Citations sur Aurélien (299)
Il voyait des gens, il se plaisait à les écouter, à juger ce monde déraisonnable, à se mêler à son agitation de surface, à deviner ses drames profonds, à partager ses plaisirs... Il avait des aventures qui étaient un peu des découvertes...
Elle était à un moment de sa vie où il fallait à toute force qu'elle en poursuivît la recherche dans un être de chair. Les amères déceptions de sa jeunesse qui n'avaient peut-être pas d'autre origine que cette volonté irréalisable d'absolu exigeaient une revanche immédiate. Si la Bérénice toujours prête à désespérer qui ressemblait au masque doutait de cet Aurélien qui arrivait à point nommé, l'autre, la petite fille qui n'avait pas de poupée, voulait à tout prix trouver enfin I'incarnation de ses rêves, la preuve vivante de la grandeur, de la noblesse, de l'infini dans le fini. Il lui fallait enfin quelque chose de parfait. L'attirance qu'elle avait de cet homme se confondait avec des exigences qu'elle posait ainsi au monde.
Car l'amour, comme l'homme, meurt à malheur, meurt dans la gêne et les soupirs et les sueurs et les convulsions, et qui lui a laissé prendre la force de souffrir est pis qu'un meurtrier.
Elle montra du doigt, assez confuse, un tableau au mur. Il sentit de la contrariété. Il craignait les commentaires de Bérénice. On a chez soi des choses qui ne sont peut-être pas toujours très défendables. Mais on y tient. Cette peinture... D'ailleurs, elle n'était pas si mal, il la défendit.
On ne sait pas ce qu'il faut faire pour se faire aimer : se montrer comme on est ou mentir. On balance entre les deux. On fait les deux d'ailleurs, au hasard un peu.
Si tout cela n'était qu'une illusion de plus dans cette vie qui se poursuit, qui se prolonge, où l'enfance s'est abîmée, où la jeunesse lentement se brûle, et qui ne laissera plus tard que les traces d'amertume qui font les rides du cœur et du visage, les rides qu'elle imagine lentement naissantes au fond du miroir ?
La contradiction, l'hypocrisie sont les éléments constitutifs du véritable amour, on ne pourrait les en arracher sans le tuer.
Les Parisiens n'ont jamais de leur ville le plaisir qu'en prennent les provinciaux. D'abord, pour eux, Paris se limite à la taille de leurs habitudes et de leurs curiosités. Un Parisien réduit sa ville à quelques quartiers, il ignore tout ce qui est au-delà, qui cesse d'être Paris pour lui. Puis il n'y a pas ce sentiment presque continu de se perdre qui est un grand charme. Cette sécurité de ne connaître personne, de ne pouvoir être rencontré par hasard. Il lui arrive d'avoir cette sensation bizarre au contraire dans de toutes petites villes où il est de passage, et le seul à ne pas connaître tous les autres.
Enfin vous savez comme sont les gens, ils se sont fait de quelqu'un une idée qu'ils ont formulée dix fois, et ils nont pas rencontré d'opposition, ou même on les a approuvés. Alors cela a pris valeur de lieu commun.
On ne sait pas ce qu'il faut faire pour se faire aimer : se montrer comme on est ou mentir. On balance entre les deux.