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3,54

sur 211 notes
Un voyage insolite au coeur de la capitale. Aragon revisite les rues, les boutiques et nous donne à les voir autrement. c'est évidemment poétique, magique, surréaliste. Les chevelures se mélangent au blé, entre la ville et la campagne, Paris prend des accents différents de tout ce que l'on connaît. Un indémodable.
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J'ai ressenti des impressions mitigées en lisant ce texte de poésie en prose, le sentiment dominant étant que je l'aurais adoré quand j'avais 20-25 ans, mais qu'il me parle moins maintenant, bien que j'en aie admiré en maints endroits les formules et que j'aie copié de nombreuses citations. Il s'agit de l'une des oeuvres dont Aragon était le plus fier, il est vrai qu'elle exprime sa quête poétique d'une façon admirable. le passage suivant, dans la dernière partie, résume pour moi exactement ce que j'ai toujours trouvé dans ses poèmes, l'universalité et le caractère profondément humain : "Je ne me mets pas en scène. Mais la première personne du singulier exprime pour moi tout le concret de l'homme."

Aragon n'est pas tant un poète lyrique qu'il est engagé dans une poésie du concret, il cherche un code pour dire la transfiguration des paysages, des lieux, des êtres. La poésie est un phénomène presque fantastique au sein du quotidien, voire du banal. Au fil de ses déambulations, le jeune homme nous présente ce qu'il voit, son Paris, une sorte d'envers du décor vu comme à travers la lunette d'un kaléidoscope. Ainsi nous guide-t-il dans les coins et les recoins du Passage de l'Opéra, détaillant chaque commerce, ce qui fait sa tradition, son charme - ah... le texte sur les coiffeurs ! Il emprunte pour notre plus grand plaisir et émerveillement les deux galeries du passage couvert, la galerie de l'Horloge et celle du Baromètre. Ce passage est aujourd'hui disparu, mais qu'il vit à travers ces descriptions troubles et fluctuantes ! L'auteur nous présente également un peu de la vie des poètes surréalistes, ses compagnons, et le café qu'ils affectionnaient, le Certa, où l'on servait même un "cocktail Dada". Témoignage précieux de cette époque, de la vie littéraire de son temps, où nous découvrons un jeune poète sensible et ambitieux, qui s'interroge sur l'oeuvre à venir, le sens de la poésie, sa valeur.

Comme Aragon était un jeune poète résolument moderne, il use d'un genre novateur (cher aux Dadaïstes), à savoir le collage : il n'est pas rare qu'au détour d'une page on trouve reproduite une affiche, une inscription, une carte des boissons... Bien sûr, on ne peut que regretter de ne plus avoir accès à ce lieu énigmatique et prestigieux, mais l'imagination n'est-elle pas la meilleure des agences de voyage ?

