plus fort. le destin de Moïse plonge dans la noirceur du monde et il apparaît, pour ces contrastes, d'autant plus tragique.
Tropique de la violence est d'autant plus précieux, que peu de romans traitent de ce sujet d'actualité à recommander !
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Roman très dur qui nous plonge au coeur d'une jeunesse perdue sur l'île de Mayotte. La polyphonie du roman nous permet de connaître les pensées et les désirs de chacun des protagonistes. Roman tragique car aucune issue n'est possible ou permise pour ces gosses des rues.
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Tropique de la violence vient vous déranger, vous rappeler qu'il existe une zone de non-droit et d'extrême pauvreté sur le territoire français et que l'on choisit de l'oublier chaque jour. En incarnant à travers des personnages attachants et entiers différentes réalités de cette île, Natacha Appanah vous tire de votre indifférence. Un roman rythmé qui se lit très facilement mais dont on ressort un peu meurtri et démuni. Peut-être toujours aussi impuissants (?) mais on ne pourra plus clamer son ignorance du sujet.
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Marie, une jeune infirmière française est partie se marier avec Cham à Mayotte d'où il est originaire. Mais Marie est stérile et Cham veut des enfants.

Ils se quittent mais le jour où une 'boat-people' comorienne met son bébé dans les bras de Marie, elle demandera à Cham de reconnaître l'enfant, condition pour qu'elle accepte de divorcer.

Marie élèvera dans l'amour ce fils miraculeux, ce fils aux yeux hétérochromes, un vert, un noir, qu'elle a prénommé Moïse.

Son adolescence difficile sera brisée par la mort prématurée de Marie. Il rencontrera des mauvais garçons, une bande menée par un loup, Bruce, ce roi de Gaza, ainsi nomme t-on la zone, ce quartier défavorisé de l'île.

De bagarres en trafics, de main tendue à jalousie malsaine, tous les ingrédients sont réunis pour que tout s'embrase, explose et que des vies basculent ...

Un roman très dur, trés factuel, un roman qui montre que rien n'est simple pour les adoptés, un roman qui montre que le passage du bien au mal tient à si peu de choses 

Un roman qui montre le côté sombre d'une île qui pourrait être paradisiaque.

Une belle écriture. 

Un auteur qui m'avait marquée il y a plus de dix ans avec "La noce d'Anna", et que j'aurais dû relire plus vite ! 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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« Tropique de la violence » a pour cadre l'île de Mayotte, 101ème département français, située dans l'archipel des Comores. Loin d'être une ile paradisiaque, Mayotte connait un important taux de pauvreté et une immigration clandestine de masse, notamment de jeunes femmes avec leurs enfants.

Marie est une jeune infirmière issue de la métropole qui n'arrive pas à avoir d'enfant. Alors, lorsqu'une très jeune migrante africaine lui cède son bébé, Marie y voit un signe. Et ce signe est d'autant plus fort que le petit garçon a un oeil vert et un oeil marron ; « le fils du Djinn » comme on dit à Mayotte. Mais qu'importe. Marie garde l'enfant qu'elle appelle Moïse et l'élève comme son propre fils.
Lorsqu'il apprend la vérité sur ses origines, toutes les certitudes et les croyances de Moïse s'effondrent. « Pourquoi aurais-je plus de chance que les autres ? » se dit-il. « J'aurais dû être un enfant comme les enfants des rues et non pas un privilégié, comme je l'ai été toute ma vie ».

Afin de se rapprocher de ses origines, Moïse tente de comprendre qui il est, d'où il vient et qui sont les siens… Mais cette quête de sens a un prix : violence, drogue, pauvreté, peur, espoirs perdus, impuissance, résignation. le lecteur est plongé dans une atmosphère intense, volcanique, à fleur de peau… une étincelle peut suffire à tout faire exploser.
Dans cette île où un habitant sur deux a moins de dix-huit ans, est-ce que tout est joué d'avance quand on n'est « pas bien né » ?

