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La Deuxième guerre mondiale fait rage, le sort réservé aux israélites commence à s'ébruiter. Pour les familles juives du ghetto de Bucarest, il n'y a pas de temps à perdre. Quand ses occasions de trouver un refuge à la montagne sont perdues, une femme confie son fils unique à une amie d'enfance, Mariana. Cette femme cache le jeune Hugo, douze ans, dans un réduit de la maison close où elle travaille comme prostituée. Et où parfois mêmes les soldats nazis vont tromper la solitude. Un mouton caché dans une tanière de loups ! C'est « La chambre de Mariana ». Ainsi, pendant environ deux ans, Hugo restera confiné dans cet espace restreint, craignant pour sa sécurité, vivant parfois dans la peur et souvent dans l'ennui. À travers la mince cloison où il est caché, il devinera l'activité de sa bienfaitrice alcoolique (et probablement bipolaire) et s'initiera aux mystères de la sexualité en l'épiant.

D'abord, l'intrigue était à la fois originale et crédible. Elle s'inspire partiellement de l'expérience de l'auteur Aharon Applefeld qui a dû fuir et se cacher (pas dans un bordel, toutefois !) avant d'être capturé par les nazis. J'aime bien les histoires imbriquées dans la grande Histoire. Ensuite, j'ai immédiatement ressenti de la sympathie pour Hugo, un jeune garçon qui entre dans l'adolescence, cet âge où il devrait vivre plein d'expérience dans le monde mais où il est plutôt contraint de s'en retirer. Mariana, cette deuxième mère devient son unique soutien, presque son unique contact avec l'extérieur. Drôle de vie. Mais, dans tous les cas, elle m'agaçait. Et c'est dommage parce qu'elle représente malgré tout une figure maternelle importante, prête à se sacrifier pour cet enfant qui n'est pas le sien.

Malheureusement, à plusieurs moments, je me suis ennuyé dans ma lecture. Les disparitions de Mariana (une fois pour aller aux funérailles de son père, l'autre fois parce qu'elle est renvoyée temporairement) ont laissé Hugo à la merci de Victoria puis de Nacha. Peur en perspective : vont-elles s'occuper du garçon comme elles l'ont promis, vont-elles plutôt le dénoncer à la Gestapo ? Mais bon, Mariana revenait toujours, c'est qu'elle s'était attachée à Hugo. D'ailleurs, cet attachement quelque peu malsain me mettait mal à l'aise. Puis vient le long épisode de la fin, dans lequel Mariana et Hugo s'enfuient devant l'arrivée des Russes, qui maltraitent quiconque a collaboré avec l'ennemi nazi (incluant les filles de joie). Plusieurs pérégrinations dans les campagnes et la forêt qui, même si elles n'étaient pas sans intérêt, s'éloignaient du thème de la chambre.
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Comme toujours cet auteur nous plonge au milieu d'un drame et dans une ambiance très vite glauque. On n'aime ou on n'aime pas, mais c'est son style. le récit se passe en pleine guerre mondiale un enfant juif est caché pendant un an et demi dans un réduit de chambre de maison de passes. Il y entend tout et comprend à sa façon, se replonge dans son passé, survit et réfléchit. Une grande réflexion sur la maturité d'un enfant confronté au pire et sur un monde où plus rien ne tient debout. Où se trouve l'enfant et où sont les adultes protecteurs? Très bien écrit comme à chaque fois.
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Etre « Juste parmi les nations » (expression du judaïsme tirée du Talmud) : distinction honorifique pour les civils qui ont mis leur vie en danger pour sauver des juifs.

Mariana peut prétendre au statut de Juste. Pendant deux ans, elle est celle qui protège, qui nourrit, qui cache le petit Hugo dans un tout petit endroit planqué dans la maison close. Car Mariana est prostituée et quelle meilleure cachette que la chambre d'une "femme de réconfort" ?

Dans le silence de sa cachette, Hugo doit apprendre la patience, écouter les bruits alentours, supporter les nuits de débauche soldatesque et attendre le matin pour retrouver l'attention maternelle de Mariana. Il fait l'apprentissage de la sensualité, compose avec la cruauté de son sort et la perte de sa famille grâce à la douceur d'une femme et à son humanité. Il y connait la peur, l'ennui du temps interminable comblé par les souvenirs et l'imaginaire d'un enfant.

La figure maternelle de Mariana est attachante, complexe dans son statut de fille à soldats. En dépit des actes d'humanité, il y a toujours un prix à payer.