J'ai un peu moins aimé la seconde partie, le Sentiment de la nature aux Buttes-Chaumont, qui adopte sensiblement le même angle de vue, la même stratégie poétique. le titre emprunté à Rousseau est un peu mensonger, car Aragon y célèbre avant tout les modifications introduites dans la nature par l'homme et pour l'homme. Il nous raconte une promenade nocturne avec André Breton et Marcel Noll, mais parle finalement assez peu du parc, ou plutôt le parc devient vite le prétexte à évoquer la femme aimée à ce moment-là, Eyre de Lanux, une femme mariée qui le faisait souffrir. L'évocation de la femme qui se lève sur le parc comme un clair de lune est belle, mais le problème pour moi a été qu'Aragon ait assez vite dévié sur des théories philosophiques trop élevées pour moi : il lisait Hegel, et honnêtement je n'accroche pas du tout. Je n'ai pas tellement aimé non plus la dernière partie, le Songe du Paysan, pour la même raison. Ainsi, je noterai 4/5 pour l'ensemble.
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Le paysan de Paris / Aragon
Ce récit est celui d'un poète avant tout, émerveillé par le paysage parisien comme le serait un paysan ouvrant de grands yeux en découvrant les passages, les boutiques, les immeubles, les affiches, les journaux, les jardins...
Dans l'introduction « Préface à une mythologie moderne », le ton est donné avec cette phrase : « Au lieu de vous occuper de la conduite des hommes, regardez plutôt passer les femmes. »
le morceau le plus célèbre est sans doute celui relatif au Passage de l'Opéra. C'est là que l'auteur découvre avec amertume la vie : « La boutique suivante est un café : « le Petit Grillon », où j'ai mille souvenirs. Pendant des années, j'y suis venu au moins une fois la semaine après le dîner avec des amis que je croyais tous véritables. Nous parlions, nous jouions au baccara, au poker d'as. À la lueur des événements quotidiens, au phare tournant des gains et des pertes, c'est là que je commençai à sentir un peu mieux la grandeur d'un très petit nombre de ces compagnons d'habitude, et la mesquinerie de la plupart. » Et plus loin sur les femmes : « Tant de promeneuses diverses se soumettent au jugement hégélien, d'âge et de beauté variables, souvent vulgaires, et en quelque façon déjà dépréciées, mais femmes, femmes vraiment, et sensiblement femmes, et cela aux dépens de toutes les autres qualités de leur corps et de leurs âmes… Ce qu'elles laissent derrière elles, leur sillage de sensualité, ce n'est jamais le même regret, le même parfum. »
Un petit chapitre sur les bocards clandestins de Montmartre tant chantés par Théodore de Banville apporte une petite note de lubricité.
Dans le chapitre intitulé « le sentiment de la nature aux Buttes Chaumont, Aragon se livre à une réflexion philosophique d'abord sur les « jardins » : « Tout le bizarre de l'homme, et ce qu'il y a en lui de vagabond, et d'égaré, sans doute pourrait-il tenir dans ces deux syllabes : jardin…Une image des loisirs se couche dans les gazons, au pied des arbres. On dirait que l'homme s'y retrouve avec son mirage de jets d'eau et de petits graviers dans le paradis légendaire qu'il n'a point oublié entièrement…Jardins, vous ressemblez à des manchons de loutre, à des mouchoirs de dentelle, à des chocolats aux liqueurs. Parfois vous accrochez vos lèvres aux balcons… Que le dard figuré des pesanteurs, blonde arborescence des abîmes du ciel, vienne encore une fois frapper ton sein, qu'il te pénètre, nudité d'amiante, encore une fois qu'il te pâme… » Quel style !!
Extrait : « L'obscur désir de sécurité qui unit entre eux les hommes leur dictera des lois sauvages prohibitrices …Le droit des individus à disposer d'eux mêmes sera restreint et contesté. le danger public sera invoqué, l'intérêt général, la conservation de l'humanité tout entière. » Écrites en 1926, des lignes plus que jamais d'actualité !!
Un livre où le regard aigu du poète surréaliste ami de Breton nous offre une visite inédite de quartiers de Paris et où la phrase poétique donne la couleur et le relief avec force détails. Une oeuvre originale qui ressemble à une ballade urbaine dans le Paris des années 1920. Une réflexion métaphysique assez absconse vient clore certains chapitres, mais l'essentiel à mon avis n'est pas là.
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Mieux tard que jamais je découvre Aragon. Évidemment, c'est quelqu'un que j'aurai bien aime avoir autour de la table. le Paysan de Paris est l'oeuvre de quelqu'un qui aime la ville, et la voit avec des yeux d'un rêveur, les yeux d'un surréaliste et les yeux d'un poète. J'ai hâte de retourner à Paris avec la tache personnel de suivre ses pas.
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Dans "Le paysan de Paris", Aragon décrit le pittoresque des boutiques du passage de l'Opéra et de leurs habitués. Malheureusement je me suis beaucoup ennuyée. J'ai préféré la deuxième partie sur les Buttes-Chaumont. Néanmoins, j'ai du mal avec le style surréaliste, j'ai ici trouvé Aragon aussi pompeux que Breton.
A sa décharge, j'ai lu ce livre dans les transports alors que c'est une lecture qui demanderait plus de concentration. En 1926, à sa parution, ces textes devaient être un peu provocateurs et surtout nouveaux (même si par moment l'auteur emprunte beaucoup au style de prose de Rimbaud) mais l'impact me semble moindre pour un lecteur contemporain. Je trouve aussi le ton un peu...daté quand il sagit d'évoquer les femmes.
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Ô Paris! Aragon ressuscite ta jeunesse et en déplore déjà les transformations modernes (un peu distributiste, tout de même :-) )! Je déambule dans les années 20 avec cette âme en peine?
C'est un joli voyage dans les pensées obscures d'un poète dadaïste au confluent du surréalisme.
On ressent la mélancolie de l'homme au coeur troué comme du gruyère (Mme Eyre de Lanux y serait-elle pour quelque chose?), tambourinant toujours, pourtant, la frénésie poétique, la philosophie libertaire intrinsèquement pessimiste fière et heureuse de l'être, le libertinage assumé, l'apologie du doute.
Le grand homme, déjà, se distingue par son esprit atypique qu'il appelle folie à l'instar de Chesterton qui semble l'inspirer ("le fou n'est pas l'homme qui a perdu la raison. le fou est celui qui a tout perdu, sauf la raison") et stimuler ses pensées "Je sais contre ma raison que ma folie a un pouvoir irrepressible, qui est au dessus de l'humanité".

