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Valérie Zenatti (Traducteur)
EAN : 9782879295725
324 pages
Editions de l'Olivier (07/02/2008)
3.87/5   66 notes
Résumé :
Avant de fuir le ghetto et la déportation, la mère d'Hugo l'a confié à une femme, Mariana, qui travaille dans une maison close.
Elle le cache dans un réduit glacial d'où il ne doit sortir sous aucun prétexte. Toute son existence est suspendue aux bruits qui l'entourent et aux scènes qu'il devine à travers la cloison.
Hugo a peur, et parfois une sorte de plaisir étrange accompagne sa peur.
Dans un monde en pleine destruction, il prend conscien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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La Deuxième guerre mondiale fait rage, le sort réservé aux israélites commence à s'ébruiter. Pour les familles juives du ghetto de Bucarest, il n'y a pas de temps à perdre. Quand ses occasions de trouver un refuge à la montagne sont perdues, une femme confie son fils unique à une amie d'enfance, Mariana. Cette femme cache le jeune Hugo, douze ans, dans un réduit de la maison close où elle travaille comme prostituée. Et où parfois mêmes les soldats nazis vont tromper la solitude. Un mouton caché dans une tanière de loups ! C'est « La chambre de Mariana ». Ainsi, pendant environ deux ans, Hugo restera confiné dans cet espace restreint, craignant pour sa sécurité, vivant parfois dans la peur et souvent dans l'ennui. À travers la mince cloison où il est caché, il devinera l'activité de sa bienfaitrice alcoolique (et probablement bipolaire) et s'initiera aux mystères de la sexualité en l'épiant.

D'abord, l'intrigue était à la fois originale et crédible. Elle s'inspire partiellement de l'expérience de l'auteur Aharon Applefeld qui a dû fuir et se cacher (pas dans un bordel, toutefois !) avant d'être capturé par les nazis. J'aime bien les histoires imbriquées dans la grande Histoire. Ensuite, j'ai immédiatement ressenti de la sympathie pour Hugo, un jeune garçon qui entre dans l'adolescence, cet âge où il devrait vivre plein d'expérience dans le monde mais où il est plutôt contraint de s'en retirer. Mariana, cette deuxième mère devient son unique soutien, presque son unique contact avec l'extérieur. Drôle de vie. Mais, dans tous les cas, elle m'agaçait. Et c'est dommage parce qu'elle représente malgré tout une figure maternelle importante, prête à se sacrifier pour cet enfant qui n'est pas le sien.

Malheureusement, à plusieurs moments, je me suis ennuyé dans ma lecture. Les disparitions de Mariana (une fois pour aller aux funérailles de son père, l'autre fois parce qu'elle est renvoyée temporairement) ont laissé Hugo à la merci de Victoria puis de Nacha. Peur en perspective : vont-elles s'occuper du garçon comme elles l'ont promis, vont-elles plutôt le dénoncer à la Gestapo ? Mais bon, Mariana revenait toujours, c'est qu'elle s'était attachée à Hugo. D'ailleurs, cet attachement quelque peu malsain me mettait mal à l'aise. Puis vient le long épisode de la fin, dans lequel Mariana et Hugo s'enfuient devant l'arrivée des Russes, qui maltraitent quiconque a collaboré avec l'ennemi nazi (incluant les filles de joie). Plusieurs pérégrinations dans les campagnes et la forêt qui, même si elles n'étaient pas sans intérêt, s'éloignaient du thème de la chambre.
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Comme toujours cet auteur nous plonge au milieu d'un drame et dans une ambiance très vite glauque. On n'aime ou on n'aime pas, mais c'est son style. le récit se passe en pleine guerre mondiale un enfant juif est caché pendant un an et demi dans un réduit de chambre de maison de passes. Il y entend tout et comprend à sa façon, se replonge dans son passé, survit et réfléchit. Une grande réflexion sur la maturité d'un enfant confronté au pire et sur un monde où plus rien ne tient debout. Où se trouve l'enfant et où sont les adultes protecteurs? Très bien écrit comme à chaque fois.
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Etre « Juste parmi les nations » (expression du judaïsme tirée du Talmud) : distinction honorifique pour les civils qui ont mis leur vie en danger pour sauver des juifs.