Aharon Appelfeld, tel l'enfant juif qu'il fut, pourchassé par les nazis, signe un livre autobiographique dans la lignée de ceux inspirés de son enfance. La simplicité de ton et la douceur de narration vont droit au coeur, en faisant une lecture belle et tragique. Il introduit avec une simplicité d'écriture parfaite une femme aussi pure de coeur qu'elle est dépravée de moeurs.
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Dans une ville d'Europe centrale, une femme juive fuit le ghetto et la déportation. Son mari a déjà été arrêté et les rafles des soldats nazis s'intensifient. Elle trouve trop dangereux d'emmener son fils Hugo âgé de 11 ans et le confie à Mariana, son amie d'enfance en qui elle a toute confiance même si elle est chrétienne, se prostitue et vit dans une maison close.
L'enfant va vivre pendant plusieurs mois cloitré dans le placard de la chambre de Mariana, totalement dépendant, soumis à la fantaisie et à l'affection de la jeune femme qui se plaît à le considérer comme son " petit chien ". Elle lui parle, le nourrit, le caresse, le lave et finit par le mettre dans son lit. Elle trouve près de lui un réconfort à sa misère affective et l'enfant, lui-même en pleine détresse, accepte avec bonheur ces troublantes démonstrations de tendresse. L'intimité qui se crée entre eux vire à la passion amoureuse. Hugo en oublie presque sa langue maternelle, sa famille et sa judéité. Il est prêt à suivre Mariana jusqu'au bout du monde et à affronter tous les dangers pour la protéger.
Aharon Appelfeld avait déjà évoqué les amours interdites avec "Floraison sauvage" qui aborde le sujet de l'inceste entre un frère et d'une soeur. Dans ce roman, il transgresse un autre tabou. Même si elle est plus suggérée que décrite, la relation entre Mariana et Hugo dépasse le simple cadre d'une éducation sentimentale et sensuelle. L'auteur n'indique pas l'âge de Mariana mais elle a tout l'air d'une femme faite. Je me garderais bien de l'accuser de quoique ce soit mais quand un adulte abuse d'un enfant en ayant des relations sexuelles avec lui, ça ressemble plus à un délit qu'à une banale histoire d'amour. Je m'offusque peut-être à tort mais je suis surprise que personne, dans toutes critiques que j'ai pu lire sur ce roman, ne soit gêné par cette situation. Pour tout le monde elle paraît juste un peu scabreuse mais sans plus. Etonnant, non ?
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Après Tsili, c'est le second roman de Appelfeld au programme de 2012.

C'est une histoire bouleversante.

Le début raconte la lente dégradation de la situation en Ukraine où le nazisme s'installe. La mère d'Hugo est une éternelle optimiste mais elle doit peu à peu faire face à une situation inimaginable. Comprenant que son fils ne peut survivre que si il est caché. Elle tente désespérément de trouver une famille d'accueil.

Une amie de sa mère, la seule qui va accepter de le prendre au péril de sa vie, est prostituée.


Hugo, fils d'une famille de pharmaciens d'origine juive mais non pratiquante, va alors se retrouver caché dans un débarras d'une maison close. Une bonne partie de ce livre raconte le séjour dans ce débarras entrecoupé de séjour dans la chambre et le lit de Mariana. C'est la découverte d'une autre monde. le récit de la vie et des souffrances de Mariana. Puis c'est la fuite et la libération des juifs des camps de concentration. Libération qui ne ramène pas les parents de Hugo et qui vont lui prendre Mariana puisque la vengeance des populations qui reste vont s'exercer sur les plus démunies et les plus faibles : les femmes...

C'est un petit livre avec une écriture sèche. C'est simple et percutant...
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Un récit tout en retenue et intense pourtant.

Hugo , jeune garçon de 11 ans, issu une famille juive cultivée, aisée et intégrée, devant les exactions de plus en plus menaçantes des nazis et des Ukrainiens qui les servent, est caché par sa mère dans la chambre de Mariana ,une prostituée.

Elle lui promet de revenir le chercher. L'enfant accepte, l'enfant attend. L'enfant grandit: il devient un jeune garçon.

Et Mariana, la prostituée le prend sous son aile protectrice, puis en fait son amant.

En même temps que se défait sous l'emprise des nazis et de leurs acolytes Ukrainiens le "monde d'hier", et que se dilue inexorablement l'espoir de voir revenir un jour cette mère tendre, aimante, qui a su lui trouver le seul abri qui vaille,- dehors la violence fait rage et se rapproche dangereusement d'eux- le couple improbable de l'enfant et de la prostituée découvre la tendresse, faite d'un mélange trouble de sensualité, de peur et de protection mutuelle. L'alcôve est leur havre, leur cocon, leur nid...