On a envie de se rendre, un Jeudi, au café CERTA de la rue d'Isly pour écouter sa poésie...
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Oeuvre composite s'ouvrant sur une description suggestive, dans une sorte de coupe transversale du peuple de Paris, du passage de l'Opéra, dont les petits commerces, les hôtels à la clientèle fort diverse et la vie quotidienne plus ou moins interlope sont menacés par des projets immobiliers avec la bénédiction des édiles municipales, le volume se poursuit avec l'évocation singulière et nocturne d'un des sites les plus remarquable de la capitale : les Buttes-Chaumont. Ces deux textes tirent leur agrément de la mise en oeuvre d'une technique s'apparentant au collage des artistes. Puis c'est le couac lamentable : le texte s'enlise dans un gloubi-boulga abscons et absolument indigeste, mélange rance et filandreux de considérations poético-métaphysico-surréalistes, c'est absolument douloureux et ça n'est pas loin d'oblitérer la plutôt bonne impression qui se dégage des deux premiers tiers du volume.
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Désorientée et déroutée, je me suis perdue dans cette oeuvre, qui est en partie un guide d'exploration de Paris. J'apprécie beaucoup la poésie lyrique d'Aragon, ses alexandrins à la gloire d'Elsa. En revanche, je ne connais pas le mouvement Dada, et c'est sûrement ce qui me manque pour apprécier les différents textes - mais pour moi, la poésie doit être accessible immédiatement, sans avoir besoin de médiation ou de connaissances qui l'éclairent, et c'est ce que je regrette ici.
D'un côté, il y a l'importance des images, la volonté de susciter des images imprévues, incongrues, en décrivant la vie moderne. Et là, j'ai été séduite, par des images oniriques, quasi fantastiques : cannes s'agitant comme des vagues, sirènes derrière les vitrines, parc mystérieux la nuit, statues qui parlent, "la nuit a des bigoudis d'étincelles"... Il y a déjà une célébration de la femme, ou plutôt des femmes, qui sont toutes objets de désir : les prostituées sont joyeuses, les matrones sont appétissantes, les statues séduisantes... J'ai d'ailleurs apprécié particulièrement la transformation - l'incarnation - de l'idée, de l'Idée plutôt, en femme désirable, l'Idée avec sa bouche, ses seins...
Il y a également la description d'un Paris que nous avons aujourd'hui délaissé, comme un témoignage passé, un récit de voyage ancien, avec une plongée dans des petits métiers et des lieux aujourd'hui disparus.
D'un autre côté, il y a les parties "philosophiques", notamment le texte inaugural. Et là, j'ai décroché. Il y a en partie un côté "manifeste poétique", je l'ai bien compris, avec la revendication de l'importance des images. Mais après, c'est très obscur pour moi.
Autant certaines images m'ont séduite, autant la théorie m'a laissée de marbre. Je retournerai plutôt aux poésies plus "classiques" d'Aragon sur la forme, moins expérimentales.
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Un livre qui rompt dans sa facture avec les conventions d'écriture propres au roman ou à l'essai. L'auteur nous propose une découverte de certains quartiers de Paris du premier quart du XX siècle, (aujourd'hui disparus) sous un angle singulier. L'imagination, qui prend racine dans une lecture du réel, conduit au surréel (ce livre est d'ailleurs l'un des textes majeurs du mouvement surréaliste). Une surenchère verbale apparaît au fil des pages, avec des ruptures de ton, des audaces, mais aussi des élans lyriques incomparables. Un livre qui fait du bien (et qu'il faut lire ou relire) pour échapper à la morosité du grand marché littéraire contemporain.
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Comment décrire ce livre ? Un fresque, peut-être ? Un ovni littéraire, assurément. Les rues de Paris servent de support à une introspection mêlée à l'analyse de la société. Quoi que soit le sujet, les réflexions sont sans pitié, aiguë, et menées par des métaphores filées d'une poésie rare. D'aucuns pourrait penser que ces phrase détournées pour exprimer la pensée réelle alourdissent ou complexifient le texte, mais elles le rendent d'autant plus beau et profond qu'elles sont tortueuses. Entre la plume incroyable et les pensées d'une justesse rarement égalée, mon petit coeur n'a fait qu'un tour pour embrasser cette merveille. Sans hésité une de mes plus belles lectures de 2019.
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