Mariana peut prétendre au statut de Juste. Pendant deux ans, elle est celle qui protège, qui nourrit, qui cache le petit Hugo dans un tout petit endroit planqué dans la maison close. Car Mariana est prostituée et quelle meilleure cachette que la chambre d'une "femme de réconfort" ?

Dans le silence de sa cachette, Hugo doit apprendre la patience, écouter les bruits alentours, supporter les nuits de débauche soldatesque et attendre le matin pour retrouver l'attention maternelle de Mariana. Il fait l'apprentissage de la sensualité, compose avec la cruauté de son sort et la perte de sa famille grâce à la douceur d'une femme et à son humanité. Il y connait la peur, l'ennui du temps interminable comblé par les souvenirs et l'imaginaire d'un enfant.

La figure maternelle de Mariana est attachante, complexe dans son statut de fille à soldats. En dépit des actes d'humanité, il y a toujours un prix à payer.

Aharon Appelfeld, tel l'enfant juif qu'il fut, pourchassé par les nazis, signe un livre autobiographique dans la lignée de ceux inspirés de son enfance. La simplicité de ton et la douceur de narration vont droit au coeur, en faisant une lecture belle et tragique. Il introduit avec une simplicité d'écriture parfaite une femme aussi pure de coeur qu'elle est dépravée de moeurs.
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Dans une ville d'Europe centrale, une femme juive fuit le ghetto et la déportation. Son mari a déjà été arrêté et les rafles des soldats nazis s'intensifient. Elle trouve trop dangereux d'emmener son fils Hugo âgé de 11 ans et le confie à Mariana, son amie d'enfance en qui elle a toute confiance même si elle est chrétienne, se prostitue et vit dans une maison close.
L'enfant va vivre pendant plusieurs mois cloitré dans le placard de la chambre de Mariana, totalement dépendant, soumis à la fantaisie et à l'affection de la jeune femme qui se plaît à le considérer comme son " petit chien ". Elle lui parle, le nourrit, le caresse, le lave et finit par le mettre dans son lit. Elle trouve près de lui un réconfort à sa misère affective et l'enfant, lui-même en pleine détresse, accepte avec bonheur ces troublantes démonstrations de tendresse. L'intimité qui se crée entre eux vire à la passion amoureuse. Hugo en oublie presque sa langue maternelle, sa famille et sa judéité. Il est prêt à suivre Mariana jusqu'au bout du monde et à affronter tous les dangers pour la protéger.
Aharon Appelfeld avait déjà évoqué les amours interdites avec "Floraison sauvage" qui aborde le sujet de l'inceste entre un frère et d'une soeur. Dans ce roman, il transgresse un autre tabou. Même si elle est plus suggérée que décrite, la relation entre Mariana et Hugo dépasse le simple cadre d'une éducation sentimentale et sensuelle. L'auteur n'indique pas l'âge de Mariana mais elle a tout l'air d'une femme faite. Je me garderais bien de l'accuser de quoique ce soit mais quand un adulte abuse d'un enfant en ayant des relations sexuelles avec lui, ça ressemble plus à un délit qu'à une banale histoire d'amour. Je m'offusque peut-être à tort mais je suis surprise que personne, dans toutes critiques que j'ai pu lire sur ce roman, ne soit gêné par cette situation. Pour tout le monde elle paraît juste un peu scabreuse mais sans plus. Etonnant, non ?
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Après Tsili, c'est le second roman de Appelfeld au programme de 2012.

C'est une histoire bouleversante.

Le début raconte la lente dégradation de la situation en Ukraine où le nazisme s'installe. La mère d'Hugo est une éternelle optimiste mais elle doit peu à peu faire face à une situation inimaginable. Comprenant que son fils ne peut survivre que si il est caché. Elle tente désespérément de trouver une famille d'accueil.

Une amie de sa mère, la seule qui va accepter de le prendre au péril de sa vie, est prostituée.