Reste pour Hugo à affronter le réel désolant qui l'attend dehors...car il faudra sortir, perdre cette deuxième mère un peu incestueuse, oser revivre, seul...

Inoubliable et poignant.
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Bouleversant !
Ce livre je ne l'ai pas quitté des yeux une seconde, sauf pour essuyer des larmes.
Hugo, petit garçon juif «aura onze ans demain.»
Pour le sauver du guetto et de la déportation, sa mère le confie à une ancienne camarade de classe, Mariana.
Mariana est une prostituée au coeur «gros comme ça». Au péril de sa vie, elle va cacher Hugo dans un cagibis attenant à sa chambre. Dehors les allemands chassent les juifs. Dedans, les allemands cherchent du plaisir. L'enfant va vivre plus d'un an derrière les cloisons du bordel. Une initiation aux choses de l'amour à travers les silences, les cris, la violence, les rires, les odeurs...
Plus tard, les russes chassent les allemands.
Qui survivra au cauchemar ? Hugo ? Sa mère ? Son père ? Mariana ?
La traduction de Valérie Zenatti est impeccable.
Une histoire très très émouvante de séparations définitives.
J'ai eu beaucoup de mal à me séparer d'Hugo et de Mariana.
L'écriture d'Appelfeld est magnifique de tendresse et
d'humanité. L'imagination peut-elle sauver la vie ?
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un roman sur la déportation des juifs comme on en a déjà lu mais ce n'est pas la vie dans les camps qui nous est raconté ni l'exode mais la vie d 'un petit garçon qui est caché dans un réduit un bon roman on s'attache aux personnages pas larmoyant trés réaliste
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Pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans le ghetto juif d'une petite ville d'Ukraine, la mère d'Hugo, pharmacienne généreuse et très aimée des habitants, confie son fils à Mariana, une ancienne camarade de classe qui travaille maintenant dans une maison close. Les Allemands traquent les juifs pour les envoyer dans des camps de concentration. Ceux-ci se cachent et dissimulent leurs enfants comme ils peuvent souvent en les confiant à des amis ou à des proches, ceux qu'on appellera plus tard « Les Justes ». Hugo devra donc vivre dans un réduit sans fenêtre et sans chauffage pendant que Mariana recevra ses clients. Il ne pourra accéder à la chambre que quand Mariana sera seule. Toute l'existence de l'enfant est donc suspendue aux bruits qu'il entend, aux scènes qu'il devine à travers la cloison. Dans la peur et l'angoisse, il fait la découverte des massacres en train de se perpétrer ainsi que celle des mystères du sexe tarifé. Un jour, la Wehrmacht reflue et l'Armée rouge arrive. Panique dans le bordel, il faut fuir car il est à craindre que les Russes passent par les armes les prostituées coupables d'avoir couché avec des Allemands...
Partiellement inspiré de la vie de l'auteur qui a vu sa mère tuée, s'est retrouvé à l'âge de dix ans déporté en compagnie de son père, et qui a réussi à s'évader et à survivre dans la forêt avec des marginaux, des voleurs et des prostituées. « J'étais blond et je pouvais facilement passer pour un petit ukrainien... » dira-t-il. Un livre très émouvant qui fait penser au célébrissime « Journal d'Anne Franck », sur le même thème de la réclusion mais dans un contexte un peu différent. Hugo a beaucoup d'imagination, il se réfugie dans le rêve et l'onirisme. Il est capable de faire apparaître ses parents qui lui manquent tant, ainsi que ses amis ou les gens de sa famille. le style d'Appelfeld agréable à lire ajoute encore à la qualité de ce livre remarquable surtout en raison de la personnalité exceptionnelle de Mariana, la putain au grand coeur.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Un récit douloureux, fort et désespéré.
L'auteur narre avec beaucoup de retenue la vie d'un enfant juif confiné dans le réduit de la chambre d'une prostituée.
Cette femme est la meilleure amie de la mère de l'enfant.
Cette réclusion dure deux années et l'enfant devenu un adolescent découvre un certain amour qu'il vit sans se rendre compte avec les yeux de l'enfant orphelin qu'on lui demande d'être un homme éternellement amoureux.
J'ai apprécié l'écriture sobre de cette histoire.
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