Voilà ce que j'appelle un chef d'oeuvre, tout simplement. J'ai senti mon coeur se serrer au bout de dix lignes. J'ai été accroc, dès le début. Cette histoire restera gravée dans ma mémoire et me marquera pour très longtemps encore…

Lien : http://mademoisellechristell..
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C'est un tout petit livre que j'ai lu en quelques heures. Et je ne pense pas que ça ait été des heures agréables : C'est un petit livre rempli d'émotions négatives. le début n'est qu'aigreur et désespoir, pour vite tomber dans la violence. Mais cette succession de témoignages (un peu comme dans le roman de A Seurat, "La maladroite"), sont captivants : je voulais connaitre la suite, le pourquoi on en était arrivé là. Et au fond j'espérais tout de même une fin moins sombre que le reste du livre.
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Appanah Natacha – "Tropique de la violence" – Gallimard/NRF, 2016 (ISBN 978-2-07-019755-2)

Un roman bien écrit, bien mené, sans pathos, au ras des faits, avec des changements du point de vue narratif, réparti entre les deux principaux protagonistes Moïse et Bruce, mais aussi Marie, Olivier et Stéphane. le récit se déroule dans le cadre du quartier Kaweni, surnommé "Gaza", à la lisière du chef-lieu Mamoudzou, à Mayotte, île des Comores restée dans le giron de la République française.

Née en 1973, l'auteur est mauricienne, ses aïeux sont arrivés de l'Inde, elle connaît ces îles de l'Océan Indien, elle a séjourné à Mayotte, elle écrit en français (dans une population massivement scolarisée en anglais, parlant créole ou l'une des langues indiennes, c'est méritoire). Elle ne recule pas devant les réalités les plus dures, celles qu'il est en général totalement interdit d'évoquer dans la France de la bien-pensance bisounours, qu'elle-même connaît pour les avoir vécues.

L'île de Mayotte est devenue le point d'entrée dans le "paradis" français et européen pour tous les gens qui fuient les régimes dictatoriaux kafkaïens de cette région d'Afrique australe, à commencer par les habitants des autres îles des Comores, devenues "indépendantes" et surtout miséreuses. A Mayotte se joue un drame au moins équivalent à celui qui se déroule sous nos yeux à Calais ou dans la Méditerranée des réfugiés naufragés, mais qui s'en soucie ?

L'auteur dépeint sans complaisance l'extrême violence engendrée par l'extrême misère, surtout dans ces vitrines de l'abondance et du gaspillage situées au contact direct avec la pauvreté confinant au pire dénuement. En tant qu'autochtone, elle aborde en toute connaissance de cause la personnalité et le destin de ce jeune noir – Moïse – recueilli et élevé par une infirmière blanche elle aussi pleine de bonnes intentions.
L'un des chapitres les mieux rendus est sans doute celui qui fait parler "Stéphane" (pp. 109-121), archétype du bon jeune-homme tout juste sorti du cocon familial européen bien douillet, venant là accomplir sa B.A. de boy-scout, comme il y en a tant et tant dans ces ONG qui pullulent dans le Tiers-Monde : l'auteur rend parfaitement l'état d'ignorance abyssale dans laquelle se trouve l'écrasante majorité des populations des pays crevant de richesses.

Un livre à lire, un bon témoignage qui est surtout un très bon roman.
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C'est abrupt, cru, violent, ça nous retourne comme rarement, abordant le sujet des mineurs isolés des bidonvilles de Mayotte, le plus jeune et le plus pauvre des départements français. Dans « Tropique de la violence », on suit Moïse, un jeune collégien de l'île. Venu des Comores, il a débarqué, tout bébé, avec ses parents, à bord d'un « kwassa-kwassa », ces petits bateaux de pêche à moteur conduits par un passeur, pour chercher une vie meilleure. Comme des milliers de gens, chaque année.
Pour passer le temps, et rêver d'ailleurs, ils sniffent de la « chimique », une drogue artisanale qui fait des ravages. En fait, on assiste, impuissant, à ces parcours de vies fragiles et abîmées, qui chavirent. À travers les yeux de Moïse, souvent silencieux, c'est le sort d'une jeunesse perdue qui saute aux yeux. Un sentiment de gâchis immense.
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