Hugo, fils d'une famille de pharmaciens d'origine juive mais non pratiquante, va alors se retrouver caché dans un débarras d'une maison close. Une bonne partie de ce livre raconte le séjour dans ce débarras entrecoupé de séjour dans la chambre et le lit de Mariana. C'est la découverte d'une autre monde. le récit de la vie et des souffrances de Mariana. Puis c'est la fuite et la libération des juifs des camps de concentration. Libération qui ne ramène pas les parents de Hugo et qui vont lui prendre Mariana puisque la vengeance des populations qui reste vont s'exercer sur les plus démunies et les plus faibles : les femmes...

C'est un petit livre avec une écriture sèche. C'est simple et percutant...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Otto est pessimiste, comme sa mère, qui ne cesse de dire : "Il y a des gens que la guerre rend plus forts. Moi, je lève les mains en l'air et je me rends. Je n'ai pas le courage de me battre pour un morceau de pain. Si c'est ça la vie, je suis prête à renoncer."
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Alors seulement il comprit que Mariana avait bel et bien deviné ce qui s'était produit, mais dans la quiétude de leur dernier refuge, ses propos lui avaient semblé être le fruit de ses divagations et de ses peurs. Un soir, elle lui avait dit clairement : "Si on me tue, ne m'oublie pas. Tu es la seule personne au monde en qui j'ai confiance. J'ai enfoui une part de mon âme en toi. Je ne veux pas quitter ce monde sans te laisser quelque chose. Je n'ai ni argent, ni or. Prends mon amour, cache-le dans ton cœur et, de temps en temps, dis-toi : "Il était une fois Mariana. C'était une femme meurtrie, qui n'avait pas perdu la foi en Dieu."
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« La langue de Mariana était simple et sans fioritures, mais chacun de ses mots se transformait aussitôt en une image qui ne quittait pas Hugo de la journée, et jusqu'au lendemain parfois »
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Si on me tue, ne m'oublie pas. Tu es la seule personne au monde en qui j'ai confiance. J'ai enfoui une part de mon âme en toi. Je ne veux pas quitter ce monde sans te laisser quelque chose.Je n'ai ni argent ni or. Prends mon amour, cache-le dans ton cœur et, de temps en temps, dis-toi : "Il était une fois Mariana. C'était une femme meurtrie, qui n'avait pas perdu la foi de Dieu."
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- Le désordre me rend folle et, ici, tout le monde se moque de l'ordre et de la propreté.
- Pourquoi ? demanda Hugo, quelque peu imprudent.
- Parce que chacun ne s'occupe que de soi.
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Videos de Aharon Appelfeld (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aharon Appelfeld
Dans Qui-vive, la narratrice, Mathilde, semble perdre pied dans un monde toujours plus violent et indéchiffrable. Perdant le sommeil, puis le sens du toucher, elle s'arrime à des bribes de lumière des feuillets retrouvés à la mort de son grand-père, une vidéo de Leonard Cohen à Jérusalem, les réflexions douces-amères de sa fille adolescente et décide subitement de partir en Israël pour tenter de rencontrer ce qui la hante. de Tel-Aviv à Capharnaüm puis à Jérusalem, ses rencontres avec des inconnus ne font qu'approfondir le mystère. Trajectoire d'une femme qui cherche à retrouver la foi, ce roman initiatique interroge avec délicatesse le sens d'une vie au sein d'un monde plongé dans le chaos.
À l'occasion de ce grand entretien, l'autrice reviendra sur son oeuvre d'écrivaine où l'enfance et la guerre tiennent une place particulière, ainsi que sur son travail de traductrice.
Valérie Zenatti est l'autrice d'une oeuvre adulte et jeunesse prolifique. Elle reçoit en 2015 le prix du Livre Inter pour son quatrième roman, Jacob, Jacob (L'Olivier, 2014), et le prix France Télévisions pour son essai Dans le faisceau des vivants (L'Olivier, 2019). Son premier roman adulte, En retard pour la guerre (L'Olivier, 2006) est adapté au cinéma par Alain Tasma et réédité en 2021. Elle est également la traductrice en France d'Aharon Appelfeld, décédé en 2018, dont elle a traduit plus d'une dizaine de livres.
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